Choléra Cosmique : “J’aime l’objet musical, et s’il est en plus fait main, ce qui inclus une certaine fragilité avec ses défauts, ca me fait craquer”

A l’heure du streaming et des vinyles, certains font de la résistance : Choléra Cosmique travaille le format CD ! On a posé quelques questions à JR, gérant de ce label qui travaille des musiques sombres, en disques faits main en éditions limitées…

Bonjour JR ! Comment est né Choléra Cosmique ?

J’ai toujours des projets qui gravitent autour de la musique et là je me suis dis : tiens, nouvelle vie en arrivant à Toulouse, nouveau départ, ne connaissant rien ni personne ici j’ai besoin de me créer une famille. Quoi de mieux que de se la créer autour de la musique ? Et voilà Choléra Cosmique !

Avec combien d’artistes travaille le label et comment sont-ils choisis ?

Aujourd’hui nous avons 6 sorties donc 6 projets . Et un peu plus de programmés pour les mois à venir. Je fais pas mal d’écoutes de nouveaux albums, si ca correspond à l’univers de Choléra, c’est-à-dire une musique aux teintes sombres, et que très subjectivement ca me plait, et bien je propose de sortir quelque chose. C’est très spontané. Et si la personne est réceptive à la mentalité de ce projet bancal et fragile qu’est Choléra et bien zou on y va !

Des artistes toulousains dans votre catalogue ? 

Pour le moment malheureusement non, mais c’est important pour moi que ca arrive, et on est en pourparlers actuellement avec un groupe à l’univers totalement Choléra Cosmiquien !

Créer un label pour être un label conventionnel, ca ne m’intéresse pas

Votre grande spécificité, c’est la création de disques en édition limités, ou tout est fait main : pourquoi ce choix ?

Et bien créer un label pour être un label conventionnel ça ne m’intéresse pas. Je m’épanouis dans le cosmos du fait main, de l’imparfait, du fanzine et de la micro édition, étant co-créateur du fanzine musical Dépose Minute c’est une sorte de prolongement ou d’empreint logique.

J’aime l’objet musical, et s’il est en plus fait main, ce qui inclut une certaine fragilité avec ses défauts, ça me fait craquer. Je pense qu’avec le streaming la matérialisation de la musique redevient importante, mais pas l’industrielle qui se révèle encore plus impersonnelle qu’auparavant, mais plutôt l’authentique qui apporte une autre dimension à ce que raconte la musique en question. Bref je pourrais en parler des heures…

 

Pour des artistes, faire ce choix c’est un peu celui de rester dans de l’exclusivité : on est très loin de la consommation en masse de la musique streaming non ? 

Comme tu le dis c’est un choix. Nous n’attirerons pas des artistes voulant gagner leur vie grâce à la musique. Et si ça arrive ce serait une catastrophe tant ils seraient déçus. On est très clair sur ce point lorsque nous leur proposons de participer au projet. J’aimerais qu’ils puissent exploser, gagner plein de fric grâce à nous, mais ce n’est pas possible car le projet ne s’y prête pas, et notre mentalité non plus. Ce qui nous importe c’est que les artistes, tout comme nous, soyons heureux de pouvoir matérialiser leur musique en un objet atypique. Apres s’ils gagnent un peu d’argent et que nous arrivons à nous rembourser c’est le top, mais ça passe après.

Le cd c’est pour moi l’objet ultime, c’est peu encombrant, la qualité audio est top, mais qui possède un lecteur ? Haha. Le streaming est incontournable, on propose systématiquement la version digitale avec l’objet.

Ça veut dire quoi « label sombre » : c’est en relation avec des musiques ? Ou le fait d’être un travailleur de l’ombre ?

C’est surtout le choix de la couleur musicale. Je ne voulais pas me focaliser sur des styles musicaux, mais je ne voulais pas non plus que Choléra soit impersonnel. Depuis quelques années je suis plutôt dans une veine sombre, mélancolique, alors je me suis dit que Choléra irait chercher ces couleurs là. Quand je tombe sur un ou une artiste qui fait de la disco solaire, que j’adore, mais à qui je ne peux pas proposer Choléra, c’est un crève-cœur.

Quels sont les projets du label que tu aimerais valoriser tout particulièrement ? 

C’est impossible de choisir parmi toutes les sorties car c’est un tout. Mais faisons simple et partons sur la dernière, Karl Kave & Durian. Un duo suisse au talent incroyable. Karl Kave alias Carlo Onda à tellement de projets, fait tellement de choses. Il incarne à lui seul l’esthétique de Choléra Cosmique… C’est un gros coup de cœur !

Comment est-ce que tu rêves de voir évoluer Choléra Cosmique ? 

Et bien juste que ça continue sur sa lancé. On fait une nouvelle sortie par mois, je ne sais pas si je tiendrais le rythme car je fais tout à la main tout seul par terre dans mon salon donc c’est prenant, mais j’aime tellement ca. Puis j’y arrive surtout grâce à Géraldine qui gère depuis le Québec la com’ et les réseaux sociaux, aspect que je déteste mais qui est trop important. Donc oui que ca continue, que l’on continue de faire de belles collabs, et aussi que l’on trouve des lieux où les Cds puissent vivre. Des disquaires, des petits shops, galeries … D’ailleurs si vous en connaissez je suis preneur !!!

Question rituelle chez Opus : si tu imagines ton festival idéal, il se passe où et tu fais jouer qui ? Et ne me sors pas tous les artistes de ton label hein :p 

Un festival, wow, ce serait fou. J’aimerais que ça se passe dans 3 régions simultanément, la toulonnaise, la bretonne et bien sur la toulousaine. Je n’ai pas assez de vécu ici mais, malgré les fermetures progressives des lieux musicaux, j’ai largement pu sentir une énergie dingue autour de la musique. J’ai hâte que la vie culturelle reprenne pour m’y plonger sérieusement.

J’y caserais quand même les artistes de Choléra haha, mais avec d’autres groupes de la même teinte aux styles encore plus éclatés. Déjà que la prochaine sortie sera une compile « summer hit » de morceaux exclusifs de tous les artistes ayant déjà collaborés ( et pas que) c’est déjà un joyeux bordel stylistique, mais alors là un festival… ce serait génialement n’importe quoi !

Merci JR pour tes retours ! Et on va suivre ton aventure toulousaine 🙂

ITW par Rémy

Créateur d’Opus, Rémy est à la fois rédacteur et photographe dans notre media. Un mélomane qui écoute aussi bien du rock que du rap ou de la pop, et qui aime fouiller la scène locale.
C’est également lui qui gère le projet Focus d'Opus