Clutch : « L’envie de faire un magazine qui nous plairait en tant que lecteur »

En pleine semaine de bouclage, on a rencontré une partie de l’équipe de Clutch : Benoit et Paul. On a pu aborder leur vision de la culture et de la musique Toulousaine, l’identité Clutch, les soirées Clutchorama dont la prochaine se prépare pour le 4 novembre… Une rencontre décontractée autour d’un verre au Petit Vasco à Saint-Cyprien.

Merci Clutch de nous accorder un peu de temps, surtout que vous êtes en semaine de bouclage ! Comment ça se passe ?

Benoit : Ça se passe ! En bouclage, nous n’avons pas énormément de temps. Là, c’est surtout Baptiste et Julie (le rédac chef et la graphiste) qui sont en train de terminer de monter le magazine. Donc là ils sont au taquet, ils ne respirent plus et nous on est un petit peu plus tranquilles, parce que Paul n’intervient pas directement sur le montage du magazine, et moi je suis au niveau commercial. On a un peu moins de pression qu’eux en bouclage, nous travaillons sur des temps différents, j’interviens plus en amont.

Et en deux ans, quel regard portes-tu sur l’aventure Clutch, et est-ce que vous êtes en train de devenir ce que vous vouliez devenir au départ ?

Benoît : L’aventure Clutch c’est génial, par contre on n’a pas de vie (rires). Ça se passe super bien, on est une équipe de potes… Il y a à la fois le coté professionnel qui est évidemment assuré et a coté, on s’entend vraiment bien, on est potes, on n’a pas beaucoup de temps, mais quand on en a, on le passe relativement souvent ensemble donc c’est super motivant !

Paul : Ce qui est bien, et que les gens ne voient pas forcément, c’est que l’envers du décor transparait sur le magazine, ne serait-ce que pour la rubrique des off à la fin, ça se voit qu’on se prend pas non plus super au sérieux, on aime se marrer ! Tout ça transparait dans le magazine, et je trouve que c’est important pour que Clutch ait une personnalité et que des gens qui sont dans le même état d’esprit que nous puissent s’y retrouver.

Benoît : On a un métier qui a un avantage, sans pour autant avoir toutes les libertés, on peut faire ce qu’on aime ! C’est-à-dire qu’on a les contraintes liées à un magazine, mais par contre ces contraintes, on n’a pas envie qu’elles deviennent chiantes ou trop sérieuses. On essaie justement de prendre le contre-pied tout ça et de rigoler, même quand on a des bouclages difficiles. Les offs ça vient des bouclages : en gros quand on est sous pression, quand on n’a pas dormi et travaillé depuis je sais pas combien de temps, on dit des conneries et c’est ces conneries là qu’on garde (rires). Donc l’esprit c’est ça, on essaye de se garder des petits temps pour décompresser. Même si c’est rare…on les loupe pas en général !

Et toi Paul tu as rejoint l’équipe ou tu y étais dès le départ aussi ?

Paul : Je suis arrivé au deuxième numéro donc je ne fais pas partie des membres fondateurs, mais je suis la depuis le début.

Benoît : Sans être fondat10436675_732867276798354_2684746612849332904_neur il est important depuis le début et il prend une place de plus en plus grande, le truc c’est qu’on est sur une économie qui est super fragile, donc pour l’instant on a juste réussi à intégrer les trois postes clés pour faire un magazine. Et on va essayer dès qu’on pourra d’étoffer l’équipe !

Donc l’équipe aujourd’hui : 3 fondateurs, Paul, y’a d’autres personnes aussi ?

Benoît : Il y a deux autres personnes aussi qui interviennent, on est 6 a travailler régulièrement sur le magazine. Il y a aussi Loïc qui fait une tache énorme. Il s’occupe de tout ce qui est administratif et juridique, de toute façon sans lui on n’aurait pas pu construire le magazine. Et après tu as aussi Sébastien qu’on commence à intégrer, qui lui est webmaster et qui va nous sortir une nouvelle version du site.

Quand on crée un magazine, comme Clutch ou un autre, on imagine que la recherche du nom c’est un casse-tête au départ, comment le nom Clutch est arrivé, et est-ce que tu peux nous sortir les saucisses qui auraient pu être le nom du magazine ?

Benoît : Des saucisses y en a deux trois qui nous on fait délirer ! On s’est fait 3 bonnes soirées avec tous ceux qui étaient autour du projet, c’était des gros apéros de 12 personnes où à chaque fois tout le monde annonçait les idées, gros brainstorming ! On a du balancer un truc comme 2 000 noms, tout et n’importe quoi ! Dans les grosses saucisses ? Ça aurait pu s’appeler « A M’en Donné », y’en a un ou deux qui sont sortis comme ça, y avait quoi ? (en demandant à Paul). Ah mais toi t’étais pas là ! J’ai tellement l’impression qu’il est là depuis le début quoi (rires). Et donc dans tout ce qu’on a balancé il y avait Clutch : déjà pour la sonorité, et pour toutes les définitions qui collaient complètement au projet.

Clutch, ça permet aussi de se rendre compte de la richesse de l’offre culturelle et musicale à Toulouse !

Benoît : C’est le but ! Montrer qu’on a une ville qui est en train d’exploser au niveau culturel. C’’est vraiment ça. Rendre accessible tout ce qui peut être proposé au niveau culturel évidemment, sans que soit élitiste, et que ça reste qualitatif !

Paul : Pour moi la difficulté, et je trouve que Baptiste notre rédac chef y arrive bien, c’est d’essayer de parler d’un peu de tout, sans prétendre être exhaustif, parce que c’est impossible. On l’a bien vu sur le numéro du mois dernier. Donc « essayer » de parler de tout, surtout en mettant en avant ce qu’il nous plait parce que c’est aussi l’objet ! On parle des choses qui nous paraissent intéressantes, il y a des choix éditoriaux, forcément. Mais il ne faut pas fermer de portes, en essayant de montrer aux toulousains l’étendue de tout ce qu’il se fait en général !

Sur le côté musical, comment se passe cette recherche d’actualités : est-ce que vous allez chercher l’information ou vous êtes devenus maintenant une référence et les gens viennent vers vous ? Que ce soit les artistes, les salles… Comment l’info circule par rapport à Clutch ?

Benoît : On a construit progressivement un réseau qui s’étoffe au fur et à mesure. En gros, au début quand on a commencé, on avait déjà de l’expérience, donc il y a beaucoup de personnes qu’on connaissait déjà sur la ville. On les a prévenus du nouveau projet, on s’est remis en contact avec eux et on a retenu le fonctionnement qu’on avait : ils nous envoient leur prog’, et nous on la relaye dans le magazine. Ce qu’on a fait par contre, qui explique que le réseau s’étoffe de plus en plus,- enfin pas le réseau, mais les partenaires qui nous envoient leur progs – ou les assos- on a expliqué à tout le monde, qu’on essayait d’être exhaustif, mais c’est très difficile. On a ouvert l’agenda pour que tous ceux qui nous envoient leur date, à partir du moment où c’est une date culturelle, soient relayés dans le magazine ! Après, n’importe qui peut nous envoyer sa date. Si on peut la vérifier et que c’est identifiable on va la faire passer.

Paul : Il faut reconnaitre que la plupart des gens dans la musique nous connaissent maintenant, les musiques actuelles en particulier. Ils viennent plutôt vers nous que l’inverse. Mais il y a quand même un travail de veille à effectuer ! Par exemple sur des milieux où nous sommes moins spécialistes… Par exemple on n’est pas vraiment dans le réseau de la musique classique, on y est moins on va dire, mais ça nous a pas empêché de faire une enquête sur les musicien de l’Orchestre National du Capitole le mois dernier. On n’est pas fermés !

Benoît : On ne va pas se limiter a un style ou autre. Le but, c’est de proposer des événements sur Toulouse pour que tout le monde puisse s’y retrouver.

La culture avec un grand S… à la fin !

Benoît : C’est ça ! (rires)

On en vient justement aux structures toulousaines, avec une actu qui est malheureusement un peu triste… La Dynamo, vous en parlez chez vous, est-ce que vous échangez avec eux ?

Benoît : Autant que possible ! Bien sûr on en parle régulièrement. On suit à chaque fois ce qu’il se passe, après, le truc qui est difficile, c’est qu’on fait ce qu’on peut ! On a fait un gros papier sur septembre, on a fait parler Ali -le programmateur- pour expliquer ce qu’il en est sur la rentrée. Après malheureusement, on n’a pas assez de place dans le magazine et on a une manière de faire où on essaye de soutenir autant que possible tous les acteurs culturels, mais on ne veut pas prendre parti politiquement. On est la pour faire des annonces principalement, après prendre parti… ce n’est pas à nous de le faire.

On a vu éclore aussi une toute nouvelle salle qui pour nous promet beaucoup : c’est Le Métronum !

Paul : Moi personnellement, je me dis qu’il est peut être un peu tôt pour en parler, mais en tout cas, vu la salle en elle-même, vu la prog’ qui est déjà sortie, ça ne peut être que bien ! Le son est parfait !

Benoît : L’outil est parfait, la salle en elle-même est géniale ils ont vraiment bien fait les choses. C’est vraiment bien pensé, après la prog, c’est vrai que c’est un peu tôt. Ça n’a même pas un an ! Donc forcément pour émettre un jugement, c’est pas possible. Il y a eu une demi-saison l’année dernière ils ont fait un concert en février et leur saison terminait début juin, là ils viennent juste de reprendre et les débuts sont super encourageants !

Aujourd’hui on peut réserver notre griffe, ça en est où, ça marche bien ?

Benoît : On a à peu près 150 abonnés, c’est cool, ça prend bien et là on vient de le faire évoluer justement : avant on devait le retirer dans un magasin. Maintenant tu le reçois directement chez toi par courrier. Donc on vient de faire la première version sur octobre, et là on relance le truc !

Paul : C’est un nouveau concept qui va s’appeler « Clutchbox » maintenant, et plus l’ancien Réserve ta griffe.

Et Clutch c’est aussi des goodies !10449954_852715031414289_3176755129524985195_n

Benoît : Les goodies c’est un peu comme les off, c’est une échappatoire, histoire de se faire plaisir, les “Starsky et Clutch“, les “dans ton Clutch” etc, c’est vraiment pour rigoler, sans se prendre la tête !

C’est ouvert à propositions ?

Paul : À fond à fond !

Benoît : Pour te dire on l’a fait sur facebook en juin dernier, on a demandé les suggestions des fans, et on a du avoir 90 ou 100 réponses, que des trucs complètement barrés et géniaux ! On a déjà fait plusieurs de ces propositions : « Candy Clutch Saga » et deux trois autres trucs. Donc oui c’est ouvert !

Justement, Clutch est connecté, comment vous décririez votre communauté facebook, qui du coup est aussi votre communauté de lecteur !

Benoît : Apparemment ils aiment délirer, car les trucs les plus barrés qu’on met, c’est ça qui marche le mieux ! Nous, on a fait un magazine où on essaye de penser à la place du lecteur. On n’essaye pas de faire un truc qui nous plaise à nous uniquement, on a envie de faire un truc qui nous plairait en tant que lecteur. Et c’est le même principe sur facebook, on espère que les gens apprennent des choses, qu’ils ont des infos intéressantes, qu’ils se font plaisir et qu’ils se prennent pas la tête !

Vous organisez aussi les soirées Clutchorama : est-ce que c’est plus une envie ou un besoin et est-ce que vous avez UN souvenir d’une soirée Clutchorama en particulier ?

Benoît : À chaque fois ça a été positif, sans vouloir faire les malins ou se porter malheur !

Paul : Moi j’avais trouvé que celle au Sorano c’était quand même assez dingue ! Je prends souvent celle-là à titre d’exemple parce que faire jouer de la techno à cet endroit-là, sur le parvis d’un théâtre tel que le Sorano… L’objectif des Clutchorama c’est ça ! Faire jouer des gens qui n’auraient jamais joué à certains endroits, mettre en commun des gens qui à priori n’ont rien à voir.

Benoît : C’est vrai que pour la symbolique celle-là elle est géniale parce que c’est un endroit ouvert, qui propose pas mal de trucs, mais qui n’avait jamais proposé de formes un peu barrées comme ça. Et la petite fierté c’est que ça ne se refera pas, car on s’est rendu compte qu’il y avait une maison de retraite juste en face et qu’ils n’ont pas forcément aimé, les nuisances sonores à cet endroit faut y faire attention (rires). Mais c’est vraiment ça l’esprit des Clutcho, proposer un truc sur une date atypique, faire redécouvrir la ville d’une autre façon. Notre principe : si c’est une salle de concert on va l’utiliser différemment, si c’est une salle de théâtre même chose, on ne veut pas les utiliser comme tels sinon ça reste banal !

Paul : Par contre ce n’est pas notre métier, on n’a pas vocation à être organisateurs de soirée : c’est juste un plus et l’occasion de rencontrer les gens qui nous suivent.

Benoît : Les Clutcho correspondent à un besoin, car ça nous permet d’être en contact avec le public, de discuter avec des gens, et pas forcément que des pros… Le grand public te dit ce qu’il pense tel quel, et c’est hyper agréable, même quand on se prend des critiques ! Parce que c’est sincère, c’est frais…

Tu nous disais que vous n’avez pas vocation à devenir des organisateurs de concerts : Clutch n’a pas d’ambition de créer un jour un festival ?

Benoît : Si on doit en créer un, ça sera pour le centième numéro ou les 10 ans, et il y a le temps d’ici là, mais un festival ce n’est pas l’objectif non !

Tu me fous un peu en l’air la dernière question, mais je te la pose quand même (rires), la question rituelle : quels seraient les artistes dans un festival idéal de Clutch ? Où ça se passerait ?

Paul : Déjà ça serait des groupes locaux je pense !

Benoît : Avec un côté un peu mégalo, on réunit toute la ville sur deux semaines, on fait tous les lieux, on fait un truc itinérant et on fait intervenir vraiment tous ceux qui font la culture à Toulouse ! Ça c’est l’idéal, car quoique tu veuilles découvrir, tu pourras le retrouver dans le festoch’ ! Faire intervenir tout le monde, comme on essaye de le faire tous les mois.

Vous bossez en musique à Clutch ?

Paul : À fond !

Playlist ou radio ?

Benoît : Playlist ! On n’écoute jamais de radio non ?

Paul : C’est souvent des gros sons qui tâchent !

Benoît : Et surtout en bouclage !

Paul : Là c’est Virus Syndicate, Prodigy…

Benoît : Ouais des trucs qui tapent, les derniers jours de bouclage pour rester éveillé ! Pas mal d’électro en ce moment aussi.

Paul : Des grosses basses!

Et enfin, quels sont les artistes que vous aimeriez nous faire découvrir ?

Benoît : C’est strictement perso : Le dernier gros kiff que j’ai eu c’est Gones ! Gones the DJ, je l’ai vu plusieurs fois à son arrivée sur Toulouse il y a 5 ans il m’avait déjà mis une claque, je l’ai pas vu pendant 3 ou 4 ans, et quand on l’a ré-entendu avant la Clutchorama du Château d’Eau l’année dernière où il a joué, il m’a remis une claque phénoménale! Hip-hop, soul, funk, c’est un monstre !

Paul : Moi je te dirais Proleter, un beatmaker toulousain qu’on a fait jouer pour une de ses premières fois à Toulouse à La Cinémathèque pour la Clutchorama numéro 7 je crois… Aujourd’hui il tourne beaucoup, il vient de finir une tournée en Grèce, il commence à faire du bruit et ça fait plaisir de voir que des gens comme lui commencent à se développer !

Merci Paul et Benoît, et on se donne rendez-vous pour la prochaine Clutchorama, numéro 24, le 4 novembre à l’Espace Bonnefoy.

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Rémy

Créateur d’Opus, Rémy est à la fois rédacteur et photographe dans notre media. Un mélomane qui écoute aussi bien du rock que du rap ou de la pop, et qui aime fouiller la scène locale.
C’est également lui qui gère le projet Focus d'Opus