After Marianne  “C’est important d’avoir des paroles qui racontent quelque chose”

Nous sommes le 11 février, il est 22h30 au Bikini. Pendant que L’Impératrice joue sur scène, on  est allé à la rencontre d’After Marianne. On retrouve Mathilda (chant) Théo (guitare) et Léo (batterie) pour leur poser quelques questions et en apprendre un peu plus sur cette nébuleuse dream pop qu’ils distillent avec sincérité.

Pouvez-vous nous présenter After Marianne ?

Mathilda : On est 4 on fait de la dream pop, on appelle ça comme ça. J’ai connu Augustin, Théo et Léo dans Kid Wise. Je faisais moi même le projet After Marianne à Clermont Ferrand avec des amis de là-bas, ça ne se passait pas très bien, c’était pour faire de la musique mais ce n’était pas très créatif en réalité. Augustin m’avait dit “viens à Toulouse on fera After Marianne”. On avait même un projet de reprises qui s’appelait Sainte-Marie, on avait fait des reprises de Depeche Mode, de Bob Marley et de Breton et donc au fur et à mesure on s’est mis à faire les maquettes d’After Marianne et on s’est dit qu’on avait vraiment envie que ça devienne un projet à part entière quand eux ils se sont mis à faire Kid Wise à part entière, ne pas avoir de travail à côté et qu’ils étaient dévoués à la musique. Donc ils avaient du temps pour faire un autre projet, depuis le début que je connaissais Kid Wise j’adorais les guitares de Théo et justement pour ce style de musique là c’est pile dedans, on ne peut pas faire mieux. Léo pareil, c’était un ami donc After Marianne c’est un groupe de copains avant tout encore une fois qui aime faire de la musique ensemble et on est tous très liés autour de cette dream pop, on a tous des influences qui se rapprochent.

Théo : On a des groupes en commun qui nous tiennent vraiment à coeur.

Mathilda : Beach House, Sigur Ros, Daughter, tout ce genre de musique là. On est tous assez d’accord là dessus.

Quand on dit que votre musique est aérienne, planante, rêveuse… c’est vraiment ce que vous recherchez ?

Théo : C’est totalement voulu.

Mathilda : Tout à fait, c’est surement dû à nos influences. Sans faire exprès tu reproduis un petit peu.

Théo : C’est arrivé de deux façons. Quand on a commencé à jouer, comme elle a une voix où il y a beaucoup d’air on a commencé à jouer sur les reverbs, ça donne un côté vaporeux, aérien… et à côté il y a des groupes qu’on écoute où on a voulu se rapprocher de leur son, et ce boulot de reverb qu’on a commencé à faire sur sa voix, on a commencé à le faire sur les claviers et les guitares pour que tout se lie et qu’il y est de l’ambiant. On rajoute de l’ambiant dans la pop qui donne ce côté aérien, mais c’est voulu oui, on essaie de mettre les mêmes reverbs sur chaque morceau pour que tout se lie et quand l’EP sortira qu’il puisse avoir une ambiance cohérente.

Justement sur scène vous avez des tenues avec le logo de la NASA, c’est pour être dans cette mouvance ?

Mathilda : Oui bien sur, la dernière chanson s’appelle Space, il y a les astronautes que l’on déclenche à la fin.

Théo : Il y a des samples qui viennent de la NASA c’est ça ?

Mathilda : Oui c’est tout à fait de la NASA.

Théo : Voilà il y a le morceau qui s’appelle Space… peut être on peut dévoiler le nom de l’EP ?

Mathilda : L’EP risque de s’appeler « It’s a Wonderful Place to be (over) » qui est en fait la dernière phrase que l’astronaute dit sur le sample qui finit le live et qui finira l’EP. On trouvait que ça résumait bien le tout.

Théo : Ça s’est fait un peu par hasard, d’abord on a bossé sur le son, ensuite on s’est dit « tiens c’est vachement spatial » et ça nous a orienté aussi pour les visuels dans cet univers là. Plus tard on aimerait se payer un fond de scène étoilé.

Mathilda : On bosse aussi avec des copains qui sont aux beaux-arts sur de la scénographie pour un peu plus tard quand on aura l’EP pour encore plus accentuer cet aspect espace.

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Tu disais aussi que tu voulais un video projecteur !

Mathilda : Oui carrément, After Marianne c’est autant influencé par la musique que le cinéma, les images sont très importantes. La chanson Marianne a été composée après avoir vu le film « Amour » de Michael Haneke.

Dans vos morceaux la voix est mise en avant, les textes comme Marianne peuvent se lire comme de la poésie c’est vraiment bien écrit, de quoi parlent vos morceaux en général ?

Mathilda : C’est pas très gai en général. C’est difficile à expliquer, cet EP là les chansons que vous avez entendues ce soir racontent vraiment une histoire, c’est un peu comme si c’était une rencontre épistolaire entre deux vieux amants, à un moment je suis la femme, un moment je suis l’homme, dans Marianne je suis l’homme je parle à ma femme décédée qui s’appelle Marianne. Dans Space je redeviens la femme je fais à mon tour ma déclaration d’adieu à cet homme parti. C’est un peu schizophrène comme projet mais pour moi c’est important d’avoir des paroles qui racontent quelque chose pour les chanter tout simplement, pour raconter quelque chose ça change tout. Je ne pourrais pas chanter juste des « wooo » tu vois, pourtant je le fais dans Marianne, mais juste pas de parole je ne pourrais pas parce que pour moi c’est raconter des histoires aussi.


Vous vous inspirez du cinema pour vos morceaux, si After Marianne était un film quelle en serait la B.O ?

Mathilda : Alors là on va se fighter ! (rires)

Théo : En fait je ne sais pas de quoi parlent les chansons donc c’est à toi de répondre.

Mathilda : Je ne sais pas, je peux te dire des chansons de Daughter comme des chansons de Sigur Ros parce qu’elles ont ce côté où il n’y a pas de paroles mais c’est tellement beau que tu peux t’inventer tout ce que tu veux dessus. Ça pourrait être des titres très beaux de This Will Destroy You, Beach House…

Théo : Moi je verrais bien des groupes d’ambiant comme Good Weather for an Airstrike qui a ce côté là très aérien vraiment planant, c’est de l’ambiant tellement moderne et lisse ça donne vraiment un son de machine, il y a ce côté froid qu’on essaie de mettre dans nos reverbs.

Mathilda : Agnès Obel aussi, j’adore cette artiste elle a une superbe voix, de très beaux arrangements c’est très minimaliste en même temps ses paroles ressortent beaucoup j’aime bien.

Léo prend la place de Théo

S’il y avait un instrument à rajouter sur un morceau ce serait lequel ?

Mathilda : Du thérémine !

Léo : Il y a le thérémine déjà, je ne sais pas si tu vois ce que c’est ?

Du tout !

Léo : C’est un instrument à ondes, c’est très bizarre.

Mathilda : Cascadeur en ont, Benjamin Biolay sur la fin de A l’origine en live.

Léo : En fait c’est rectangulaire, tu as une sorte d’antenne comme pour les radios…

Mathilda : D’un côté tu montes ta main et de l’autre tu fais ça et ça fait des notes. On dirait une femme qui chante c’est très beau.

Léo : Ça fait comme une traviata. Avec une main tu gères ta note plus tu es bas plus ta note est basse et inversement, avec l’autre ma main tu gères la vélocité de la note, c’est monstrueux ! Une basse également parce qu’on a pas de bassiste dans le groupe. Mathilda s’occupe des subs au clavier mais des fois on aimerait bien avoir un bassiste.

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Si vous aviez à collaborer avec un artiste ou un groupe toulousain ce serait qui ?

Léo : On ne peut pas le dire, mais il y a un artiste avec qui cela aurait été super de collaborer et on l’a fait mais c’est pas encore sorti donc on ne peut pas en parler.

Mathilda : C’est pas toulousain.

Léo : C’est même pas parisien je crois.

Mathilda : Là tu en dis trop (rires)

Léo : C’est un très gros artiste français qu’on aime.

Mathilda : C’est très bizarre…

Léo : Sur la scène française c’est un artiste avec qui on aurait bien aimé et on l’a fait. Vous verrez.

Mathilda : Sinon toulousain il y a Tom Terrien qu’on aime bien.

Léo : Oui je pense pas que vous connaissiez. On adore ça.

Mathilda : Tu n’as pas fait des cours de MAO avec lui ?

Léo : C’est mon ancien prof de MAO oui. Pour le coup son univers est trop bien, oui je n’y avais jamais pensé.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur l’EP ?

Mathilda : Comme je t’ai dit il s’appellera « It’s a Wonderful Place to be (over) », il y a 5 titres dont Marianne. Il y a cette collaboration sur Love is just a game, Il y a Space la dernière, Take Care et la petite interlude avec la mamie d’Augustin qui parle avant Space qui est aussi sur l’EP, voilà c’est tout je crois.

Une date de sortie ?

Mathilda : Au printemps. On ne sait pas encore quand, on attend le label.

Léo : En tout cas on est très content du produit fini. Il ne reste plus qu’à voir l’aspect esthétique on ne l’a pas encore défini mais sinon au niveau du son, des musiques et du featuring on en est très fier et prêt à le défendre coûte que coûte (rires).

Il y a un nouveau clip de prévu ?

Mathilda : Oui.

Léo : Oui mais il n’est pas du tout fait, ni scénarisé ni rien du tout.

Mathilda : Ce sera surement sur Take Care.

Avec le même réalisateur que pour Marianne (Arnaud Ly Van Manh) ?

Mathilda : On aimerait bien oui. On a bien aimé son travail sur Marianne.

Léo : Surtout sachant les moyens qu’on avait. Il faut savoir qu’ils ont sacrifié leur Livret A pour faire ce clip là…

Mathilda : Oui c’est vrai ! (rires)

Léo : Leurs Livret A n’étaient pas très élevés, ça prouve que quand il y a l’envie et l’énergie et bien ça fait de belles choses.

Mathilda : Comme  c’était inspiré de « Amour » de Michael Haneke on voulait vraiment un papi dans ce clip qui retracerait la voix que j’ai dans Marianne mais on ne trouvait pas trop on se demandait qui on allait prendre. On n’avait pas trop envie de prendre dans nos connaissances parce que ça n’allait pas et donc j’ai mis une annonce sur un groupe de casting sur Facebook. On a été contacté par sa femme qui a 25 ans de moins que lui, elle nous a répondu et elle m’a envoyé une photo, on ne s’est jamais rencontré, ils se sont joints en ligne avec le réalisateur Arnaud Ly Van Manh. Dès qu’elle nous a envoyé la photo on a adoré le visage de François, il avait ce côté doux et mélancolique à la fois, on a dit oui et Arnaud est allé tourné chez eux au Touquet et ça a donné Marianne.

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Il y a quelques temps Augustin a écrit une tribune dans Konbini comme quoi la musique indé n’était plus vraiment indé, dans le même temps il y a de plus en plus de sponsoring dans la musique que ce soit Red Bull, Ricard, SFR ou Kronenbourg. Que pensez-vous du milieu de la musique en ce moment ?

Léo : C’est un peu à double tranchant, il ne faut pas se mentir il y a des sponsors qui marchent au niveau musical et mine de rien les sponsors qu’il y a aujourd’hui, même s’il y a le côté pub, ça révèle beaucoup d’artistes. Je ne crache pas du tout dessus, on a eu des partenariats avec Kid Wise on a travaillé avec la Fnac par exemple, certes il y a ce côté un peu commercial mais d’un autre côté ça nous a permis de faire des choses, de nous faire un peu plus connaître aussi. Ricard SA Live c’est quelque chose de qualité…

Mathilda : Si tu assumes de le faire c’est l’essentiel.

Léo : Je vois ça comme un tremplin, ils ont fait quoi Red Bull ?

Red Bull Music Academy

Léo : Red Bull Academy il a des choses dingues, il y a les Boiler Room…

Mathilda : Après on ne connait pas les conditions, si c’est d’avoir Red Bull sur scène tout le temps.

Léo : Sinon l’industrie de la musique aujourd’hui elle est ce qu’elle est. Nous on fait de la musique on est là pour faire de la musique, réfléchir à l’aspect esthétique qu’il y a autour mais à la base pour faire la musique. Le musicien a besoin d’une structure derrière s’il veut avancer. On a conscience de ce qu’est l’industrie de la musique en même temps si tu veux avancer tu peux pas faire autrement il faut passer par ça, même si des fois c’est chiant, l’industrie de la musique c’est quelque chose de très cool aussi. Avec Kid Wise ça nous a vraiment aidé et on les remercie car il y a des choses qui ne seraient pas arrivées sans ça, avec After Marianne c’est la même chose, encore en maturation, un jour ou l’autre quand on sera confrontés à une négociation on pourra dire de la même manière, certes il y a le côté fric ça on le sait mais si tu veux avancer et faire quelque chose d’important je pense que tu dois passer par là. Ou alors tu es un génie et tu arrives à faire ton chemin autrement, alors respect mais je pense qu’aujourd’hui il faut passer par là.

Mathilda : C’est vrai qu’aujourd’hui avec les réseaux sociaux faire de la musique c’est hyper simple puisque tu peux la diffuser quand tu veux, tu n’as pas besoin comme avant d’avoir un label obligatoirement pour sortir quelque chose. Mais d’un autre côté il y a tellement de monde qui le fait que pour se faire remarquer c’est vraiment un challenge. Donc oui ces personnes sont là pour nous aider, te propulser un petit peu plus mais maintenant on sait que si des personnes viennent te voir ce ne sont pas forcement des copains à la base donc bon il faut faire avec ça aussi.

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Vous avez un tourneur, un manager, vous faites des belles premières parties, avec Hyphen Hyphen bientôt. Peut-on imaginer vous voir dans un festival cet été ?

Mathilda : Au festival de la Pamparina, c’est à Thiers à côté de Clermont-Ferrand.

Léo : Pour les festivals d’été ce ne serait pas du tout logique de le faire cet été parce qu’on a rien qui est sorti à part Marianne. On a un EP qui va sortir au printemps et ce serait une très mauvaise idée de griller ces cartes qui sont des cartes importantes maintenant. On préfère laisser filer cet été, et quand on aura l’album quand on aura quelque chose à défendre…

Mathilda: Surtout on aura une tournée en automne sur l’EP ça c’est sûr.

Léo : Avec la tournée d’automne découlera forcément des dates sur l’été d’après et c’est plutôt là qu’arriveront les très belles choses. Pour cet été on a ce qu’on a et c’est très bien.

Très bien merci à vous !

Mathilda : Tu ne veux pas lui poser la question sur la BO ? J’aimerai bien savoir ce qu’il répond.

Ok alors Léo si After Marianne était un film, quelle en serait la BO ?

Léo : C’est une bonne question, c’est dur. Je serais tenté de ne pas prendre un groupe qu’on aime, enfin qui se rattache à After Marianne. Je pense que les premiers groupes qui sont venus c’est Daughter, Beach House, des groupes comme ça, c’est bien mais quelque chose d’autre, je mettrai un peu de Mumford and Sons tu vois.

Mathilda : Ah bon ? Oui pourquoi pas.

Léo : Un tout petit peu, juste ce qu’il faut.

Mathilda : Le After d’After Marianne vient de Mumford and Sons quand même.

Léo : Un peu de Mumford and Sons et quelque chose d’autre… qu’est ce que je pourrais mettre ? Je suis tenté de dire une connerie, rien à voir genre Eminem (rires) j’ai rien d’autre qui me vient à l’esprit. Non Mumford and Sons je peux compléter comme ils ont dit Beach House, Daughter et Sigur Ros je complète avec Mumford and Sons. Quelque chose de doux comme After the Storm.

Mathilda : C’est une belle réponse.

Parfait, merci à vous et on continue de vous suivre !

Allan

Concerts à venir :

  • 19/03 Paris – Le Petit Bain
  • 25/04 Bordeaux – Le Krakatoa w/ Hyphen Hyphen
  • 27/05 Caen – Portobello
Amatrice de world, de jazz, mais aussi de pop ou de rock, Lisa est aussi la créatrice de La Tisseuse, structure avec laquelle elle organise des concerts et scènes ouvertes.