Agathe Da Rama : Un projet blues folk « avec des textes personnels»

Pour notre première interview en collaboration avec Radio Néo, on est allés à la rencontre d’Agathe Da Rama. Ce nouveau projet blues folk toulousain vient de sortir un premier EP qu’on a dévoré : 7 Times. Rencontre avec Agathe et Joris qui nous dévoilent les dessous du projet et ses étapes à venir…

Vous pouvez écouter le Replay de l’interview sur Néo ici

Bonjour Agathe et Joris. Pouvez-vous d’abord nous présenter ce projet ?

Agathe : Avec grand plaisir ! Agathe Da Rama, c’est mon nom dans un premier temps. C’est un projet que j’ai initié il y a 3 ans mais ça restait un peu dans mes placards, c’était juste moi, toute seule avec ma guitare. Et puis après je me suis entourée de musiciens très talentueux comme Joris ici présent.

Joris : Bonsoir !

Agathe : On a tout réarrangé, on a tout monté à 4. C’est un projet folk blues aux accents un peu trip hop et psychédéliques pour ceux qui ne connaissent pas et qui voudraient en savoir un peu plus.

Comment s’est faite la rencontre avec les musiciens ?

Agathe : Est-ce qu’on commence par l’anecdotique ? Joris je te laisse raconter (rires).

Joris : C’était un jour où j’étais sur un banc en train de jouer de la guitare dans un parc. Agathe était en train d’écrire un morceau un peu plus loin dans le parc, elle m’a entendu et elle est venue vers moi pour me proposer de boeufé. Moi je ne lui ai pas prêté la moindre attention jusqu’à ce qu’elle s’impose physiquement devant moi. Petit à petit on s’est mis à jouer, elle a fini par percer mes défenses de mec autiste sur une guitare (rires). On s’est mis à discuter et quand on s’est quittés on avait 2 projets ensemble.

Agathe: Pour ceux qui connaissent VALD, « il a pas dit bonjour » je vous laisse deviner la suite (rires). C’était assez drôle, on s’est bien marrés on a boeufé ensemble toute l’aprèm, et Tom qui est le percussionniste de l’EP nous a rejoint et suit le projet depuis ses débuts. Guillaume Gendre nous a rejoint à la contrebasse peu de temps après.

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Crédit Louis Derigon

Concernant les compositions, tu les as travaillé avant l’arrivée des musiciens ou avec eux ? 

Agathe : Justement, chronologiquement, ce sont des compositions guitare-voix qui ont 3 ans. Tout le réarrangement on l’a fait sur cette dernière année, 2015- 2016 : les morceaux ont bien changé depuis les petites maquettes que j’ai fait sur mes téléphones et mes ordis.

Joris : Pour nous les musiciens, ça a été un challenge parce qu’on est arrivés sur un truc qui était déjà en cours et où il y avait déjà une identité musicale qui était très forte. Il a fallu se l’approprier sans le dénaturer, ça a été tout l’objet du travail qu’on a fait pendant un an. Je crois qu’on s’en est sortis.

Agathe: A vous de nous le dire !

Votre premier EP a déjà en quelque sorte rencontré son public, puisque vous avez lancé avec succès un financement participatif : c’est déjà une belle reconnaissance non ?

Agathe : Un grand, un très grand merci ! il y a eu plus de 100 contributeurs sur Ulule, ce qui nous a permis de récupérer une belle somme et de pouvoir enregistrer l’EP au Studio de l’Imprimerie avec Serge Faubert qui a aussi enregistré Kid Wise, I Me Mine notamment. On a pu le faire mixer et on l’a envoyé au mastering à Globe Audio a Bordeaux. On a une belle jaquette, un beau packaging, tous les contributeurs nous ont permis d’y accéder un peu plus facilement.

Quand on est musicien, qu’on se lance dans le financement participatif, comment on se sent ?

Agathe : Alors déjà c’était la première campagne de crowdfunding qu’on lançait. Je ne vous raconte pas les plaques d’eczéma qui sont arrivées sur mes bras à ce moment-là (rires). Parce qu’on s’occupe de toute la com’, on n’avait rien sorti encore, juste notre session acoustique de Sleeping Beauty que vous pouvez retrouver sur youtube et sur Opus (rires). On partait vraiment avec rien, juste un peu de teasing sur les réseaux sociaux et c’est tous les copains, tout le réseau proche ou lointain qui nous a aidé sur cette aventure.

Nous sommes des artistes indépendants et auto-produits, ça me semble vraiment logique de passer par cette étape-là tant qu’on ne peut pas être pris en charge. Par contre il y a toujours des artistes qui sont… On va dire plus soutenus, qui n’en auraient pas forcément besoin… Le crowdfunding peut être contesté ou pas ! En tous cas c’est une bonne façon pour des artistes comme nous de pouvoir évoluer et concrétiser des projets.

Tu mets le point sur quelque chose d’important, vous êtes indépendant et auto-produits. Vous n’êtes pas du tout encadrés sur ce projet ? Est ce qu’il y a des gens qui vous aident ? Serge Faubert vous a un peu conseillé peut-être au Studio de L’imprimerie ? 

Joris : Oui légèrement, enfin il a été surtout un très bon conseil, c’est quelqu’un qui a une grande expérience et qui a l’habitude d’être directeur artistique. Après pour ce qui est d’un encadrement plus financier et de tournée etc, pour l’instant il n’y a effectivement que nous 4.

Agathe : Pour l’instant on s’occupe de tout nous-même, on est un peu des petits Speedy Gonzales, on n’arrête pas de courir partout pour faire vivre l’EP et le faire partager.

Un premier EP qui compte 7 chansons, 7 étapes de l’apprentissage de la vie

 7 Times aborde le passage à l’âge adulte. C’est parce que ça a été une étape importante pour toi ? Le message c’est de dire que tu es devenue adulte avec cet enregistrement ? 

Agathe : Les deux en fait, les deux sont complètement liés. C’est un projet anglophone, tout le monde ne comprendra pas forcément à la première écoute. Les gens pourront retrouver les paroles mais c’est quand même assez introspectif. C’est un projet que j’ai commencé à écrire il y a quelques années. J’ai aujourd’hui 24 ans, c’est mon premier projet personnel, avec des textes qui me tiennent vraiment à cœur. Il y a beaucoup de sentiment, beaucoup de personnel là-dedans. J’espère que les gens pourront se le ré-approprier. J’avais besoin aussi de sortir cet EP pour évoluer, et passer à d’autres choses maintenant.

7 times, ce sont 7 étapes de la vie, parmi lesquels la mort, le silence…

Agathe: Ca commence par le silence. La loi du silence. Il y a 7 morceaux, 7 étapes d’apprentissage : le silence, il y a le réveil, la routine, le fait d’avoir marre de ce genre de chose. Il y a le départ, la mort, l’amitié… Ces étapes qu’on peut rencontrer quand on est adolescent, ces premières découvertes.

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C’est ton premier EP porté en ton nom, mais tu as déjà pas mal vadrouillé avec des projets très loin musicalement : Azad Lab ou Dawa Deluxe : la musique blues folk c’est vraiment l’univers qui te correspond le plus ?

Agathe : C’est une étape, après ça peut-être une étape prolongée. Mais ça ne sera pas la seule en fait, parce qu’il y a d’autres univers et chacun des musiciens a ses univers aussi.

Un univers blues folk, mais on entend aussi des influences trip hop, parfois presque du raga : tu es nourries d’influences très éloignées !

Agathe: Ouais en fait mes influences se trouvent vachement dans le hip hop et dans la culture afro américaine des années 50- 60. Voilà tout Woodstock et quelques artistes de blues j’ai vraiment grandi avec ça, et forcément ça s’entend. Pour le trip hop un gros big up a Archive et leur premier album Londnium qui est une pure merveille, et qui m’a beaucoup influencée aussi.

Par rapport à ces influences, l’écriture en anglais était indispensable pour toi ou tu as hésité à t’exprimer en Français ?

Agathe : Non jamais. ça a toujours été évident que ça devait être en anglais. Je viens résolument de la culture afro américaine, groove… Anglophone quoi.

Pouvez-vous nous expliquer comment est en train de se dessiner la possibilité d’aller présenter le projet à Montréal en juin ?

Agathe :  Ouaiiiiiiiiis ça a été une sacrée aubaine, on a fini 2ème d’un tremplin National, le tremplin de Blues sur Seine, qui est un très beau festival dans les Yvelines. et du coup on a gagné le prix OFQJ. Et je vais laisser Joris en parler.

Joris : Ouais mais c’est embêtant parce que je sais même plus ce que ça veut dire OFQJ. (rires)

Agathe : Organisme franco-québécois pour la jeunesse.

Joris : Ca va nous permettre de partir en juin prochain tous les deux. Parce qu’on avait présenté le tremplin en duo. Et on va partir faire au moins 3 dates à Montréal début juin, on espère avoir l’opportunité d’y retourner en quartet un peu plus tard.

Agathe: On va essayer de faire des petits à Montréal.

C’est important pour les groupes indépendants de gagner ces tremplins? Estce que c’est une étape qui est marquée à l’encre rouge sur le calendrier ? Comme Les Inouïs par exemple ?

Joris : C’est rigolo que tu nous parle de Bourges, parce que pour moi justement c’est le genre de tremplin qui ne sont plus indépendants dans la mesure où il y a certaines façons de sélectionner les musiciens qui vont y accéder, qui favorisent des gens qui sont déjà accompagnés. Il va y avoir beaucoup de maisons de production qui vont envoyer des gens dans ce genre de tremplin. Donc je sais pas, en fait le tremplin maintenant ne s’adresse plus forcément aux groupes indépendants. Celui qu’on a fait pour le coup, c’était vraiment le genre de tremplin qui peut permettre à un groupe qui n’est pas suivi encore de sortir, et de commencer à se faire écouter. Mais c’est vrai qu’il y a un statut un peu bizarre à cet endroit-là.

Agathe : Après, il y a quand même d’autres tremplins, il y a plusieurs niveaux, à l’échelle locale, on a Décroche le Son, pas très loin on a le tremplin de l’Ecausystème, on a aussi le Rock n Solex à Rennes, qui sont quand même accessible même si on n’est pas soutenu par une prod derrière, enfin voilà il y a quand même plusieurs stades.

Pour des artistes relativement jeunes et relativement indépendants, c’est aussi une façon de faire des rencontres musicales, parce que dans les loges ont  boit des coups, on se marre mais on fait aussi des rencontres professionnelles.

Cet EP va arriver en 2017 en sortie physique : tu imagines aussi un support vinyle ?

Agathe: Alors il y a Joris qui hoche grandement la tête juste a coté de moi. Ouais c’est un rêve malheureusement vu que c’est de l’auto-production je le rappelle, et malgré un beau crowdfunding, on met quand même vachement de moyens. Le principal pour l’instant c’est d’avoir un joli CD, pas d’avoir une pochette carton toute simple mais vraiment un digit file avec un livret dedans… Et le vinyle, peut être quand on aura touché la recette des premiers CD, on le fera presser, courant de l’année, on espère !

Avant ce départ à Montréal, il y a des dates à venir pour les Toulousains ?

Agathe : C’est en préparation. On joue avec deux formules :  on a la mini formule en duo, pour les toulousains on joue au saint des seins le samedi 17 décembre. en première partie de Saint Petersbourg et de Barons Samedi.

Et on joue aussi à 4, le quartet complet de l’EP 7 Times : on le présentera sur Toulouse seulement à partir de Janvier. On a certainement une date prévue à Gilbert Joseph, un showcase de présentation, et on est en train de négocier une date dans une chouette salle mais on ne vous dit pas laquelle parce que c’est pas encore acté…

Si vous imaginez votre festival idéal, sans aucune contrainte de lieu et de budget : l’événement se passe où, sous quelle forme et vous faites jouer qui ?

Agathe : Tu nous donnes de la pâte à modeler ! Toulouse c’est un gros village on se connait tous. Alors déjà il y aura beaucoup de copains et beaucoup de toulousains parce qu’on a vraiment un super vivier.

Joris : Moi j’aime beaucoup le principe de Rio Loco, l’idée d’un festival au sein de la prairie de filtres. Dans le meilleur des mondes si je pouvais organiser un festival, il se précède d’une semaine de rencontres musicales avec des musiciens d’un peu partout dans le monde… Si on pouvait faire se rencontrer des musiciens d’un peu partout dans le monde pendant une semaine et proposer 2 soirs de concerts et de rencontres musicales au public : ça serait un peu le rêve de ma vie, personnellement.

Agathe: Moi je rajouterai à ça encore autre chose:  la dimension pluridisciplinaire. Avoir pas seulement un festival musical. On a plein de potes aussi qui font des trucs super : du tatouage de la sérigraphie, de la peinture. On a plein de contacts et de gens super qui pourraient venir apporter leur petit grain de sable dans ce festoch. Et bien sûr dans l’idéal des super techniciens avec une super scène… que des copains quoi !

Et pour finir, si vous aviez quelques projets à nous faire découvrir ?

Agathe : Il y a ceux des copains de l’EP. Guillaume Gendre le contrebassiste, il y a son projet Alfie Ryner si vous ne connaissez pas, je vous invite à aller écouter. C’est assez particulier je ne saurai pas le décrire : jazz fusion rock. un peu. Et pour Tom Turtle, le percussionniste, c’est donc le percussionniste de Slim Paul.

Joris : Il y a quand même quelques trucs qui me plaisent beaucoup, il y a The Jerry Khan Bangers qu’on a rencontré il y a quelques semaines et que j’ai vu la semaine dernière en concert c’était génial !

Agathe : Le Collectif Kilotone pour le gros bordel, jazz hip hop : 9 M , 13 sur scène , je vous raconte pas ! Y’en a plein c’est très dur…

Joris : il y a Slift qui est un groupe toulousain de… Je ne sais pas quoi (rires). Du rock psychédélique, bizarre, c’est génial ! On a fait leur première partie il y a quelques temps et vraiment c’est un super groupe aussi.

Agathe : Il y a La Recette sur Toulouse aussi… Mais vraiment j’en oublie plein je suis sûre !

Merci à vous deux ! Et à très bientôt sur une scène ?

Agathe : Avec grand plaisir, merci à Opus et Radio Néo de nous avoir invité !

Rémy

Créateur d’Opus, Rémy est à la fois rédacteur et photographe dans notre media. Un mélomane qui écoute aussi bien du rock que du rap ou de la pop, et qui aime fouiller la scène locale.
C’est également lui qui gère le projet Focus d'Opus