Catfish : « Un duo, c’est plein de contraintes, mais qui sont très créatives »

À quelques heures de leur concert au Connexion Café le 21 novembre, on a pu rencontrer Damien et Amandine, les Catfish. Une première date toulousaine, qu’on a immortalisée avec une session acoustique, réalisée par Ypok (à voir à la fin de l’article).

Bonjour Catfish et bienvenue à Toulouse. C’est une première pour vous ici non ?

Damien : Ouais ! Une première et on est très content de venir à Toulouse !

Ce qu’on aime bien dans votre son, c’est qu’il est vintage et à la fois moderne : comment on crée un son comme ça ?

Damien : Tout simplement parce que dans ce qu’on écoute y’a des trucs vieux et des trucs récents (rires). C’est vrai qu’on a une vraie attirance pour un certain blues, des années 20, mais pas que. Des mecs comme Skip James, ce genre de choses. Et puis aussi une vraie attirance pour des trucs comme The Kills, plus ancrés dans l’époque et c’est ce qu’on veut faire. On ne veut pas s’enfermer dans un style qui soit pur blues, on veut donner notre lecture de cette musique-là !

C’est peut-être aussi le blues rock qui est indémodable ?

Damien : Ouais bah de toute façon cette musique, et tu le vois avec tous les courants qui émergent, tous les groupes qui se nourrissent de cette musique : ça n’arrête pas d’évoluer en fait ! Et c’est ce qui est chouette dans le blues.

Vous jouer ensemble depuis une dizaine d’années, vous êtes maintenant pour Catfish en duo : rester à deux c’est une volonté ou vous avez déjà hésité à agrandir l’aventure Catfish ?

Amandine : Déjà Catfish est un projet très différent de ce qu’on faisait avant. Disons qu’on n’est pas plus que deux : on a décidé de créer un truc complètement à part et là il nous était important de défendre le premier album à deux, parce qu’on l’a créé à deux, on l’a défendu à deux sur scène jusqu’au bout on voulait rester en duo. Maintenant, sur le prochain album, on sera pas contre intégrer éventuellement d’autres musiciens, on verra on ne sait pas encore, on cherche !

Damien : De toute façon, on fait en fonction de ce qu’on a envie de faire et la fin justifie les moyens comme on dit (rires).

Composer à deux, on imagine que c’est plus simple !

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Damien : Carrément ! (rires)

Amandine : Complètement, c’est carrément pratique !

Damien : C’est presque la liberté totale

Et du coup qui est le poisson et qui est le chat ?

Damien : Ah on a un débat au sein du groupe, on n’a pas résolu le truc

Amandine : C’est un mystère ! (rires)

Parmi les différents instruments ou objets que vous utilisez, l’harmonica, le bottleneck et la washboard, lequel symbolise le plus le blues pour vous ?

Damien : Ah le bottleneck je pense ! Mais c’est vrai que ce sont, comme tu dis, des objets ou des instruments qui viennent vraiment de ce milieu-là. Moi j’aime beaucoup la guitare slide donc ouais le bottleneck !

Amandine : En tout cas moi aussi c’est l’un des objets du blues qui me plait le plus aux oreilles !

En écoutant Muddy Shivers, on a l’annonce de concerts énergiques…

Damien : C’est ça, on défend un truc très énergique, quelque chose qui sort vraiment des tripes sur scène ouais !

Amandine : La batterie est au centre de nos préoccupations dans Catfish donc effectivement en concert ça peut que donner quelque chose de très primitif et qui fait juste opiner du chef assez facilement quoi !

La batterie justement venons-y ! Une batterie éclatée : c’est un concert que vous avez vu quelque part, une idée qui est venue en répét’ ? Comment est née cette idée ?

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Damien : Bah en fait c’est presque l’idée de base du projet ! On voulait faire un son qui soit vraiment massif tout en restant deux… D’où le besoin de partager les tâches aussi en fonction de ce qu’on pouvait faire : moi je joue de la guitare, il me reste mes pieds, donc je fais de la grosse caisse et Amandine a ses bras elle fait de la caisse claire… C’est ça aussi qui est chouette dans le fait d’être à deux, c’est plein de contraintes, mais qui sont très créatives et qui poussent à détourner les trucs et à chercher des moyens de faire qui sont différents.

On parle beaucoup de la batterie, mais on va faire un catfish-70petit focus guitare : tu joues sur une Gretsch…

Damien : Ouais j’utilise aussi avec une acoustique, mais c’est vrai que j’aime bien les Gretsch parce que c’est des guitares qui sonnent et qui sont belles, j’aime bien le côté visuel des choses. C’est pas essentiel, mais ça compte beaucoup. Et les Gretsch délivrent un son qui correspond bien à ce qu’on veut faire : elle peuvent aller très bas très grave et aussi envoyer un boulet, qui est nécessaire dans notre formation..

On t’imaginait avec une Strat ou une Télécaster…

Damien : Non non, et je ne saurai même pas quoi en faire en fait (rires)

Tu es d’ailleurs aussi multi-instrumentiste Amandine ?

Amandine : Ouais je découvre un peu ce monde-là. Je viens de m’acheter une nouvelle basse, enfin une nouvelle vieille Framus dont je suis très contente mais qui a besoin de quelques réglages !

On parle beaucoup de votre énergie, mais on retrouve aussi de la douceur dans Muddy Shivers : Drag you Down, Hold On ou Not Alone. Comment cette transition entre énergie et douceur s’opère sur scène ?

Damien : Sur scène ces morceaux apportent aussi une respiration, ça fait du bien tu vois parce que c’est vrai qu’on a beaucoup de morceaux très énergiques… Ces morceaux plus doux permettent au public et à nous de calmer un peu le jeu et de reprendre une bouffée d’air ouais !

On a vu que vous étiez en pleine écriture de votre deuxième opus… Vous en êtes où en terme de couleur musicale, peut-être avez-vous déjà une ligne directrice et un nom ?

Amandine : On est toujours en train de chercher des nouvelles idées, des nouvelles sonorités, des choses pour faire évoluer notre duo ! Justement en étant que deux on est vite limité donc il faut toujours chercher la nouveauté pour arriver à surprendre l’auditeur quoi ! On a quelques compos qui sont en cours, mais on ne peut pas dire qu’on en soit à chercher le nom de l’album (rires)

Damien : Ça commence à s’affiner, mais la définition de ce que va être le son du prochain album et quelles sont les évolutions qu’on va pouvoir avoir… On veut un son qui soit cohérent avec le premier album, mais aussi quelque chose qui évolue.

Et vous serez donc peut-être plus que deux alors !

Damien : Pour l’instant on réfléchit tout à deux. Mais après on verra !

On s’est amusé à créer des duos qui pourraient être proches de Catfish et on aimerait savoir lequel vous correspondrait le mieux : en français Izia Charlie Winston, ou des choses plus dingues comme Dan Auerbach avec Anna Calvi ou Jack White et Alison Mosshart…

Damien : Les deux derniers ! Sûr !

Amandine ! Ah ouaiiiiis (rires)

Damien : Si je peux être Anna Calvi et qu’Amandine veut être Dan je prends ! (rires )

Amandine : Bon allez ok je veux bien être Dan !

Et on en arrive aux questions rituelles : dans un festival idéal, avec qui vous partagez l’affiche ? Mais par contre nos duos imaginés sont interdits !

Damien : Ah merde

Amandine : Ah non, mais alors ça, c’est facile aussi ! (rires )

Sauf si ils sont incontournables…

Damien : Franchement les 4 derniers que t’as dis sont complètement incontournables ! Mais dès qu’on nous pose ce genre de questions y’a tellement de noms qui fusent !

Amandine : Ouais je pensais par exemple à Robert Plant sinon ! En plus on a fait les Eurockéennes avec lui cet été, bon après évidemment on ne l’a pas forcément croisé (rires).

Damien : Ah tiens Nick Cave aussi !

Et ce festival se passerait où ?

Damien : Nous on habite un coin joli qui est plein de lacs, de montagnes… Ça peut être un cadre bien chouette !

Un petit Woodstock dans le Jura ! Et pour finir, vous avez quelques artistes à nous faire découvrir ?

Damien : Alors on n’est pas très d’accord sur ce sujet (rires), mais moi j’ai découvert Bigott y’a pas longtemps et j’adore, un artiste espagnol que je trouve vraiment excellent, une espèce de pop farfelue

Amandine : Et je te proposerais un mec avec qui on a joué y’a pas longtemps, un suédois, Bror Gunnar Jonsson, c’est pas facile à prononcer hein ? Mais par contre pfff la musique ! Il commence à être de plus en plus connu, il a plein d’articles dans des médias nationaux ! Blues rock aussi, un homme orchestre vraiment à découvrir !

Merci à vous on va aller écouter ça… On vous retrouve tout à l’heure juste après les Sound Sweet Sound.

Damien : Merci à toi, ciao !

crédit Photos et Vidéo : Ypok

 

Rémy

Créateur d’Opus, Rémy est à la fois rédacteur et photographe dans notre media. Un mélomane qui écoute aussi bien du rock que du rap ou de la pop, et qui aime fouiller la scène locale.
C’est également lui qui gère le projet Focus d'Opus