I Me Mine : « On travaille tranquillement sur le 2e album tout en continuant les concerts »

Pendant le festival Toulouse d’été, se déroulant sur plusieurs lieux dans Toulouse du 11 juillet au 5 août, nous avons rencontré I Me Mine, un des fers de lance de la scène Rock toulousaine, avant leur montée sur scène au Jardin Raymond VI. L’occasion de faire le point avec eux sur leur actualité mais aussi de mieux connaître les membres et leurs influences.

Bonjour I Me Mine. On vous accueille après une de nos sessions acoustiques, ça s’est bien passé ?

Fred : Tout s’est très bien passé merci.

Sam : A part ces fausses notes et un enfant qui crie (rires).

Depuis combien de temps avez-vous débuté l’aventure et comment vous êtes-vous connus ?  Pourquoi avoir choisi un nom en référence au Beatles ?

Fred : Ça va faire 4 ans maintenant. On a commencé début 2012 avec les premières répets et les premiers concerts. Après on s’est connu….

Guillaume : En interim !

Sam : On avait tous des groupes différents. On jouait tous sur Toulouse. Nos projets se sont terminés plus ou moins en même temps. Et vu qu’on se connaissait des scènes précédentes on s’est retrouvé à jouer ensemble.

Fred : Sam et moi c’était notamment sur une formation Avant Mardi. On était dans une formation d’artistes avec nos groupes précédents. C’est là qu’on s’est connu.

Et du coup pourquoi I Me Mine ?

Sam: I Me Mine est un des derniers morceaux enregistrés des Beatles. C’est un hommage en fait.

Fred: c’est un hommage aux Beatles. Mais aussi au fait que, au tout début j’étais tout seul. Donc il y avait l’idée I Me Mine pour un projet solo. Ça tombait un peu sous le sens. Et puis, quand on a commencé à jouer tous les trois, ça a finalement aussi fait sens avec trois personnalités très distinctes qui forment I Me Mine.

Au vue de votre musique mais aussi de votre style vestimentaire, vous êtes manifestement influencés par les Beatles, Supertramp et même Talking Heads avec la citation de Psycho Killer « mais qu’est-ce-que c’est ?» dans la Chanson Peeping Tom… Beaucoup d’influences diverses très marquées donc. Ça vous ne vous empêche pas d’avoir votre identité propre ?

Sam: Après c’est pas non plus comme si on faisait du revival. On utilise beaucoup d’instruments modernes. Du style sampler, synthé analogique mélangés avec ce côté un peu Old School. Du coup même si on y fait référence, on tend à s’en éloigner en même temps. Avec les nouveaux morceaux, on s’éloigne progressivement de ça.

Fred: On avait un jeu entre nous sur le 1er album qui n’a pas été réfléchi. On y faisait référence un peu instinctivement. Par exemple, Psycho Killer s’est sorti comme ça, en repet. Ça nous a plu et on l’a gardé. On a créé une sorte de fil rouge de références. Après est-ce que cela impacte notre identité propre, je ne pense pas.

Guillaume: C’est vrai qu’on a adopté des looks qui font penser aux années soixante principalement la pop britannique. Après, chaque costume du groupe a une référence propre, notamment Sam. Quand on lui a mis un chapeau sur la tête, on trouvait qu’il ressemblait à Alex dans Orange Mécanique.

Je voulais vous en parlez d’ailleurs !

Guillaume: Oui, en fait, on est aussi cinéphiles. On est influencé par cet univers des années soixante. Ça nous permet de rentrer dans des personnages sur scène. Plutôt que de rentrer en short et baskets.

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Oui, du coup vous créez une sorte de mix de pop culture sixties sur scène. 

Sam: Oui et puis c’est souvent venu par hasard. Comme on l’a dit le coup de Psycho Killer s’est venu du fait qu’on cherchait à faire enchainer deux boucles de morceaux. Et vu que ça partait en folie, ça m’a fait rire de sortir ça. En rapport avec le thème du morceau qui est la folie. En fait, on s’amuse à faire des clins d’œil.

Le mélange avec la musique instrumentale et électronique est très bien géré. Pourquoi cette démarche ?

Fred: On a commencé à incorporer de la musique électronique dès le début. Comme j’ai commencé seul, j’ai fait quelques concerts avec le sampler où j’étais accompagné par des séquences. Et quand on a commencé à jouer en groupe, c’est resté. On a développé ça dans le but de créer notre identité sonore. On va vraiment mélanger les sons d’instruments acoustiques : par exemple une batterie avec des boites à rythme ou une basse avec des synthés. Aujourd’hui, ça fait vraiment partie de notre identité.

Mais même sur scène vous doublez la batterie avec des instruments électroniques ?

Fred: Oui souvent. Le mélange batterie boite à rythme c’est un truc qui m’éclate. C’est vraiment fait pour épaissir le son.

Votre enregistrement est très propre. Avec qui avez-vous bossé ?

Sam: Depuis le début on travaille avec quelqu’un qui s’appelle Serge Faubert. Il a un studio à Toulouse qui s’appelle le Studio de l’Imprimerie. Il a enregistré pas mal de groupes de Toulouse. Pour nous c’est un peu le quatrième membre du groupe. Il nous suit depuis le début et c’est lui qui tranche quand on est indécis sur quelque chose. Il nous apporte beaucoup. Il bosse très bien !

Vous vendez des supports CD et vinyle de votre album. Pourquoi les vinyles, c’est important pour vous ?

Fred: Déjà, nous on écoute tous des vinyles. C’est un support qu’on aime. En plus, c’est le beau format, avec la pochette qui rend bien. Ça fait partie de notre identité musicale. Le vinyle est un élément important des sixties.

Guillaume: On a eu pas mal de demande du public aussi.

Sam: Les gens qui écoutent vraiment beaucoup de musique vont être plus vinyle que CD. Ce sont des personnes qui vont à beaucoup de concerts. Du coup, nous on vend beaucoup pendant nos concerts.

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Vous avez beaucoup de chose à gérer sur scène pour un groupe de trois personnes. Est-ce que ça influence votre jeu de scène ?

Sam: On un côté folie, un côté dérision, un côté théâtral avec les costumes. Et on adore la pop et le côté déganté. Le tout ça donne I Me Mine.

Fred: On essaye de faire le spectacle. Après concernant le jeu de scène, on assume vraiment de jouer avec des séquences. Parce que ça nous permet de nous libérer de beaucoup de chose. Moi personnellement sur scène je vais jouer un peu de clavier, de sampler et de synthé analogique. Mais ça arrive sur des moments précis du concert. La plupart du temps je suis surtout au chant et à la guitare. Là je suis complétement libre de bouger. C’est vraiment une volonté. On ne veut pas avoir tout le temps la tête dans nos machines.

Du coup l’électronique ça casse pas un peu la spontanéité de la musique rock ?

Sam: On a cherché des solutions pour pouvoir jouer avec. Pour que la machine fasse partie du groupe et qu’on ne se sente pas rattaché à la machine. C’est une question d’arrangement.

Fred: Ca impose une rigueur mais honnêtement en regardant beaucoup de groupes, et ayant joué dans certains, je ne me sens pas plus limité en jouant avec un séquenceur que dans la musique que je faisais auparavant. Ça fait partie de notre musique. Quand on dit qu’on fait de la pop, il y a aussi ce côté où l’on va travailler des arrangements très précis et ça va assez peu bouger au final.

Sam: On aime les morceaux bien arrangés. Du coup ça nous apporte plus que ça nous enlève en fait. On est plus gagnant que perdant.

Vous avez fait une tournée en Italie, la première partie de General Electriks. Vous montez en puissance progressivement. Vous travaillez sur quelque chose de nouveau ?

Fred: Le deuxième album ! On compose mais on n’a pas encore de calendrier précis parce qu’on a un fonctionnement où l’on tourne beaucoup. Donc on ne prend pas forcément le temps d’enregistrer. On sait que ça va nous prendre pas mal de temps de composer, arranger et enregistrer. On travaille dessus tranquillement tout en continuant les concerts.

Moi: Votre premier album comprenait de 10 morceaux, vous comptez faire quelque chose de plus long ? 

Fred: Non. (rires)

Guillaume: Les morceaux risquent d’être un peu plus longs chacun mais on va garder le même nombre je pense.

Fred: Moi personnellement j’aime les albums courts.

Guillaume: Il faut qu’il rentre sur un vinyle.

Fred: Oui et en plus il faut que tu puisses l’écouter d’une traite. Un album de 40 minutes, tu peux l’écouter d’un coup. Quand je vois des albums de 13-14 morceaux, y’a toujours un ou deux morceaux pas forcement utiles dans l’album. Un album court c’est surtout une histoire de concision et de bien sélectionner ce qu’on donne. Privilégier la qualité à la quantité !

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Je reviens à ce que vous avez abordé précédemment : vous avez créé un personnage : Mad Sam, qui ressemble étrangement à Alex DeLarge, le personnage principal d’Orange Mécanique. Je ne me fais pas de film du coup ?

Sam: C’est venu un peu par hasard en fait. Je suis assez influencé par le théâtre. J’aime bien jouer sur scène. Alors quand on a mis le chapeau on a décidé de creuser cette référence.

Fred: Et on a bien forcé le trait pour le mettre plus en évidence.

Sam: La référence à pris sa forme particulièrement dans notre premier clip My Precious où le personnage c’était vraiment ça. Un personnage machiavélique.

Guillaume: On trouve ça intéressant de travailler des anti-héros, plus que des beaux gosses. On aime le côté folie dans la musique. Du coup ce personnage tombait à pic. On a une certaine jouissance malsaine à la voir maltraiter ses instruments (rire).

Sam: C’était plus facile de me transformer en anti héros qu’en beau gosse (rires).

J’ai perçu votre album comme un regard innocent sur le monde qui décrit ce qu’il voit. A l’image du deuxième morceau de l’album Life is very strange ou N4. Est-ce que c’est ça ? Avez-vous un message particulier derrière ?

Fred: …Il n’y en a pas ! (rires) Sur la plupart des morceaux de cet album ont vraiment des textes très simples. Avec une phrase que l’on répète tout le long. On a préféré faire parler la musique. Ce n’est pas tellement le texte qui donnera le sens. Après on peut dire qu’il y a une forme d’innocence, c’est vrai.

Guillaume: Il y a une progression sur l’album. De The sun behind the cloud qui est une métaphore sur l’espoir vers le dernier morceau I Want It. Le tout est une sorte de progression vers la folie, le côté infernal et machiavélique.

Sam: Le rêve devient cauchemar au fil de la progression.

Et la pochette dans tout ça ?

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Guillaume: La pochette, elle a était réalisée par Axel Clamens qui est un ami et dont le surnom est Claude Russin. On lui a donné les pleins pouvoirs sur notre pochette. A la base on voulait vraiment s’inspirer de ses œuvres à lui. Il fait des collages numériques très inspiré par le travail de René Magritte. Du coup, ça nous allait bien parce que Magritte a surement inspiré Storm Thorgerson qui est le créateur en autres des pochettes des Pink Floyd. On aime beaucoup le travail qui consiste à détourner les éléments du réel pour en faire quelque chose de surnaturel.

Sam: Il y a un côté délirant à la Monty Python aussi. Je trouve que ça correspondait bien à notre univers.

Guillaume: Axel au départ nous avait fait une proposition de pochette qui était très “rigide”, presque trop classique. Du coup on lui a demandé de changer quelques éléments et il a fini par se diriger vers quelque chose de beaucoup plus épuré qui nous a rappelé le travail de Terry Gilliam dans les Monty Piton et dans son travail graphique.

Excepté les groupes des années 60, êtes-vous influencés par des groupes actuels ?

Guillaume: Surtout Tame Impala dont le batteur est toulousain d’ailleurs.

Fred: Après, il y a un groupe que je cite tout le temps qui est pas assez connu : Late of the pier qui n’existe plus. C’est un groupe anglais qui avait sorti un album incroyable en 2008 qui mélangeait de la musique électronique avec la pop. Pour moi, c’est une vraie grosse influence dans les groupes modernes.

Guillaume: Après on a Archive, Beck…

Sam: MGMT aussi, j’adore MGMT.

Guillaume: Pour le côté électro on a Prodigy.

Sam: On écoute aussi pas mal de Hip Hop pour les prod avec Kenny West et Kendrix Lamar.

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Vous qui êtes de la scène rock toulousaine dont vous êtes des représentants… Comment vous la voyez cette scène ? 

Guillaume: Je la trouve assez florissante.

Sam: Elle se développe pas mal par rapport à il y a quelques années. En tout cas pour le rock. Avant sur Toulouse c’était surtout les musiques festives avec Zebda ou autres. Il y a un développement notamment mené par Psychedelic Revolution qui organise pas mal de concerts. Il y a pas mal de groupes de rock. On manque surtout de salles je pense, et surtout de petites salles accessibles.

Guillaume: On a une sorte de paradoxe : il y a plein de groupes qui en veulent, mais pas assez de structures pour accompagner les projets.

Oui c’est notre cheval de bataille à Opus ! Mais vous parlez surtout des salles ou des structures accompagnatrices ?

Guillaume: Un peu des deux. Par exemple des festivals rock à Toulouse, il n’y en a pas. Ou quasiment pas. Ce sont des bandes de potes qui s’organisent en asso pour organiser des concerts. Du coup, tu vois toujours les mêmes têtes aux concerts et ça attire toujours le même public.

C’est assez paradoxal d’ailleurs parce que lors de notre rencontre avec Clozee, on a discuté de la scène electro sur Toulouse et elle n’avait pas le même regard. C’est une scène qui évolue plus vite.

Fred: Oui c’est dommage. Après ce n’est pas tellement le même public.

Revenons à votre musique : vous nous avez préparé des morceaux inédits pour ce soir ?

Fred: On a quatre nouveaux morceaux qu’on jouera ce soir qui seront sur le prochain album.

Un groupe coup de cœur du moment ?

Fred: Moi pas. (rires)

Guillaume: J’aime beaucoup le groupe Wand qui mélange du stonner et du psyché, qui est un groupe américain.

Sam: Moi j’ai un groupe de Toulouse que j’ai découvert il y a pas très longtemps qui s’appelle Slift. C’est un groupe à l’influence stoner. Ils sont vraiment excellents.

Merci I Me Mine de nous avoir accordé de votre temps et on vous souhaite un très bon concert !


Interview : Nicolas
Photos : Gregory
Session acoustique : Thomas

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