[Interview] Le Weekend des Curiosités 2016 : retour aux sources et place aux découvertes !

A quelques jours de l’ouverture du festival Le Weekend des Curiosités, on est allé à la rencontre d’Antoine Fantuz, l’un des programmateurs de cet événement. Nouvelle formule, retour à la genèse du projet, part belle à la scène locale, mais aussi quelques détails sur son métier de programmateur … Antoine nous dit tout ! (crédit photo GigsOnLive)

Bonjour Antoine. Tu es le programmateur du Weekend des Curiosités. L’édition 2016 nous propose une nouvelle formule ! Moins de grosses affiches, plus de découvertes ou d’artistes émergents, un pari artistique ?

C’est un pari artistique et vraiment une volonté de revenir à l’essence du projet, présenter des découvertes, des curiosités comme son nom l’indique. C’est la sixième édition cette année, on a fait 5 éditions sur le port. L’an dernier on a eu besoin de se poser et discuter du projet. On a conclu que ce site était peut-être disproportionné par rapport à l’ambition qu’on avait, qu’on se consacrait aux têtes d’affiche, ça prenait beaucoup de temps et d’énergie, alors que le cœur de notre volonté était de présenter des groupes nouveaux.

Les têtes d’affiche prenaient le pas sur les découvertes. On était plus tout à fait en adéquation avec le projet. Faire la course à la tête d’affiche alors que sur cette période il y a de nombreux gros festivals qui ont plus de moyens que nous, c’est plus compliqué d’avoir ce qu’on veut. Donc on avait des choses qui n’étaient pas nos premiers choix même si on était très content de ce qu’on a eu, mais ce n’était pas forcément ce qu’on espérait avoir. On avait aussi beaucoup de contraintes avec le lieu, même s’il est très apprécié par le public. On avait besoin de recentrer le projet autour de sa genèse, présenter des découvertes, donc il fallait revenir sur une jauge plus petite, au moins au départ. On a diminué le nombre de jours aussi, mais avec une programmation qui ressemble plus à ce qu’on a envie de faire. J’espère que le public va suivre et apprécier. En tout cas, on est très content de ce qu’on va proposer et de la formule. Ce ne sera pas un concert au Bikini, classique, les gens vont découvrir le Bikini différemment, il y aura 2 scènes en extérieur, on circulera sur un site, comme un festival !

(Le Weekend des Curiosités 2O16 [Teaser] from Émile Sacré / VECT on Vimeo)

Une édition résolument urbaine, un gros penchant électron et hip hop : c’est le nouveau virage du Festival ou ce n’est que pour 2016 ?

C’est plus des questions d’opportunités. Après clairement, on a vu depuis le début du Festival qu’on a ce côté bass music – hip hop qui fonctionne bien. Ca plait et ça a clairement sa place à Toulouse. On a cette volonté de marquer les 2 soirées, c’est-à-dire des soirées assez différentes sur la programmation mais qui peuvent se retrouver. D’ailleurs au niveau des ventes on le voit bien, on vend autant de pass 2 jours que de places simples ! Donc les gens s’y retrouvent et veulent aussi faire ces 2 soirées.

Et oui il y a un côté urbain, plus jeune aussi et c’est une volonté ça c’est clair et ça se voit aussi au niveau du prix d’entrée, on est à 12 euros la soirée 20 euros les 2, contrairement aux dernières éditions où on était à 30 euros. Ça aussi c’est une volonté de revenir à un prix d’entrée vraiment accessible. Le côté urbain est clairement assumé.

Cette édition nous paraît plus cohérente avec les soirées des Curiosités du Bikini qui viennent rythmer l’année musicale. C’est une forme de prolongement ?

Exactement ! On a envie de créer ce prolongement. Avec l’association des Curiosités, on propose Les Curiosités du Bikini, Le Weekend des Curiosités, maintenant aussi les Soirées Plan B à Bakélite. Il y a un accompagnement des groupes en développement avec différent spots : du plus petit à Bakélite jusqu’au Bikini et sur le Festival. Ces 3 projets sont complémentaires avec un panel de propositions très cohérentes les unes avec les autres et le nom prend tout son sens !

La scène locale n’est pas mise de côté : Norma, Noir Coeur, 24078629103_5b0ff46646_kFrançois 1er, Mangabey, Alpaga, plus un tremplin local, plus un partenariat avec Progrès-Son. Y-a-t-il un vrai engouement aujourd’hui nationalement pour cette scène locale ou c’est vous qui voulez pousser ça ?

Je pense qu’il y a les 2 ! On a une super scène locale actuellement qui s’est redynamisée depuis 3 ou 4 ans. L’éclosion de groupes comme Cats on Trees, Bigflo et Oli, Kid Wise ça vient pas de nulle part ! Il y a vraiment quelque chose qui s’est passé. De voir ces groupes marcher, ça créer une émulation et donne envie à plein de groupes de jouer. Oui à Toulouse y’a des groupes qui marchent, y’a pas que Zebda, depuis eux on n’avait pas eu grand-chose.

Si on avait eu Dodoz !

Ouais Dodoz a un peu redynamisé mais ça n’a pas suivi après. Là actuellement ce sont en plus des styles très variés. En électro, par exemple, il y a tout ce qu’il se passe avec Boussole Records ! Y’a plein de choses qui se passent et pour nous c’est hyper important. Y’a un festival de musiques actuelles à Toulouse, si la scène locale n’y participe pas c’est un peu du non-sens. C’est important qu’elle soit représentée, on a envie d’accompagner cette scène-là. A chaque soirée « Curiosités » il y a un groupe local, au Weekend des Curiosités y’a des groupes locaux : on a envie d’être là et de leur proposer des spots, d’accompagner cette scène avec nos petits moyens. On veut les aider à se développer, c’est des groupes qu’on connait bien, avec qui on est en contacts réguliers, qu’on conseille aussi sur certaines choses.

Que vous faites aussi jouer en première partie !

Oui c’est ça, on les met en lien avec des tourneurs que l’on connait aussi. On a pas la structure adéquat avec quelqu’un dédié à ça, mais avec nos petites mains on essaye de le faire et c’est quelque chose qui est excitant. De voir que certains arrivent à percer actuellement c’est super !

Bambounou, Nusky & Vaati, Postaal : temps forts de cette sixième édition

Quels sont, à titre personnel, les groupes qu’il te tarde de voir sur cette édition ?

J’adore Bambounou, DJ qui représente bien l’axe qu’on veut donner au Festival c’est-à-dire qu’il est en train d’exploser partout dans le monde. En France, ça arrive mais il est plus connu en Angleterre, limite aux USA que chez nous. Pour nous il représentait la tête d’affiche qu’on voulait avoir si on peut appeler ça tête d’affiche. Donc Bambounou on l’a coché vraiment tôt. The Geek & VRV pareil, c’est un groupe qu’on suit depuis le début, qu’on a déjà vu pas mal de fois et qui prend de l’ampleur. Si on avait besoins de moteurs sur nos soirées ce sont ces genres d’artistes, après on peut mettre des projets comme Nusky & Vaati que personne ne connait encore et c’est excellent ce groupe-là je pense que ça va marquer les gens, c’est hyper original ce qu’ils font dans le hip hop actuellement. Ils montrent que le hip hop n’est pas réservé aux clichés que le grand public peut avoir.

Un peu comme cette vague qu’on a appelé alternatif en France, le hip hop blanc avec des mecs comme Fuzati, les Svinks, TTC, qui eux par ailleurs n’ont jamais vraiment percé, ils ont eu une aura mais…
[NDLR : on vous invite vivement à découvrir le docu sur le hip-hop alternatif : Un jour peut-être, une autre histoire du rap français]

Alors là eux c’est encore différent ! Nusky & Vaati ont le même look que des mecs qui font de la pop ou qui écoutent de l’électro, mais ils font du hip hop, en même temps ils jouent des guitares sur scène, ils ont beaucoup de codes liés à Internet et parlent beaucoup de Facebook et tout ça dans leurs paroles, tout n’est pas centré sur la réussite et le pognon comme c’est souvent le cas… Y’a un truc, sur scène ils ont une posture différente et je trouve ça très intéressant. Donc très envie de les voir !

Un groupe comme Postaal pareil on a envie de voir, on sent que ça peut exploser y’a des single qui sont hyper forts, des mecs qui ont chanté sur l’album de The Shoes, une voix qu’on commence à connaître. On sait pas trop ce qu’ils font tous les 2, c’est en train d’arriver, on sait qu’ils ont signé chez le nouveau label que lance BETC donc il y aura une force derrière sans savoir ce que ça va donner. En France ils ont joué quasiment qu’à Paris, donc hâte de découvrir ! Pareil Grand Blanc !

Les Curiosités c’est aussi un before : avec le Red Bull Boom Bus GRATUIT le 26 mai ! C’est quoi le concept ?

L’idée, à Bakélite et pour le Before, c’est de multiplier plusieurs événements en amont du Festival pour faire parler du Festival. Un peu comme des outils de promo, des soirées gratuites, en ville, c’est important ça aussi parce qu’on n’est pas en centre-ville. On préfère communiquer comme ça en proposant une soirée pour le Before avec Red Bull le 26 mai. Eux ils ont un outil qui est génial, le Boom Bus, en gros un camion tu sors du coffre la sono, les platines, clés en main tu t’installes où tu veux et tu joues. L’an dernier on était sur les Allées Jules Guesde, c’était super cool, cette année on a un spot génial au Quai de l’Exil Républicain Espagnol. Un endroit que les gens ne connaissent pas trop à Toulouse, magnifique et peu exploité, y’a la Grande Roue l’été. T’es au bord de la Garonne, on est hyper content d’être là. Y’aura un food truck, les gens pourront manger, boire un coup et écouter de la musique. Nous on est là pour parler du Festival, expliquer ce que ça va être en écoutant des DJ qui sont à l’image de ce que va être le Festival.

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C’est vrai qu’on voit beaucoup Red Bull, notamment dans les soirées électro !

Ils ont un positionnement qui est intéressant, ils sont présents mais visuellement ils savent assez intelligemment se positionner. Avec la RBMA (NDLR : Red Bull Music Academy) ils font un travail très intéressant. Se sont des gens avec qui on travaille assez régulièrement, ils nous ont toujours suivi sur le Festival et nous mettre cet outil à dispo c’est parfait !

On a aussi eu la soirée avec Clutch à l’Espace Bonnefoy, c’est super ! Y’a aussi le concours avec le Crédit Agricole, des showcase place Wilson, on va aussi en faire au centre commercial Labège II avec Ruby Cube, Norma en showcase chez Gilbert Joseph… Des petits événements comme ça en amont, faire parler du festival, se faire plaisir, mettre en valeur les gens avec qui on travaille qui nous soutiennent et nous permettent de faire le Festival, c’est un juste retour aussi et je trouve que c’est bien de multiplier ces petits événements, ça met dans le bain !

Quel est ton plus beau souvenir sur ce Festival ?

C’est compliqué… C’est vrai que Woodkid (2013) avait était un moment magnifique. Le lieu se prêtait vraiment à son spectacle. Moi j’ai un très bon souvenir de I Am Legion (2014) (NDLR : I Am Legion est la fusion réussie de Noisia et Foreign Beggars) et de leur bass music. A Toulouse qui est une ville qui aime beaucoup la bass music, voir ce show, cette foule qui sautait comme des tarés, en plein air devant 4 000 personnes, c’était assez phénoménal ! Après au vide grenier on a toujours des bons moments, La Femme l’an dernier, Groland et Moustic, c’est des supers moments c’est le dimanche on finit le Festival on lâche un peu prise et toute l’équipe est là on boit des coups, en général il fait beau en plus !

C’est pas forcément le cas sur le Festival (rires) je me rappelle d’une soirée avec Anakronic Electro Orchestra…

Ouais cette soirée avait été un peu dure ! Pas que des bons souvenirs, mais bon forcément quand tu fais du plein air…

Programmateur : « composer le puzzle avec les pièces que tu as déjà »

Quand on est programmateur, y’a encore des groupes qu’on rêve de faire jouer ? Donne-nous quelques noms !

Oui ! Surtout sur cette formule-là y’en a plein, c’est difficile de t’en citer. C’est clair que si cette formule prend et plait au public, on va pouvoir faire des choses superbes ! Il nous faudra comme je te disais des moteurs comme Bambounou, Wilkinson… On sait qu’ils vont drainer du public et à côté y greffer plein de trucs.

Un peu comme fait Les Siestes Electroniques, même si c’est différent et gratuit, sans annoncer sa programmation, mais le public suit ?

C’est différent c’est un festival qui est installé déjà depuis longtemps. Une super image, ils ont toujours fait des super prog’ regarde ce qu’il s’est fait il y a 10 ans ! Il y en a qui ont explosé entre temps. Même des fois tu y étais mais tu sais même pas que t’as vu ce groupe et t’hallucines ! Ils ont réussi un truc génial,  avoir autant de monde sans annoncer la prog’ c’est couillu mais c’est génial. Je ne pense pas qu’on en arrive là (rires) mais dans l’esprit…

Oui dans l’esprit, c’est pas grave vous connaissez pas les noms mais embarquez avec nous !

C’est ça ! Quand tu fais la programmation le kiff c’est ça. Que les gens te fassent confiance et qu’ils te suivent les yeux fermés c’est génial.

Si tu avais, hors du festival, 3 artistes à nous faire écouter ?

Dans des styles différents… Des trucs qu’on écoute en ce moment… Moi je viens de recevoir le vinyle aujourd’hui d’un groupe américain, Meatbodies, avec un mec de Fuzz dedans, Rock Garage j’écoute beaucoup ça en ce moment ils ont fait une tournée en France ils sont pas passé à Toulouse mais par exemple à La Paloma (Nîmes). Un putain d’album qui est sur le label In The Red avec Ty Segall, Fuzz et toute cette scène-là.

En électro… C’est pas facile !

Allez voir Boussole…

Oui, j’en fais partie (rires) donc j’invite les gens à aller écouter ! Après j’aime beaucoup des labels comme ClekClekBoom J’aime beaucoup Nowadays super label aussi ! Plein de choses se passent en électro en France, notamment grâce à Concret Music, le mec qu’on a fait venir S3A à la dernière soirée Boussole c’était génial ! Tout se qui se passe sur Rinse France, y’a le player sur Internet et le replay de toutes les émissions. Y’a au taquet de DJ dans tous les styles différents, une super effervescence, tu découvres plein de mecs sur ces radios.

Pour finir, on interroge rarement des programmateurs. Toi tu es le programmateur du festival. Tu peux nous faire un schéma rapide de ton taf en amont, pendant et après le festival : à quoi ressemble ton travail pour ceux rêvent de devenir programmateur ?

Par rapport au Festival, surtout avec cette formule c’est intéressant, on a tout à construire. On travaille à deux avec Samuel Capus de Bleu Citron. Les patrons sont aussi avec nous, on leur fait valider mais ils nous font vraiment confiance sur ça. Sur un festival, tu construis des plateaux. Comme on l’évoquait, il faut souvent un moteur. On est sur de la découverte donc t’as envie de faire découvrir un maximum de choses aussi… Il faut arriver à construire un plateau intelligent, tel artiste ramène du monde donc derrière je peux mettre tel artiste… Surtout sur cette formule là où on commence très tôt et fini très tard, il faut faire monter, un peu redescendre puis remonter, c’est intéressant à prendre en compte. On jongle aussi entre du live et du DJ.

Ça passe par beaucoup d’écoutes. Souvent les idées on les a déjà plus ou moins. C’est aussi très lié à des relations avec des tourneurs, managers, maisons de disques… Avec tous ces gens on communique très régulièrement, on s’envoie des news, des nouveaux projets, on écoute beaucoup tout ce qu’il se fait et c’est important de suivre ces révélateurs-là, tu sais que si tel mec va là-dessus ça va surement marcher. Un truc qui sort de nulle part et qui marche d’un coup c’est quand même très rare ! T’as souvent un tourneur ou une maison de disque qui s’est positionné rapidement et te fais passer l’info.

Ca demande un gros travail de défrichement aussi !

Oui il faut défricher, être intelligent, faut aussi quand tu programmes mettre tes goûts de côté et arriver à te mettre à la place du public. Te dire qu’en ce moment, y’a ça qui marche et qu’il va falloir aller dedans. Mais il faut que ces gens qui aiment ça écoutent autre chose. Il ne faut pas aller que dans la facilité ! Il y toujours quelques trucs un peu « facile » mais bon, quand tu t’appelles le Weekend des Curiosités il te faut aussi un truc un peu différent ! Il faut aussi réfléchir à l’enchaînement, ne pas mettre un groupe qui va bastonner musicalement sur scène, avant un autre qui sera un peu plus tranquille, même s’il a plus de notoriété. Il faut le juste enchainement pour aller jusqu’au bout.

Donc globalement ça se passe comme ça, beaucoup de réflexion, des coups de fil, tu deal les prix, t’as une enveloppe au départ il faut pas la dépasser et si tu fais moins c’est tant mieux. Faut aussi trancher par exemple : le samedi on avait plus de groupes électro, il a fallu trancher, sur la fin on avait plus de propositions live, il a fallu équilibrer car on voulait faire moitié moitié chaque soir entre live et djset. Le samedi Grand Blanc, Postaal, François Ier, Jacques tout doucement ça va monter et ça sera chouette ! L’idée aussi c’est d’avoir des cases pour des groupes locaux, c’est bien d’avoir un international aussi. Il faut rentrer plein de curseurs, trouver et finir le puzzle comme il faut. Les pièces tu les as, il faut recomposer le puzzle et si tu le refais en entier normalement t’es bon ! On verra si le public adhère !

Pour finir, Opus on est en train de s’organiser pour faire des showcase découvertes… Bientôt un partenariat avec le Bikini ?

Allez écoute pourquoi pas ! Il faudra nous présenter le projet mais en plus avec la scène locale, carrément ! Dès qu’il y a des choses enregistrées ici on veut les relayer. C’est super le travail que vous faites, c’est chouette que la scène locale soit relayée. Ca passe aussi par là le succès de la scène locale, il faut que des gens comme vous s’y intéressent et en parle aux gens ! En ce moment des bonnes choses se passent, dommage qu’il n’y ait plus La Dynamo parce que c’est essentiel des salles de cette jauge, j’espère qu’ils vont y arriver !

On leur souhaite aussi. On te remercie et on se dit au festival puisqu’on sera là pour couvrir tout ça !

Merci à vous

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Interview réalisé par Thomas, préparé et retranscrit avec Rémy

Créateur d’Opus, Rémy est à la fois rédacteur et photographe dans notre media. Un mélomane qui écoute aussi bien du rock que du rap ou de la pop, et qui aime fouiller la scène locale.
C’est également lui qui gère le projet Focus d'Opus