Mira : un album plus aérien pour lequel Gush a ressorti ses vieux synthés

Juste avant leur concert pour la Semaine de l’Etudiant à Toulouse, à la salle Le Cap, on a rencontré Xavier et Yan des Gush. Une interview détendue, guitare en mains. L’occasion d’échanger avec eux sur Mira, leur second album, et sur ce changement d’identité musicale.

Bonjour les Gush et merci de nous accueillir. Mira vient de sortir, quatre ans après Everybody’s God… Vous avez fait quoi pendant tout ce temps ?

Xavier : On a beaucoup joué pendant deux ans, deux ans et demi. On a joué d’abord en France, une super tournée. La première année où on a fait 120 dates en France et après on est parti à l’étranger : Amérique latine, États-Unis, on a sorti notre disque au Japon, on a joué en Allemagne, en Angleterre. On a pris le temps de s’exporter un peu et après il a fallu un an et demi deux pour trouver le nouveau son à ce disque.

Un album qui justement change de style : on passe d’un pop rock à une pop électro, vous parlez vous d’une pop synthétique. Ce changement de style était voulu dès le départ ou c’est pendant la composition que ça s’est dessiné ?

Yan : Les compos si on les prend telles quelles, lorsqu’elles ont été écrites, ne changent pas vraiment. Sur le premier album, on a fait les démos avec une grosse caisse et des guitares sèches, là on l’a fait avec une grosse caisse, des pianos et des synthés. Donc il n’y a pas de grande différence en terme de manière de composer ou dans l’assemblage de nos 4 manières de faire. Simplement on a réuni un peu de cette expérience qui nous a servi à nos débuts en 2004… Lorsqu’on a commencé, on s’enregistrait dans nos ordinateurs, on avait une MPC & d’autres machines pour pallier au manque en terme de production. On faisait des choses façon « bricole électronique » on va dire. Quand on a commencé on se situait plus dans une musique funky, après avec nos premiers concerts est venue s’ajouter une énergie plus rock’n roll. Là sur Mira on a essayé de jumeler les deux, avec l’envie de redécouvrir nos machines et de nouveaux logiciels en gardant le magnéto à bande en complément.


On vous demande souvent pourquoi l’album s’appelle Mira, vous en connaissiez dès le départ les nombreuses significations ?

Xavier : Ouais, avant de choisir le titre d’un album tu te renseignes quand même, et c’est justement pour ces multiples significations, qui nous parlent, qu’on a trouvé que c’était un chouette nom d’album.


Et Mira, c’est pas finalement un retour aux sources, à votre premier EP Amazing ?

Yan : Woooow tu connais ça, documenté !!! (rires)

Xavier : Pour Mira on a ressorti nos vieux synthés qu’on utilisait sur Amazing. On a essayé de jumeler cette texture-là avec notre savoir-faire analogique du premier album. On a mélangé tout ça pour créer quelque chose de différent. Mais effectivement quand on écoute certains morceaux d’Amazing, c’est assez synthétique, comparé à notre premier album Everybody’s God.

Yan : On avait aussi, même s’il y a des chansons dansantes, l’envie de faire des chansons plus aériennes, ouvertes, avec des textures de voix différentes, une manière d’approcher les harmonies elle aussi différente, l’envie d’essayer de détourner nos textures de voix !

Quand tu dis des harmonies différentes, tu veux dire aller encore plus dans les aigus ?

Yan : Oui, si tu compares au premier disque, cet esprit un peu plus pop classique, pop rock, dans l’esprit Beatles, Beach Boys qu’on aime beaucoup, les harmonies étaient, entre parenthèses, de type classique : une note fondamentale, une tierce, etc… C’était souvent ça, mais j’te dis pas que c’était systématique. Et là on s’est dit « tiens on va chanter à l’unisson ou avec une voix de tête »… C’est des trucs qu’on savait déjà faire avant, mais on s’en était peut-être beaucoup moins servi. Sur Mira on les a mis en avant. Et on a aussi remonté l’équilibre entre les instruments et les voix.

Vous avez joué sur les plus grands festivals en France (Vieilles Charrues, Francofolies, Printemps de Bourges, Solidays) et aussi pas mal à l’étranger : y’a un souvenir particulier qui ressort de ces dates ?

Xavier : Le voyage d’un mois et demi qu’on a fait : d’abord au Texas puis en Californie, puis on est descendu au Pérou, au Chili, en Argentine… Tout ça en un mois et demi, un voyage d’un trait, une vraie tournée qui reste un souvenir génial : on a traversé des pays, vu des ambiances différentes… C’était un souvenir… impérissable ! (rires)

Ce soir c’est un concert un peu plus intimiste pour la Semaine de l’Étudiant au CAP

Xavier : Et oh tu vas te calmer oui ! (rires)

Est-ce qu’on se prépare différemment où vous déconnez toujours autant avant une date ?

Xavier : On fait toujours un peu les cons selon l’humeur !

Yan : Selon le taux de fatigue aussi. Après on aime bien venir à Toulouse ! Depuis nos débuts même avant qu’on sorte nos EP on avait joué dans un bar qui s’appelle Un Autre Monde.

Xavier : Le Saint des Seins aussi !

Yan : Ouaiiis et Le Bikini ! On y est venu en tournée au moins 3 fois !

Xavier : On est même allé au Havana Café aussi je sais même pas si ça existe encore…

Yan : Y’a plein de salles qu’on aime bien dans le coin !

Xavier : Ah oui et cette salle là, comment elle s’appelle…

Yan : Connexion !

Xavier : Ouaiiiis le COOOnexion Live ! It’s been a haaaaard daaaaay’s night… (en jouant sur sa guitare)

Et vous revenez bientôt pas très loin, à Montauban !

Yan : Aaaa ouiiii Montauban le 8 Novembre au Rio Grande (avec l’accent du Sud-Ouest)

Et ce soir on peut s’attendre à quel set : uniquement Mira, des sons d’Everybody’s God arrangés avec vos nouvelles sonorités ?

Yan: T’as tout résumé, on a essayé de donner un son uniforme, de remettre de l’analogique, de recentrer les chansons plus pop acoustiques dans ce tronc commun.

Xavier : On va rockifier un petit peu tout ça !

Yan : On a même hiphopisé certaines choses dans le set, même si « le commun des mortels ne peut l’entendre » (rires)

Xavier : En tout cas, on va jouer presque tout Mira et 4 ou 5 morceaux d’Everybody’s God, les highlights que tout le monde connait, bien sûr !

Gush, un groupe de studio ou de live ?

Xavier & Yan ensemble : les deux !

Yan : C’est complémentaire en fait ! Quand t’es en studio tu composes les morceaux, tu te dis « comment j’ai hâte de faire sonner tel ou tel accord à ce moment-là du concert »

Xavier : C’est comme un va-et-vient tu vois, comme quand tu fais l’amour, si tu fais que le va, il manque le vient…

Yan : C’est beau ce que tu dis !

Xavier : Une inspiration… On va dire comme une respiration alors ? Studio… (il inspire) Live… (il expire) On a besoin des deux !

Yan : Mais c’est sûr que tu ne produis pas les choses de la même manière, tu les penses pas pareil en studio et en live. Ce qui est intéressant justement c’est de faire vivre un morceau différemment, de rendre un petit peu plus brut et rugueux un son qui, en studio, est forcément plus travaillé… Pour nous c’est un super challenge !

Opus est un blog de découvertes musicales, quels seraient les artistes que vous aimeriez nous faire connaître ?

Xavier : Blind Digital Citizen, c’est un groupe de rock électro, français !

Yan : Sur le label Disque Entreprise, un label français de qualité ! Au-delà d’être nos potes ils font vraiment des trucs super ! Y’a un autre groupe qui s’appelle Einleit, sur un autre label, un super groupe, avec une certaine poétique, c’est chanté en anglais, le chanteur est d’origine japonaise. Ils viennent de sortir un EP, ils sont très bons et très inspirés, c’est assez planant aussi, un univers très doux. Un autre groupe en train de se fabriquer, un morceau est disponible sur leur soundcloud, qui s’appelle Brülin, c’est vraiment bien !

Xavier : Mathieu et Yan ont participé à la production de l’enregistrement de Brülin…

Yan : Ouais c’est une musique qui va dans le sens dans lequel on s’est inscrit, c’est-à-dire garder des guitares mélangées aux synthétiseurs avec des belles suites d’accords, des vraies compositions avec des lignes de chant étoffées… On trouve que c’est primordial de garder à l’esprit la composition. Y’a beaucoup d’autres groupes qu’on trouve vraiment fantastiques à ce titre d’ailleurs…

Xavier : Oui aussi un autre groupe, on a bossé avec, c’est Bangkok !

Yan : Ils sortent leur EP en novembre chez Columbia.

Xavier : On a bossé dessus et c’était super ! C’est des gars qui ont beaucoup voyagé, pas des musiciens à la base… Ils ont joué en Afrique dans des petits stades, ils sont un peu aventuriers.

Yan : Aventuriers et spontanés ! En plus, ils sont diamantaires…

Si on imagine un festival idéal, avec qui vous partageriez l’affiche ?

Yan : Avec le Clément Poitrenaud Groove Experience et le William Servat Blues Explosion ! (rires) Non bah je sais pas, dans l’idéal ? Des groupes géniaux, comme… Queens of the Stone Age !

Xavier : Queen tout court aussi !

Yan : Spank Rock…

Xavier : Et Gush !!!

Merci les Gush ! On a hâte de découvrir le set !

Xavier : Bah merci à toi et vas voir Birdy Hunt c’est vraiment top !

 

Rémy

Amatrice de world, de jazz, mais aussi de pop ou de rock, Lisa est aussi la créatrice de La Tisseuse, structure avec laquelle elle organise des concerts et scènes ouvertes.