Faulkner Songs : de bruit et de fureur ?


« Ecrire, c’est comme craquer une allumette au cœur de la nuit en plein milieu d’un bois. Ce que vous comprenez alors, c’est combien il y a d’obscurité partout. » A l’image des romans de William Faulkner, pénétrés par les bruits de la la campagne américaine, la musique de Forêt alias Nicolas Lafourest (dont on a déjà évoqué le talent avec Cannibales & Vahinés) se veut intime & brute.

Sorti en février sur le label Freddy Morezon, les 10 poèmes instrumentaux de Faulkner Songs vous donnent l’impression d’être plongé au cœur de l’un de ces vieux films qu’on aurait colorisé. L’image saccadée se cale sur les arpèges, instaurant une forme de tension et cette sensation d’accompagner Anse Bundren et ses enfants pour leur voyage funéraire.
Il y a de la noirceur, de la mélancolie dans cet album cinématographique. Bruissements, crissements, des motifs inquiétants de paysages désertiques défilent, on serpente difficilement dans ces contrées inhabitées s’accrochant à chaque silence comme autant de moments de grâce. Des morceaux sans nom qui s’éclairent au fur et à mesure du périple, la chaleur du soleil levant, les cordes s’apaisent, une sensation de sérénité nous enveloppe. Les mots, à peine audible, de notre lowesome cowboy clôturent ce disque comme une prière. Ses dernières paroles ou un recommencement pour ce récit restitué sans véritable chronologie, un peu comme ces souvenirs qui refont soudain surface.

Entre folk hanté et rock torturé, cette musique comme les écrits du romancier américain est une aventure pour les oreilles, elle peut décourager à la 1ère écoute, être perçue comme chaotique, comme seulement bruit et fureur.Sans aucun artifice, elle offre pourtant le même plaisir que ces peintures dont on ne saisit pas tout de suite les contours mais dont on ne peut plus détourner le regard : cette forêt est hypnotique.

Julien



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Crédit photo : Cyril Moya

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