Bertrand Belin “Je ne suis pas fatigué de fabriquer des petites formes de musique ou de texte”

Venu présenter Persona au public toulousain, Bertrand Belin nous a accordé un entretien juste avant son concert au Metronum.

Bonjour Bertrand, auteur de chansons mais aussi de livres, avec une actu cinéma récente… Où puisez-vous l’inspiration de demeurer si prolifique après toutes ces années de carrière ?

Parce que je suis toujours vivant et qu’en vivant on a beaucoup d’inspiration non ? C’est la possibilité d’être en bonne santé et de pouvoir accueillir le monde avec ses soubresauts, ses merveilles, ses catastrophes. Voilà c’est de là que je tire ça, je ne suis pas fatigué de fabriquer des petites formes de musique ou de texte, non je ne suis pas fatigué du tout de ça. Je trouve le monde toujours très inspirant.

Les tournées qui succèdent vos sorties d’albums comptabilisent de nombreuses dates, pas moins d’une centaine ?

Oui, 140 la dernière.

Comment vivez-vous ces périodes de promotions et de lives, dans laquelle vous êtes actuellement ?

Promotion, je ne pense pas en ces termes, pour moi c’est des rencontres. Là je ne suis pas en train de me dire que je fais la promotion de quoi que ce soit. Je vous remercie de vous intéresser à ce disque, ou le média que vous représentez, et moi ça me fait plaisir de parler musique et d’échanger sur les choses sensibles de toute façon en général donc j’ai pas l’impression de faire de la promo. Ça se passe bien, j’aime bien être sur la route et tout, j’aime ça.

Votre voix, flegmatique et envoûtante, on l’a senti évoluer depuis l’inaugural premier album. Comment s’est travaillé votre identité vocale ?

Je ne sais pas exactement. Je pense qu’il y a un rapport entre le son, la voix, puis ce que l’on dit avec. Le rapport d’adéquation entre le propos et le son, c’est quelque chose qui ne se travaille pas, ça s’acquière, de manière plus ou moins hasardeuse j’imagine. Enfin dans la première chanson de mon album Persona, je dis petit à petit l’oiseau fait son bec, c’est un peu une manière d’aborder ce sujet là. C’est pas vraiment un travail, c’est comme chercher des champignons, des huitres ou de l’or, c’est un travail d’observation, de longue patience, qui à certains égards à avoir avec la chance aussi. La chance de trouver une adéquation, je ne dis pas que je l’ai trouvé mais si vous me le dites, alors je vous dis si je l’ai trouvé c’est parce que je suis patient et que je cherche quelque chose depuis très longtemps. Mais c’est une recherche, c’est pas un travail, c’est une recherche oisive un peu, comme chercher un trésor quand on est enfant et que l’on joue au pirate.

4 morceaux de votre nouvel album ont déjà été clippés, de très belles images réalisées par différentes pattes, parlez-nous de votre rapport à l’image et à ces réalisations ?

Je trouve ça passionnant la réalisation de l’image, de clips, le cinéma tout ça, j’aime beaucoup. Moi j’ai pas particulièrement de vision ou de talent particulier pour m’intéresser de près à ça mais il m’arrive de réaliser moi-même des clips. Je l’ai fait pour Le mot juste sur mon album précédent, Folle folle folle sur celui d’avant, là j’ai réalisé Sur le cul aussi, j’aime ça mais enfin il serait plus judicieux de confier ça à des gens qui savent le faire et qui peuvent apporter quelque chose d’intéressant ou une chose à laquelle moi je pense pas. Puis moi je ne sais pas à quoi je ressemble, ni à quoi je veux ressembler, j’ai pas cette préoccupation là donc il vaut mieux que quelqu’un me voit de l’exterieur et parfois il peut y avoir une rencontre réussie, parce que moi je n’y vois pas très clair là dedans.

De 2018, on retient forcément un morceau, Dimanche avec The Limiñanas, comment cette collaboration a vu le jour ?

On s’est rencontrés en Australie, à l’occasion d’une tournée à Melbourne. On s’est rencontrés de la façon la plus belle qui soit, comme la naissance d’un amitié. Moi j’ai senti ça comme ça en tout cas, comme à l’adolescence quand on rencontre quelqu’un qui nous plait parce qu’on aime sa musique ou on aime bien comment il fait du skate board, un type dont on sent que l’on pourrait apprendre des choses. La rencontre que j’ai eu avec The Limiñanas, et en particulier avec Lionel et Marie, c’est ça c’est une rencontre, d’abord de fascination et d’affection très forte, mais aussi parce que j’aime beaucoup la façon dont ils font de la musique, leur musique mais aussi comment ils l’abordent, comment ils l’a font, comment ils se tiennent dans la vie avec cette existence de musiciens, je trouve qu’ils sont très très beaux de ce point de vue là. Donc après Lionel et moi, on a correspondu un petit peu, on s’est envoyés quelques courriers et puis il m’a proposé un jour d’apporter une contribution à leur disque en cours. Il m’a dit “tiens, voilà deux, trois morceaux fais ce que tu veux”, j’ai écris un texte et puis je l’ai chanté et puis c’est devenu Dimanche. Ça s’est fait comme ça.

On est à Toulouse et vous êtes un garçon de l’ouest -nord-, quels rapports entretenez-vous avec le sud ouest ?

J’ai pas trop d’habitudes, je ne connais pas bien la région. Toulouse, j’y suis venu depuis 25 ans régulièrement pour faire des concerts mais j’y ai jamais séjourné. Donc je serai bien en peine de vous dire ce que je pense de Toulouse, qui est une ville dont je ne connais que l’aura si vous voulez, le rayonnement, l’image qu’elle a plus que de l’avoir fréquenté. Je me sens bien dans le sud ouest. Le sud ouest que je connaissais, c’était le bord de la mer, du côté de Biarritz où j’étais allé en vacances une fois quand j’avais 17 ans, à Anglet. J’aime beaucoup les Pyrénées aussi, j’ai un petit peu séjourné dans les Pyrénées à quelques reprises, il y a de ça très longtemps, en Ariège aussi de côté de Foix, au Mas-d’Azil, c’est des coins que je connais un peu mieux ça. On est sur une terre, on est sur une géologie remarquable, c’est les premiers plis des Pyrénées, c’est une région tellurique puissante, profonde. J’ai beaucoup fantasmé la fin du mois d’août et le début de septembre dans cette région, avec ce que la météo peut offrir de plus spectaculaire, en termes de lumières, d’humidité, de nuages… ouais j’aime bien cette région pour ça. Enfin là je parle de la région, pas tellement de Toulouse.

Ma question portait sur le sud ouest, donc ça correspond…

J’ai été accueilli par une dame, originaire du sud ouest, de Labatut pas loin de Bayonne. Elle m’a accueilli quand j’étais adolescent à Paris, avec ses enfants, et elle avait une culture du sud ouest, avec tout ce que ça comporte, de trésors gastronomiques et tout ça, j’ai été bercé là dedans.

Nous avons deux questions rituelles chez Opus, si vous pouviez imaginer votre festival idéal, il se passe où et vous faites jouer qui ?

Un festival idéal… J’aurais envie qu’il y ait des pins…

Dans les landes ?

Non pas forcément dans les landes, mais un endroit avec des pins, il y en a en Bretagne aussi des pins. J’aimerais bien que ça sente le pin, les aiguilles de pins, j’aimerais bien qu’il y ait un coucher de soleil sur la mer, à l’ouest là-bas, bien orangé tout ce qu’il faut. Et que les festivaliers se rafraîchissent l’après-midi en allant se baigner et il y aurait de la musique à danser, de la folk de différents horizons et il y aurait The Limiñanas (rires). Il y aurait de la musique irlandaise et de la musique de chambre, de la musique classique, il faudrait des petits endroits pour faire jouer de la musique de chambre, et puis il y aurait des hurluberlus de tous poils.

Ce serait chouette alors ! Je prends ma place moi…

Ah ouais ouais il faudrait que ce soit bien, bien sûr !

Et enfin, quels sont les 2, 3 projets musicaux que vous aimeriez nous faire découvrir ?

Et bien, d’abord j’attire l’attention sur Tatiana Mladenovitch avec qui je suis sur scène, qui joue de la batterie. Elle a fait plusieurs albums sous le nom de Fiodor Dream Dog, c’est une musicienne remarquable, qui arrange, compose et produit des disques vraiment superbes. Là elle prépare un nouveau disque qui va être magnifique encore une fois, elle va changer de nom pour s’appeler Francky Go Go. Je pense à elle et puis là récemment j’ai découvert une artiste syrienne qui s’appelle Waed Bouhassoun, elle est chanteuse et elle joue du oud, elle a fait un disque absolument remarquable qui est paru chez Buda Musique et qui s’appelle La voix de la passion, mais elle a fait d’autres disques et elle collabore avec d’autres artistes. Je recommande à tout le monde d’écouter ça, c’est de toute beauté.

On ira écouter ça car c’est deux vraies découvertes ! Merci beaucoup Bertrand pour cette discussion.

Avec plaisir !

Interview par Vanessa.
Crédit photo : Bastien Burger

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