Yous MC :  « Le rap est en train de donner naissance à la nouvelle chanson française, à la nouvelle pop française »

C’est aujourd’hui le 10 août que le rappeur toulousain Yous MC sort un nouvel enregistrement, Kares. Un projet plus qu’un album comme il nous l’explique ! Cette sortie, ses débuts dans la musique, on a posé quelques questions à cet artiste qui fait partie de nos pépites locales ! 

Bonjour Yous MC. Tu viens de sortir un nouvel album. Avant d’en venir à cette actu, comment tu as rencontré le rap ?

Salut ! Merci pour l’invitation ! Alors ce n’est pas un album, c’est juste un espèce de « rendu de fin session » tu vois ? J’ai passé 10 jours à le faire, écrire, enregistrer, mixer… Et je le sort dans la foulée sans trop réfléchir, du début à la fin c’est du spontanée. Sinon j’ai rencontré le rap sur un cd gravé ou il y avait marqué « Eminem : The marshall mathers LP » en 2000.

Après le rap, t’es passé par un groupe de rock / ska… Tu ressors quoi de cette expérience de groupe ? 

Une première expérience, humaine, musicale, scénique. Du bon, du mauvais, une première quoi !

La suite, c’est Dawa Deluxe. C’est là que tu t’es dit que la musique c’était un truc qui pouvait devenir sérieux ?

J’ai jamais pensé que ça pouvait devenir sérieux, honnêtement. Mais j’aime pousser mes délires, voir jusqu’où je peux aller artistiquement, alors je le fais sérieusement.

Avec les Dawa c’était et ça restera toujours pour le kiff, le kiff mais sérieux. Et le but c’est uniquement de faire de la bonne musique. Alors sérieux ou pas, en vrai j’écris des « chansons » depuis mes 9 ans, j’en ai 26, je pense que ça restera toujours un peu présent cette histoire.

J’ai découvert ton rap avec Mini éléphanteau. C’est un morceau qui te raconte ou c’est totalement imaginaire ? 

Oui je pense qu’il me raconte un peu voir même pas mal, mais bon c’est un peu tout le monde aussi non ? Après, tout l’imaginaire des éléphants ça vient de mon équipe Air de Zoo, l’assoc’, la base.

Les noms de tes projets sont toujours très courts : Y, X, <3. Avec Kares tu changes de façon de les nommer.  Pourquoi ?

En vrai, je crois que j’ai du mal avec les noms d’album, c’est un peu «le cahier bleu, le violet, le rouge…» dedans il y a des morceaux mais après, le nom qui claque et qui fédère tout ça à mettre sur le cahier en gros et bien écrit… Bah je sais pas, c’est mystérieux. Alors je met des noms mystérieux (rires). Pour Kares c’est tout simplement le nom de la prod’ du morceaux. Tu vois parfois j’ai la flemme aussi (rires).

Tu as écris ce projet en seulement une semaine comme tu nous a dit. C’est un sacré challenge non ? 

À aucun moment c’est un challenge ! Si je challenge la chose je le sors pas comme ça, j’attends et ça se perdra surement sur mon disque dur.

Non je vais t’expliquer : je voulais refaire des voix pour mon prochain album, ça faisait peut-être 4 mois que je n’avais rien écrit. Pas très bonne période artistique… Je me dit que m’exiler un peu du centre pour travailler c’est pas une si mauvaise idée. Donc je m’en vais sur la colline d’en face pour accomplir ma destinée. Mais ça ne s’est pas vraiment passé comme prévu. Je me suis remis à écrire direct. La magie (rires). Du coup je me suis fixé sur ça, j’en ai profité, j’étais seul dans mon monde. Que du kiff en fait, vraiment aucun challenge.

La première belle découverte de ce projet, c’est Une lune pour deux. Une chanson d’amour. C’était aussi le thème de Je t’aime et j’ai peur qu’on avait adoré ! C’est un thème que tu aimes aborder ? 

J’aime bien l’aborder, ça fait de belles chansons. Mais je parle de pleins d’autres choses aussi hein !

Un autre morceau ressort à l’écoute. Tout doux doom. Avec une instru très entrainante ! Ce morceau ressemble clairement à un tube ! Tu peux nous le décrire ? 

C’est un premier test ! J’ai vraiment jamais posé sur ce genre de vibes totalement house et solaire. Je passais des prod’ un soir, en boum ! Cette chose arrive. J’ai pas controlé grand chose, j’ai écrit, enregistré, bref comme d’hab.

Et toudoudoum ça fait un morceau. En vrai je me suis laissé guider par la prod’, ça serait mentir que de dire « je voulais ramener une touche dansante et fruitée au public, avec un look hyper intrusif mentalement afin d’équilibrer la tracklist ». Nan c’est plus simple 🙂

L’écoute commence avec le premier titre qui s’appelle… WC : c’est un peu osé non ? 

Je sais pas, tu trouves? Boh on s’en fiche en vrai. Je savais pas comment l’appeler. Et puis j’avais cette superbe photo de chiottes de chez les Dawa et je savais pas quoi en faire, l’occasion était trop belle.

“Ouais je chante… On va dire que je sifflote”

La guitare est très présente sur les instrus de cet album. On peut imaginer un live avec des musiciens sur scène ? 

Imaginons-nous oui ! Vous organisez des trucs avec opus non ? (rires) Bien sûr que dans l’idéal je serait avec des musiciens sur scène. Mais je suis pas sur scène !

Je joue quelque fois avec Sanka en acoustique, mais trois quatre morceaux comme ça. On fait beaucoup de musique ensemble, mais pour nous. C’est peut-être pour ça que la guitare est aussi présente sur l’EP. C’est l’été aussi, les chemises, la guitare et le soleil.

Tu fais partie de ces rappeurs qui chantent. C’était assez rare il y a quelques années et c’est devenu une sorte de mode en 2017 et 2018. Tu vois ça comment toi ?

Ouais je chante… On va dire que je sifflote !! Je pousse la mélodie c’est tout, mais je suis loin de la technique et la maitrise d’un chanteur ou d’une chanteuse. Parfois la note est fausse, c’est pas grave, c’est que du rap !

Sinon pour ce qui est de la mode… Un des derniers tabou du rap est tombé ! Moi je trouve ça bien, c’est pas qu’une histoire de chant, c’est plus vaste. Le rap est en train de donner naissance à la nouvelle chanson française, à la nouvelle pop française. Ça tue ! Attention j’ai pas dis que le rap le devenait, mais qu’il donnait naissance au truc.

Non en vrai c’est la fête, l’auto tune, ça parle d’amour, de fête, fragile et passionné… Du coup même dans le rap pure et dur ça c’est adoucit musicalement, et c’est pas plus mal à mon goût. Et moi dans tout ça c’est con mais j’ai suivi le troupeau. Du moins ça m’a fait assumer ce que j’ai timidement esquissé sur mon premier album Y.

Après la sortie de Kares, à quoi va ressembler ton année ?

À vivre et à finir l’album.

On a cru voir que tu avais aussi un petit frère dans la musique. Tu peux nous en parler ? 

Oui ! Il s’appelle Rayane.  Je vous laisse découvrir, mais sachez que je pourrais écrire beaucoup sur son talent !

A part lui, quels sont les artistes que tu aimerais nous faire découvrir ?

Samal. Samal c’est mon pote, mais plus que ça, c’est un artiste qui me touche, m’inspire, me frappe, fort ! Et c’est un peu à cause de lui que j’ai écris Kares, il m’a filé ses maquettes qui m’ont encore une fois retourné, et je me suis mis à écrire. Du coup cet EP lui ai dédié (rires), je lui ai pris pleins de flow, de tournures de phrases, c’est ma grande inspiration. Mais trêve de compliments !

Sinon j’aimerais bien que les gens écoutent mes potes : Gre&d pour les ténèbres, L’Erreür pour le poète, StickyFonk pour le kickage, Agathe Da Rama pour le blues, Stick pour les ténèbres encore, Goune pour les heures de colles…

Si tu imagines ton festival idéal, il se passe où et tu fais jouer qui ? 

Je fais jouer Nougaro et Bob Marley avec The Roots en backing band à Montgiscard !

Merci Yous MC et à très bientôt, peut-être sur un live acoustique Opus alors (rires)

Merci à toi ! Quand tu veux 🙂

Rémy

Crédit photo rem bsn
Retrouvez Yous MC sur Facebook et Instagram
Ecoutez Kares sur Youtube Bandcamp et Soundcloud

Créateur d’Opus, Rémy est à la fois rédacteur et photographe dans notre media. Un mélomane qui écoute aussi bien du rock que du rap ou de la pop, et qui aime fouiller la scène locale.
C’est également lui qui gère le projet Focus d'Opus