Bibam Production : “Faire des vidéos à la chaîne, uniformisées pour bourrer les réseaux sociaux ne présente aucun intérêt. Le travail créatif, c’est donner une âme à une idée de départ”

Depuis septembre 2020, Opus a réactivé les “Opus Sessions”, format qui nous permet de valoriser chaque mois un projet musical dans une vidéo plan-séquence tournée dans un lieu toulousain. Un format pour lequel nous comptons le soutien bénévole de 2 structures : Bibam Prod à l’image et Nuance Records au son. Nous avons posé quelque questions à Céline, créatrice de Bibam Production pour en connaître un peu plus sur son activité…

Bonjour Céline. Tu as lancé Bibam en 2015 : tu peux nous résumer ce que fait ta structure ?

Bonjour ! Bibam Production réalise des captations audiovisuelles principalement pour les acteurs de la culture : musiciens, artistes, lieux culturels… Concrètement, ça se matérialise par du clip, du teaser, de la captation live, de la vidéo de présentation, du livestream et d’autres formats moins codifiés.

Le site web, bibam.rocks, mais aussi le logo donnent un avant-goût de ta couleur musicale : Bibam se cantonne au rock ?

Il y a clairement une teinte rock à tout ça. Mais il ne faut pas le voir comme une limitation. Au contraire. Le rock, c’est quelque chose qui résonne en moi depuis toujours. C’est l’expression d’un cri dissident et la détermination de faire autrement lorsqu’on ne trouve pas de sens dans ce qui est la « norme ».

Faire des vidéos à la chaîne, uniformisées pour bourrer les réseaux sociaux ne présente aucun intérêt. Le travail créatif, c’est donner une âme à une idée de départ, de s’immerger dans un univers esthétique pour en trouver une traduction visuelle. Tout cela implique aussi de prendre le temps. C’est notre lutte perpétuelle contre la rapidité du monde actuel. Mais on y arrive.

Par exemple, on développe un projet de captation sur pellicules, pellicules qu’on développe à la main avec du café au lieu de produits chimiques. Ça fait deux ans qu’on a commencé et on est pas encore tout à fait prêt. On prend le temps, on expérimente et ça, c’est absolument nécessaire dans la création.

si à ma toute petite échelle, je peux contribuer à soutenir la scène locale et la diversité aux côtés d’Opus, je suis forcément partante !

Chaque mois, Bibam s’associe bénévolement à Opus pour nos sessions acoustiques. Qu’est-ce qui te motive à donner de ton temps et de ton expertise à ce projet ? 

Il y a quelque chose qui relève un peu du militantisme dans cet engagement. Je vois l’industrie musicale comme un rouleau compresseur : si t’es pas dans la machine, tu n’existes pas. Avoir le choix entre se conformer ou abandonner, en caricaturant un peu, c’est quelque chose qui ne me convient pas. Alors, si à ma toute petite échelle, je peux contribuer à soutenir la scène locale et la diversité aux côtés d’Opus, je suis forcément partante !

Ces vidéos sont tournées dans des lieux du patrimoine toulousain… Un lieu en particulier où tu aimerais tourner ?

J’en ai deux. Le premier, c’est le Planétarium de la Cité de l’Espace ! J’ai une idée très précise en tête, avec des projections sur le dôme pendant que les artistes jouent. Et le deuxième, ça serait la Basilique Saint-Sernin. Je m’imagine quelque chose d’un peu rock voire opéra rock, décalé par rapport au lieu, qui utiliserait l’orgue. J’en demande peut-être un peu trop, non ? (rires)

Il y a aussi des lieux plus atypiques mais desquels j’ai plus de mal à me faire une représentation mentale car ils sont fermés au public. C’est le cas des sous-terrains sous la place Saint-Pierre ou encore la station de métro fantôme Niel. Ma bouteille est jetée à la mer, sait-on jamais !

Quel est le clip que tu as tourné dont tu es la plus fière ? Celui que tu nous inciterais à regarder pour valoriser ton activité ?

Je dirais les clips réalisés avec les Twin Souls et avec Datcha Mandala. C’est très subjectif parce que ça ne repose pas que sur de la satisfaction face au résultat. J’ai vécu des moments humains forts lors des tournages avec ces deux formations. La rencontre et l’échange ça pèse aussi lourd dans la balance que le rendu en lui-même.

On imagine que ces journées de tournage doivent être remplies d’anecdotes ! Tu en aurais une en particulier à nous raconter ?

Avant de répondre, j’ai lu l’interview de Jeremy de Nuance Records avec qui je travaille sur les sessions Opus. J’étais un peu jalouse parce qu’il m’a piqué mon meilleur souvenir Opus (rires) ! Clairement, la session avec Beach Scvm au skatepark des Ponts-Jumeaux était un moment hors du temps. C’était le rêve adolescent qui se réalisait … avec quelques années de retard : filmer du punk-rock dans un skatepark. Pour l’anecdote, je vous laisse lire l’interview de Jeremy.

Mais c’est vrai que chaque tournage a son lot d’anecdotes et de souvenirs incroyables. On est en train de relancer le blog de Bibam et une newsletter au format fanzine papier, intégralement faite à la main. Peut-être que dans les mois à venir j’ouvrirais une section pour raconter toutes ces anecdotes !

Opus est un média de découverte musicale : quelles sont les pépites que tu aimerais nous faire découvrir ?

Malgré sa physionomie atypique, 2020 a été une année de belles découvertes musicales. Ce qui tourne en boucle chez moi en ce moment, c’est Krav Boca, Shaken Soda, Renarde, Oz, Marty Went Back et Heeka. Ce sont tous des coups de cœur humains et musicaux !

Question rituelle : si tu pouvais imaginer ton festival idéal, il se passe où, comment, et tu fais jouer qui ?

J’ai un budget illimité ? Je fais vraiment ce que je veux ? Aujourd’hui, mon festival idéal c’est simplement un festival où l’on pourrait enfin se masser ensemble devant des crashbarriers devant des concerts suintants. Avant 2020, j’aurais été sûrement exigeante. Je vous aurais parlé d’un festival itinérant, de scéno à base de feu/de pyrotechnie et peut-être même de choses plus délirantes comme des artistes qui arrivent avec des montgolfières floquées à leur image !
Pour ce qui est des artistes, c’est dur de faire un choix. Quand je réaliserai mon festival idéal, prévoyez juste plusieurs semaines de semaines de congés parce que lineup risque d’être long (rires).

Merci Céline ! Et merci pour ton engagement avec nous pour ces sessions ! Je profite de cette conclusion pour remercier Rémi Pratviel qui participe aussi au projet Opus Sessions.

Interview réalisée par Rémy

 

Créateur d’Opus, Rémy est à la fois rédacteur et photographe dans notre media. Un mélomane qui écoute aussi bien du rock que du rap ou de la pop, et qui aime fouiller la scène locale.
C’est également lui qui gère le projet Focus d'Opus