Festival Ellipse : “S’ancrer dans un registre pop au sens large”

La deuxième édition du festival Ellipse arrive début Octobre à Toulouse ! Un événement organisé par Topophone. La programmation 2018, la place des groupes toulousains, l’identité du festival : on a voulu en savoir plus avec Louisa, responsable communication et programmation de l’association toulousaine…

Bonjour Louisa ! On retrouve le festival Ellipse pour une deuxième édition en 2018. Quel bilan faites-vous d’abord de votre première l’an dernier ? 

La première d’Ellipse Festival s’est déroulée fin septembre 2017. On a axé la programmation du festival sur une esthétique par soir, du jeudi au dimanche en itinérance sur plusieurs lieux toulousains (Connexion Live, Rex de Toulouse, Metronum), – ce qui était un pari plutôt ambitieux -, et travaillé pour la première fois avec Mind Sound Vector, qui est une structure plutôt spécialisée dans les soirées électro. On a balayé plusieurs spectres musicaux, de la pop au post-rock en passant par la techno, et une journée dédiée au jeune public pour clôturer le tout.

L’ensemble du festival a été une réussite sur les plans humains, qualitatifs, et a rempli les objectifs qu’on s’était fixé avec l’équipe Topophone : créer la rencontre entre différents publics, favoriser la découverte et l’échange.

Francky Goes to Pointe à Pitre / Le Rex de Toulouse / 05 octobre

L’événement est initié par Topophone. Peux-tu nous expliquer ce que fait la structure ? 

L’association s’est créée à Toulouse en 2012, elle mène des projets de création musicale principalement au sein des zones prioritaires toulousaines. Aujourd’hui, les ateliers touchent 1200 jeunes par an. L’objectif est de remobiliser des jeunes rencontrant pour certains des difficultés (familiales, à l’école), de leur faire découvrir les musiques actuelles et de créer leur propre chanson. Cela implique de s’écouter, de prendre en compte l’avis des autres tout en favorisant l’expression individuelle. A la fin de l’année, ils vont en studio enregistrer leur création, montent sur scène, puis rencontrent un groupe de musique et des professionnels du spectacle. C’est un vrai parcours de création pour des musiciens en herbe. A la fin de ces projets, notre équipe prend en charge ceux qui souhaitent poursuivre la pratique d’un instrument, et fait office de passerelle pour les emmener vers des écoles de musique.

Je crois que vous avez des co-organisateurs pour cette 2e : Rat Pop Records, Primary et L’Ambassade. Comment se répartit votre travail ? 

Tout à fait. On travaille avec Primary depuis l’an dernier, la collaboration avec l’Ambassade est plus récente, et on a aussi tissé des liens cette année avec Rat Pop, notamment sur l’édition 2018 du Discipline Festival, qu’ils ont créé il y a 2 ans à Toulouse. Chaque soir du festival est pensé avec l’un de ces acteurs : on a construit la programmation en amont avec eux, ils apportent chacun leur patte, leur touche à la programmation. Ce sont des collaborations qui naissent sur l’envie commune de proposer tel ou tel plateau, sur des goûts musicaux communs. Ils sont également impliqués sur la communication et l’opérationnel les soirs même, en apportant des savoirs-faire, des forces vives au festival, des regards extérieurs aussi. Cela permet de confronter différentes manières de penser un événement, et c’est toujours enrichissant.

Un festival à la rentrée à Toulouse, c’est une évidence ? Vous l’avez imaginé à d’autres périodes ce festival ? 

La rentrée est toujours très riche à Toulouse, c’est sûr ! On a du mal à imaginer le festival à d’autres périodes de l’année pour l’instant, pour diverses raisons (météo, agenda déjà chargé,…). Mais ce n’est pas exclu que les dates évoluent à l’avenir, le festival est voué à se développer, sur un format qui est encore en construction.

Drame / Le Rex de Toulouse / 04 octobre

Comme l’an dernier, on aura droit à une date au La Chapelle des Carmélites. Ce lieu crée des moments magnifiques, c’est un incontournable de votre programmation itinérante ? 

Le final à la Chapelle des Carmélites c’est une nouveauté de cette année, puisque l’an dernier la clôture s’est déroulée au Metronum. Notre première expérience là-bas, c’était pour une soirée pop à la Chapelle des Carmélites en juin 2017, où l’on avait invité Lenparrot, Laura Cahen et Ariel Ariel. On en garde d’excellents souvenirs : le lieu est magnifique, l’acoustique est incroyable, et le jardin attenant à la Chapelle est très agréable. De plus, l’endroit est assez peu utilisé pour des musiques actuelles, on trouvait chouette de l’exploiter dans ce sens.

Ellipse ce n’est pas que de la musique. Tu peux nous faire un rapide tour des à-côtés de la prog ?

Ellipse englobe plusieurs facettes, mais c’est surtout de la musique dans tous les cas. C’est non seulement un festival axé sur la découverte, mais le but c’est aussi de rendre accessible la musique à des publics qui n’y auraient pas forcément accès autrement. La dimension jeune public fait partie intégrante du festival : cette année, on fait intervenir des groupes de la programmation dans les quartiers Empalot et Bellefontaine les jeudi 4 et vendredi 5 octobre, ils vont directement à la rencontre des jeunes. Les artistes donneront un concert, puis les enfants pourront échanger avec eux sur leur musique, leurs influences, le processus de création.

Le dimanche 7 octobre à la Chapelle des Carmélites, on accueille aussi tous les publics, pour une journée où seront présents divers acteurs (disquaire, luthier) et où le public pourra participer à des ateliers musicaux (un peu comme l’année dernière au Metronum) il y aura aussi une exposition et des concerts bien sûr. On investit à la fois l’intérieur de la Chapelle et le jardin pour proposer ces activités.

On va entrer dans la prog… On arrive assez clairement à lire vos envies musicales, ce qui devient rare dans ce que deviennent les festivals. Cette cohérence artistique elle est fondamentale pour vous ? 

C’est en effet ce qui contribue à faire la marque de fabrique d’un festival. L’idée, c’est de s’ancrer dans un registre pop au sens large, tout en se laissant suffisamment d’espace pour explorer les différentes variantes du genre : on lorgne sur le krautrock, les musiques électroniques et la transe le jeudi soir avec Zombie Zombie, Drame et Derinëgolem ; on fait aussi venir Francky Goes To Pointe à Pitre, qui est totalement inclassable entre zouk et math rock,… On aime bien présenter des projets qui ne rentrent pas dans une seule case prédéfinie aussi, et qui s’affranchissent un peu des codes.

Quelques jolis noms dans votre exploration musicale : Moodoïd, Petit Fantôme, Zombie Zombie… Ça a de la gueule Ellipse ! 

Merci ! Ce sont les projets dont la notoriété est la plus établie, ils se complètent bien avec les groupes plus “découverte” de l’affiche, comme Drame ou Halo Maud par exemple.

Moodoïd / Connexion Live / 06 octobre

On note aussi l’arrivée de noms toulousains, dont deux groupes qu’on écoute depuis pas mal de temps chez Opus : Jim Bergson et The Seventeen. Vous souhaitez amplifier la place à ces locaux dans les années à venir ou vous souhaitez avant tout faire découvrir aux toulousains les artistes qui vous font vibrer ?

La programmation d’Ellipse laisse depuis le début la place aux groupes locaux (on pense à Harry Brown et Cathédrale l’an dernier). On garde forcément une oreille sur les projets d’ici, et les scènes toulousaines sont tellement riches que c’est une évidence ; par contre, ils sont tous choisis pour leur qualité artistique avant tout. A ne pas manquer également, Derinëgolem, qui sont (entre autres) du coin également.


The Seventeen / La Chapelle des Carmélites / 07 octobre

Toi personnellement, est-ce qu’il y a un artiste que tu attends impatiemment de voir ? Et ne me fais pas le coup du « oui j’aime toute la prog » hein ! 

Ahah ! J’ai hâte de voir Drame le jeudi 4 octobre au Rex, ça promet d’être assez spatial.

Après celui que tu attends, qui est ta plus belle découverte dans cette édition ?

Si je peux en choisir deux : Gareth Dickson (vendredi 5 au Rex) et Laish (dimanche 7 aux Carmélites), mais c’est mon côté folk qui parle. Avis aux amateurs de folk ténébreuse pour le premier, et de pop british pour le second.

Merci Louisa ! On vous souhaite une très belle édition… Bravo pour ce que vous proposez, vraiment !

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