Festival Ecaussysteme : 12 000 festivaliers dans une prairie au nord du Lot !

Nous vous en parlions déjà dans notre article des Festivals à ne pas rater cet été en Occitanie. Fin Juillet, on vous invite grandement à prendre la direction du nord de la Région, à Gignac (46) pour la 15e édition de l’Ecaussyteme. 3 jours où viendront se succéder Manu Chao, Jain, The Offspring ou Deluxe entre autres talents ! On a rencontré Joris, chargé de communication, pour échanger sur cette édition et sur l’évolution du festival. Une rencontre enregistrée par Radio Néo que vous pouvez écouter ici.

Bonjour Joris. Tu fais partie des 4 salariés de l’équipe de l’Ecaussysteme. Cette année c’est déjà la 15ème édition du festival, comment est né l’événement ?

C’est la continuité de la fête du village, par chez nous dans le Lot il y a toujours des fêtes de village et du coup c’est les jeunes qui ont créé un premier concert dans le cadre de la fête votive. Ça a attiré du monde, ça a fait couler de la bière et je pense qu’il y a eu un petit conflit de génération avec les anciens, donc on a préféré créer une asso à part, qui s’appelait «Ecaussesysteme » au départ, et qui est devenu l’Ecausysteme. Le projet est parti de là.

Comment tu l’as vu grandir ce projet ?

Autant que moi en fait, en étant là dès le départ : on attirait 200, 300 personnes… On a réussi a fédérer de plus en plus de bénévoles et le challenge fait que chaque année on essaie de faire venir des artistes un peu plus gros, de structurer le festival. On a pu s’expatrier dans un champ qui est toujours celui qu’on occupe aujourd’hui. Mais ça s’est fait petit à petit, il n’y a jamais eu de folies des grandeurs, chaque année on a évolué patiemment, sereinement…

Pour ceux qui ne connaissent pas le festival, il se déroule dans énorme champ avec une jauge qui peut accueillir jusqu’à 12 000 personnes. Ça implique quoi comme contraintes quand t’es organisateur ?

Ça en implique beaucoup, ne serait-ce déjà pour tout ce qui est accès… Les routes de Gignac c’est des départementales voire communales, donc du coup il y a plusieurs itinéraires. Après il y a des problématiques de camping puisqu’on accueille 3, 4 voir 5 000 campeurs dans un village de 700 habitants. Sur tout ce qui est réseau, tri des déchets, toilettes, douches, c’est quand même des choses importantes nécessaire d’appréhender, d’anticiper… Nous, la force du festival, c’est les bénévoles avec chaque année une équipe de plus en plus large et de plus en plus soudée, c’est ça qui permet au festival d’exister quoi… Sans eux, sans leur dépassement et leur énergie, on en serait un petit peu loin.

15 ans, déjà ! Est-ce que vous imaginiez la première année en 2003, que ça durerait aussi longtemps et que ça prendrait cette ampleur la?

Moi non. Benoît, le créateur je pense qu’il y croyait. De toute façon son rêve c’était d’avoir Manu Chao, on lui disait, “Redescend sur Terre tu n’y arriveras jamais c’est pas possible” et lui je pense qu’il y croyait. Et puis on y a cru de plus en plus parce que c’est lié a une asso qui mélange les générations et chacun a apporté sa pierre a l’édifice, ses compétences. On a toujours pris en exemple un petit peu les Vieilles Charrues : c’est une ville de 5 000 habitants mais qui attire aujourd’hui 300 000 personnes, on s’est dit que le ratio était peut être similaire, même si on ne sera jamais aussi gros qu’eux.

 

Quelle est la ligne de programmation artistique du Festival, comment est-ce que vous choisissez les projets qui viennent jouer année après années ?

On essaie d’être éclectique dans la programmation, ça a été au tout départ un festival plutôt reggae. Et puis on a essayé de s’ouvrir, sur de la chanson et puis aujourd’hui sur l’électro : c’est la musique sur laquelle on ne peut pas passer. Alors ça ne plait pas à tout le monde dans l’asso hein, mais on essaie vraiment d’ouvrir le spectre de la programmation.

Ce qu’on s’interdit c’est de verser dans le populaire, de trop verser dans le populaire… Donc tout ce qu’on entend en boucle à la radio ou à la télé, on ne veut pas trop y aller, on pense qu’il y a suffisamment de groupes de qualité et du coup c’est pas forcément notre philosophie donc pour l’instant on reste sur des groupes un peu alternatifs quoi. Quand on présente la programmation à notre conseil d’administration, qui va de 16 an à 70 ans, parfois les noms… The Bloody Beetroots par exemple cette année ça n’a pas fait sauter tout le monde au premier coup. (rires)

Tu peux nous expliquer comment ça se passe avec ce CA pour définir la programmation ?

Il y a des commissions de travail, une commission logistique, une commission programmation, une commission communication, qui sont au quotidien animées par nous, salariés. On fait des réunions avec des administrateurs et toutes les décisions qui engagent le budget, principalement ou des choses un petit peu importantes doivent être votées par le CA. Ce CA se réunit une fois par moi, tous les projets qui ont été travaillés par les commissions sont validés par le conseil d’administration.

Pour revenir à la programmation, vous regardez ce que font les autres festivals ?

On observe beaucoup ce que font les autres, nous on est quand même dans la catégorie des moyens festivals, on est loin des Vieilles Charrues, des Eurockéennes ou peut être de Pause Guitare dans le secteur, on essaie de voir ce qu’ils font… Alors nous on n’a pas les moyens de s’offrir deux ou trois têtes d’affiches comme eux…

Même si cette année encore il y a des gros noms !

Oui mais en terme de budget on ne peut pas aller beaucoup plus loin… On observe ce que font les plus petits festivals en terme de découvertes ou de groupes montants, et après on essaie de proposer notre programmation, de pas copier ce qui se fait un peu partout, mais on observe vraiment ce que fait tout le monde. On reçoit des roosters avec les groupes qui tournent et on essaie de composer comme ça. C’est pas évident, il y a des contraintes de cachets, de timing, de booking, d’agenda, de disponibilités, c’est jamais très très simple mais chaque année on arrive à sortir quelque chose de cohérent, en tous cas à notre image.

Tu l’as évoqué tout à l’heure, il y a deux ans vous avez réalisé l’un des rêves initiaux de Benoît ,le fondateur du festival, de faire venir Manu Chao. Et il revient cette année ! C’est un des plus beaux souvenir du festival cette date en 2015 ?

Clairement ouais, si on doit demander au gens, aux festivaliers ce qu’ils retiennent, Manu Chao ça doit revenir quasiment tout le temps en un quoi ! Quasiment 2h30 de spectacle, une énergie folle, c’était super ! La personne était en plus hyper accessible, les bénévoles ont pu monter sur les côtés de la scène et ça c’est génial, les partenaires ont pu s’approcher au plus près… On est très content de le refaire venir cette année, on pensait pas qu’il revienne aussi vite, et quand l’opportunité s’est présentée début janvier, on a dit bah on y va quoi.

 

Il y a un autre groupe qui revient cette année, c’est Deluxe, ils sont venus il y a 3 ans si je me trompe pas. c’était un concert assez fou, avec une énorme panne de courant pendant le concert ! Ces groupes qui reviennent c’est la preuve quand même qu’ils sont bien reçus et qu’il se passe quelque chose dans le nord du Lot…

Bah là pareil c’est une opportunité qui s’est présentée puisqu’ils tournent cette année… Quand ils étaient venus en 2014, moi je les connaissais pas du tout, je ne sais plus qui avait trouvé le plan, c’était vraiment un groupe émergent, ils avaient rencontré Mathieu Chedid cette soirée-là.

Depuis ils font d’ailleurs pas mal de choses ensemble !

Ouais alors je sais pas si ça part de Gignac mais nous on veut le croire en tous cas (rires). Cette soirée-là, ils ont passé pas mal de temps ensemble, et du coup ils se sont plus, et nous ont s’est dit quand ils refont une tournée française, à l’été, on les reprends, c’est un groupe qui cartonne en plus…

Cette année, on a aussi une belle surprise avec un groupe qu’on n’imaginait JAMAIS voir à Gignac, c’est The Offspring, on imagine que dans l’asso il y en a plein qui devaient écouter ça en étant ado ou jeune adulte…

Ca faisait partie des groupes qu’on avait listé, qui parlaient quand même à pas mal de monde. L’an dernier on avait fait Iggy Pop, qui restait du punk rock mais des années 70, là c’est les années 90, quand on a su qu’ils tournaient ça s’est fait assez vite, à l’unanimité au niveau du CA, ça a été OUI direct !

L’Ecausssysteme est aussi capable de faire venir des talents comme Jain qui est demandée un peu partout en ce moment. Vous accueillez aussi Wax Tailor, Matmatah, Keny Arkana, le Collectif Motivés… On peut dire que vous êtes devenus une référence nationale?

Nationale, je n’irai pas jusque là, je pense qu’on fait partie des festivals qui aujourd’hui sont connus et reconnus dans le milieu et la profession mais on reste un petit, on ne veut pas s’enflammer. On est content de pouvoir faire venir des groupes comme ça. Avant il fallait toujours expliquer, le projet, où c’était situé, souvent on nous confond avec Gignac dans l’Hérault, maintenant je pense que les groupes ont compris que c’était Gignac dans le nord du Lot !

D’ailleurs c’est écrit partout maintenant, Gignac en Quercy !

Ouais on le met partout mais ça empêche pas les gens de se tromper, je pense qu’ils voient débarquer là-bas des festivaliers qui ont pas compris… On a des demandes de remboursement chaque semaine !

Je pense que maintenant le festival est bien identifié, le projet, la philosophie, ce qu’on est capable de faire… La jauge est quand même intéressante, c’est pas rien de jouer devant 12 000 personnes ! C’est un amphithéâtre en plus naturel, une prairie qui est super sympa au niveau de l’acoustique, et puis de la qualité visuel pour le festivalier ! Le festival plait, et on espère que ça durera longtemps…

On parle la de têtes d’affiches, mais j’aimerais qu’on s’attarde sur une autre partie de la programmation de l’Ecau et qu’on parle du tremplin « les détours de l’Ecaussysteme » : tu peux nous présenter le principe ?

Alors ça doit remonter peut être à 10 ans maintenant, à l’époque c’était un tremplin qui était ouvert, donc venait des groupes locaux, très très locaux, qui jouaient sur la place du village, il y avait une petite sélection qui était faite. Et puis en fait, on est énormément sollicité par des jeunes groupes, des groupes émergents qui veulent jouer sur la scène du festival, on a donc créé un dispositif qui s’appelle les Détours.

C’est un tremplin, qui est animé par une commission, toujours pareil, ils sont une douzaine avec notamment pas mal de jeunes pour essayer d’impliquer les jeunes ados, on leur réserve des places dans cette commission. Cette année on a 173 candidatures, c’est dingue, et ça vient de la France entière ! La commission écoute les 173 groupes, se réunit et retient 3 groupes cette année. qui s’affronteront sur une finale : à l’issue de cette soirée on choisira les 2 groupes qui joueront le vendredi et le dimanche.

Il y a une autre partie de la programmation, c’est la scène off, qui se passe au village, à une 100aine de mètres de la scène, pareil cette scène vous la programmez comment?

Elle est justement issue des Détours. Donc les détours ceux qui font la finale, ce sont les 3 premiers. A partir de la 4eme place, ils peuvent prétendre à jouer sur la scène off.

J’ai découvert aussi cette année un nouveau dispositif, les Ecaussystematiques, des rendez vous culturels sur toute l’année. Ce dispositif m’a fait pensé a Jazz In Marciac, un festival perdu qui a amené la culture dans un coin paumé de la France et qui depuis à développé une salle,une école de jazz… C’est aussi une source d’inspiration Marciac qui est aussi un voisin occitan?

Pas directement mais en tous cas nous c’est une volonté de localement faire vivre le territoire, parce qu’il ne se passe quand même pas grand grand chose, à l’année au coeur de l’hiver. Notre idée c’était d’apporter des manifestations en milieu rural, sur Gignac et sur les alentours. On essaie de s’associer à d’autres collectivités, d’autres asso, de mutualiser pas mal de choses et de faire des animations sur le patrimoine, sur l’histoire, sur l’écologie évidemment, sur les droits de l’homme, faire de la photo, faire du théâtre, des concerts dans les Grottes de la Cave. On essaie chaque mois d’avoir une petite manifestation, qui fait vivre l’Ecaussysteme et qui nous permet d’attirer d’autres publics, c’est souvent gratuit, ça permet de toucher d’autres personnes qui peuvent pas forcément venir au festival.

L’Ecaussysteme c’est aussi une superbe ambiance avec des festivaliers qui vantent années après années l’une des plus belles ambiances de camping !

Clairement ! Le camping est gratuit, il est ouvert aux détenteurs de billet, les gens sont vraiment en liberté. C’est surveillé mais il n’y a pas de réglementation particulière, on ne demande pas aux gens de couper la musique… C’est trois jours de fête clairement ! Le but c’est vraiment de passer trois jours dans l’esprit un peu fête de village ou feria.

C’est une phrase qu’on entend souvent mais ce festival il n’existerait pas sans une armée de bénévoles, tu en parlais tout à l’heure, combien sont-ils a peu près chaque année?

L’objectif cette année c’est 450 ! Je pense que le noyau dur, celui qui bosse à l’année, il vient vraiment du village. Sinon ça vient d’un peu partout, c’est souvent des copains, des gens de la famille, des copains de copains… On devrait avoir des statistiques sur les origines géographiques, mais je pense que ça vient un peu de toute la France, comme notre public !

Toi en tant qu’organisateur ou public, c’est quoi ton plus beau souvenir sur le festival? Tu n’as pas le droit de dire Manu Chao…

Merde (rires). Non je pense qu’il y avait un concert qui nous avait bien marqué c’était I AM. La jauge était pas folle, je crois qu’il y avait 3 000 personnes, mais en termes de sons et d’énergie ça avait été un super truc quoi. Après je suis fan de Mathieu Chedid, mais je me rappelle vraiment du concert d’I AM qui était pas mal…

Et pour finir, il y a des groupes que vous rêvez de faire venir? Je rêve d’un Ben Harper ou d’un John Butler à Gignac !

Les deux que tu cites c’est jouable… Butler plus que Ben Harper je pense, mais ouais John Butler ça fait partie des groupes qui ont été cochés. Ben Harper aussi, à voir… Je ne peux pas vraiment te dire, on rêve de faire venir tout le monde, des Muse, mais bon après il y a une réalité qu’on ne peut pas atteindre. Chaque année on essaie de trouver une star entre guillemets qui nous va bien !

Merci Joris, on rappelle à tout le monde que les dates c’est le 28, 29 et 30 juillet, à Gignac, dans le Lot, n’allez pas en Hérault. On se donne rendez vous là-bas pour la 15ème édition, nous on y sera !

Merci Opus et Néo !

Rémy

Créateur d’Opus, Rémy est à la fois rédacteur et photographe dans notre media. Un mélomane qui écoute aussi bien du rock que du rap ou de la pop, et qui aime fouiller la scène locale.
C’est également lui qui gère le projet Focus d'Opus