Zim (Moriarty) : « La musique doit être transportée dans un autre temps, une autre atmosphère »

Quelques heures avant le concert de Moriarty au Metronum le 11 décembre, on a rencontré Stéphane Zimmerli, alias Zim Moriarty, le guitariste et contrebassiste du groupe Moriarty. Une rencontre qui nous fait voyager dans l’univers folk du groupe.

Bonjour Zim ! Vous affichez complet ce soir. Ça fait longtemps que vous n’avez pas joué à Toulouse. Comment vous allez aborder ce concert, dans cette salle où vous n’avez pas encore joué ?

Zim Moriarty : Oui ça doit faire quelques années. On est en train de faire une tournée dans des petites salles, en général 500 personnes et aujourd’hui je crois que c’est une des plus grosses salles qu’on fait. L’idée de cette tournée d’un mois, c’est un maximum de nouvelles chansons pour les faire mûrir sur scène, les présenter au public en avant-première, puisque le quatrième album vient d’être enregistré ; Mais il est en cours de mixage donc il ne sortira que dans quelques mois. C’est comme au début du deuxième album, Missing Room, c’est une sorte d’atelier de travail, les chansons changent tous les soirs, on fait des ajustements toutes les après-midi par rapport à ce qu’on a observé la veille sur le plateau. Il y a tout un travail de scène qui se met en place, notamment avec un nouvel éclairagiste qui vient de commencer avec nous et qui est en train de développer des idées, qui les teste tous les soirs. En même temps on pense que c’est intéressant de proposer ça, c’est passionnant pour nous plutôt que de juste, répéter traditionnellement, montrer un spectacle fini et après s’ennuyer à ce qu’il n’évolue plus pendant des mois. On aime bien montrer le travail en cours. 

Et comment vous décrivez le public Toulousain ? Quels souvenirs vous en avez, par exemple au Bikini ?

ZM : On a quand même beaucoup joué à Toulouse depuis nos tout débuts en tournée. Un des premiers concerts qu’on a fait en tournée en France, c’était à Toulouse, au Bijou, une petite salle de concert. Pour nous, c’était un grand périple de venir comme ça à Toulouse et c’était génial. C’était une sorte de découverte de ce que ça pouvait être de porter des chansons loin, dans une ville où on n’est jamais venu. Pour nous, c’est assez affectif Toulouse, on aime bien revenir là. On a fait plusieurs concerts au Bikini oui, également dans la librairie Ombres Blanches. Le fait de jouer dans une libraire indépendante, dans un lieu qui a de l’âme nous tenait beaucoup à cœur ; Ne pas juste jouer dans une salle rock mais sentir la ville par plein d’aspects.

 Vous avez plusieurs chansons basées sur les prénoms : Jimmy, Isabella, même votre nom de scène qui est celui d’un personnage: un moyen de dire que vous êtes des conteurs d’histoires ?

ZM : On écrit des chansons à partir de personnages oui. C’est vrai qu’on écrit rarement une chanson, disons « impersonnelle ». On se met toujours dans la peau de quelqu’un de manière cinématographique et on raconte l’histoire de quelqu’un. Parfois on ne le nomme pas, parfois on le baptise et la chanson porte ce nom-là. Ce n’est pas du tout prémédité. Pour Rosemary ça vient aussi d’une tradition. Dans la musique traditionnelle américaine, là d’où elle vient, le folk, blues, etc., soit c’est compté à la première personne avec des chansons assez autobiographiques, soit c’est des chansons narratives où on raconte une histoire, la musique des Appalaches. Des musiques qui ont hérité de la chanson médiévale. Le but, c’est un support musical qui raconte une histoire. De mon point de vue, la musique c’est très cinématographique, c’est quelque chose qui doit être transporté dans un autre temps, une autre atmosphère, se décrocher un peu de l’instant présent et mentalement aller ailleurs. Je crois qu’utiliser des personnages comme des héros dans un film, ça permet de s’identifier. Alors qu’une musique plus abstraite où il n’y aurait pas de personnages humains, ça nous parlerait beaucoup moins.

Votre dernier album, Fugitives, est un album de reprises qui rend hommage aux pionniers du folk (Hank William, Mississipi John Hurt, Blind Willy Mc Tell, etc.). Pourquoi cet album ? À la base il n’était pas prévu c’est ça…

ZM : C’était un peu une excuse ouais au départ, car ça venait d’un concert qu’on nous avait demandé de faire autour de Bob Dylan. Donc c’était l’occasion de replonger dans ses origines musicales, plutôt que Bob Dylan lui-même. Il se trouve que pour Rosemary notre chanteuse, pour Thomas notre joueur d’harmonica ou Arthur le guitariste, ils ont grandit avec le blues, folk, country, toutes les musiques américaines qu’ils ont hérité de leurs familles. Et donc, pour Rose Mary par exemple, c’est un répertoire d’enfance. C’est les chansons chantées par son père, Wayne Stanley, qu’elle a appris la musique.

D’ailleurs, il vous accompagne parfois sur scène…

ZM : Oui, c’est un chanteur qu’on a toujours invité sur scène. Au départ, quand on jouait les dix premières années dans des bars, à la fête de la musique, etc. il y avait souvent Wayne qui était là pour partager des chansons. La tradition folk, c’est des chansons assez simples avec quelques accords et une mélodie. Du coup on peut inviter des gens à venir spontanément et leur dire de jouer tel ou tel accord. Cette simplicité permet une convivialité et on l’a beaucoup partagée grâce à lui. Aussi, je pense que sa philosophie de la musique est d’une extrême simplicité et d’une sincérité directe dans la manière de chanter et le plus proche d’une émotion et d’une histoire qu’on raconte. Pour moi, l’attitude de Wayne Stanley et sa manière de chanter, m’ont apporté beaucoup de choses sur ce que pouvait être la musique.

Quels sont les artistes « oubliés » de Fugitives ? Il y a sûrement des artistes que vous aimez et que vous n’avez-vous pas mis dans l’album.. Peut-être un deuxième Fugitives dans les tiroirs ?

ZM : On pourrait faire un Fugitive 2 ouais c’est vrai. En fait, il y a tout un pan de musiques, pas forcément traditionnelles américaines mais des musiques traditionnelles qui résonnent avec ça et qu’on a évoquées dans l’album. Par exemple sur le vinyle, il y a 3 morceaux supplémentaires. Le tout dernier morceau, c’est une chanson cajun de Louisiane qui s’appelle Belle, mais qu’on joue à Bombay dans un studio à Bollywood avec des musiciens indiens qu’on a rencontrés quand on était en tournée en Inde. Ça nous a ouvert une porte sur la musique indienne, on découvre une autre manière de jouer, c’est un univers entier en parallèle qui s’ouvre. Ça fait aussi partie des influences qu’on a absorbées, comme la musique africaine, par exemple malienne, par le biais de Moriba Koïta qu’on a invité sur l’album. C’était aussi un enseignement, une ouverture sur d’autres choses, comme la musique Cajun avec Mama Rosin ou la musique Créole avec Christine Salem. On se rend compte que dès qu’on plonge dans la musique traditionnelle et qu’on la regarde avec un regard plus traditionnel, on a beaucoup de choses à apprendre sur la musique contemporaine, à partir de musiques ancestrales. Je suppose qu’un autre Fugitives pourrait ressembler à ça.

Justement, le fait de collaborer avec ces artistes, Mama Rosin ou Moriba Koïta qui sont dans un univers différent du votre, c’était pour apporter une touche plus « moderne » aux morceaux ?

ZM : Oui, c’est aussi une manière de se contredire, de ne pas aller juste dans nos réflexes, nos habitudes. On se confronte à une autre manière de jouer et ça nous secoue. C’est la sensation qu’il y a des manières de faire de la musique, auxquelles on n’aurait pas pensé. Et c’est ça qui est révélateur. Après on a un peu préfiguré ça sur le disque Fugitives. Dans le graphisme de la pochette, j’avais fait une sorte de time line de toutes les chansons. Ensuite tous les membres du groupe sont venus inscrire sur cette ligne-là, autour de chaque chanson, des associations d’idées comme, telle chanson leur fait penser à tel chanteur ou telle version de la chanson ; Ce sont des choses à faire découvrir en plus de l’album. L’idée c’est qu’au-delà de ces 12 chansons qui sont notre hommage à cette musique, il y a des ramifications. Sur notre site internet, on a mis cette sorte de cartographie avec les musiciens et artistes oubliés qu’on peut écouter, en cliquant dessus. Pour Fugitives 2, on voudrait étendre cette idée de ramification de la musique.

 Dans une interview donnée dans Les Inrocks , vous avez dit « on s’était juré de ne jamais chanter en français », avant de chanter Belle dans votre dernier album. Il est vrai que vous n’avez pas beaucoup de chansons en français. Pourquoi ce choix ?

ZM : Il y en a très peu dans notre répertoire c’est vrai. Ce n’est pas un choix, c’est plutôt intuitif. Par exemple Rosemary elle a grandit en parlant anglais américain mais elle bilingue, Arthur c’est pareil. On a tous dans nos vies, grandit en étant bilingue. Quand vient le temps de faire de la musique, ça nous permet de nous reconnecter à nos origines étrangères. Le recours à la langue anglaise, c’est une manière de faire que la musique soit un déplacement. Quand on écrit, la langue anglaise sert d’échappatoire, il y a une aisance et une musicalité qu’on aime dedans. Moi par exemple, j’ai grandit à Paris avec une famille cosmopolite (rires) et mes premiers textes étaient écrits en anglais. J’ai l’impression de plus maitriser la langue anglaise que française dans l’écriture lyrique. On a essayé de nous imposer ça, parce qu’on vit en France et qu’il y a un sentiment de menace de la langue et de la culture française, de défense de l’identité, etc. Je suis conscient que ça puisse être vu comme un choix superficiel de chanter en anglais et c’est critiquable, mais avec Moriarty, on se reconnecte à notre langue musicale maternelle, c’est tout. Dès le premier jour, notre maison de disque nous a demandé de chanter en français, car c’est mieux pour le marché français. Ils nous ont redemandé plusieurs fois et à un moment donné on y a mis fin. Nous ne sommes pas dans cette optique de se faire dicter les choses. Après le cajun de Louisiane c’est du français mélangé avec de l’anglais et ça nous amuse de chanter la langue française avec cet avatar anglais (rires).

 Comment se passe votre travail de création, de composition ? À 6 musiciens, ce n’est pas trop compliqué ?

ZM : C’est très compliqué, si (rires). On a formé le groupe en -95 et au départ c’était sur l’invitation de Thomas et Arthur, les membres fondateurs de Moriarty. Ils voulaient juste faire un groupede blues pour faire des reprises qu’ils aimaient. Et puis ça a commencé comme ça, on s’est mis petit à petit à écrire des choses tous ensemble, sans doute parce qu’on s’est trouvé une connexion humaine ou culturelle. Pas forcément par les styles musicaux, car on a toujours écouté des choses différentes et parfois même assez inconciliables. C’est très compliqué, parce qu’une fois qu’on commence à faire de la musique, forcément ce qu’on écoute ressurgit, mais si jamais c’est quelque chose que l’un déteste, forcément ça créer une discorde dans le groupe. Il faut toujours trouver un moyen à la fin de ressouder les choses. Parfois, il y a des chansons qui portent des cicatrices de ça. Parfois, quand on réécoute les albums, on entend qu’il y a eu une contradiction. Et d’autres fois on entend qu’il y a eu une maturité dans le morceau.

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 Vous avez créé votre propre label, Air Rytmo, avec lequel vous avez auto-produit l’album Missing Room et aussi Fugitives. Une envie d’indépendance?

ZM : Oui en quelques sortes ; C’est déjà assez de pression pour nous de composer, il y a plein de choses à décider. Une maison de disque c’est intéressant parce que c’est un travail qu’ils font eux, mais finalement, nous on a un besoin de contrôle sur ce qu’on fait. Par exemple, la musique, le son, la manière d’enregistrer, la manière de faire une tournée, le côté visuel qu’il y a sur scène, les lumières, le graphisme, etc. pour nous tout doit être cohérent. Si ce n’est pas le cas, déjà on voyage plus (rires). Or, avec une maison de disque ils se créent des incohérences parce qu’ils forcent un peu la main pour mettre telle idée graphique avec un côté marketing qui dicte la manière de faire des concerts. On ne va pas se leurrer, toutes les maisons de disques sont là avant tout pour vendre des disques et les professionnels qui y travaillent ne viennent pas forcément du milieu de la musique, ce sont plus des commerciaux. On leur en veut pas plus que ça, c’était agréable d’avoir travaillé avec cette maison de disque, mais il y a eu des pressions qui ont été faites et on avait besoin de se retrouver entre nous pour retrouver notre identité.

 C’est aussi un avantage, vous décidez seul de la sortie de votre album, vous prenez votre temps pour composer…

ZM : Absolument, on peut faire les choses à notre rythme. Par exemple, le choix de faire une pochette de disque, la manière dont les gens vont toucher un objet qui contient de la musique, on peut faire strictement ce qu’on veut. On peut même faire des choix qui sont commercialement aberrant, comme avec notre album Missing Room. On s’est rendu compte au final, que c’était un gouffre financier parce qu’on a fait un objet trop artisanal qui prenait beaucoup de temps, tout ça pour que ça soit un objet spécial. Ça ne serait jamais passé avec une maison de disque, car ce n’était pas rentable de fabriquer un objet aussi cher. Mais ça nous a fait plaisir à nous et au public (rires).

 Vous apparaissez dans quelques BO et documentaires de films français, vous êtes influencés par la littérature… Mais vous faites de la musique ! Moriarty croise les courants artistiques en fait !

ZM : Oui, dans les individus qui composent le groupe, certains ont une culture cinématographique, d’autres une culture littéraire, d’autres plus théâtrale ou visuelle, donc c’est des courants qui sont complètement présents dans le groupe. Par exemple, moi je suis architecte et dessinateur et aussi scénographe de théâtre à côté, donc je fais des arts visuels. Alors quand je fais de la musique je connecte toujours ça inconsciemment. Une chanson c’est comme une architecture, je visualise des lumières, des espaces, des sons. Après, il faut toujours qu’on fasse un effort pour se recentrer sur la musique (rires). Moi je pense que le collectif, du coup, c’est très compliqué à gérer mais ça progresse grâce à ça.

Bretonne d’origine, j’ai eu l’occasion de vous voir au festival du « Pont du Rock » en 2011 à Malestroit. Vous avez joué dans beaucoup de lieux en Bretagne, vous allez jouer prochainement à Vannes. C’est une région qui vous inspire ?

ZM : On a beaucoup joué en Bretagne, on aime y jouer. Il y a une réponse quand on va là-bas, il y a quelque chose qui se passe. Je ne sais pas dire si c’est le public breton en général qui est ouvert à ce type de musique, ou si c’est un public enthousiaste qui est chaud. Je ne sais pas si c’est aussi parce que Rosemary a des origines Bretonnes, qu’elle est heureuse de retourner là-bas et que ça la connecte à quelque chose. Peut-être qu’à ce moment-là il y a une flamme qui s’allume. C’est peut-être pour ça que c’est une des régions où on a joué le plus en France.

Vous avez participez au festival Inter celtique de Lorient, univers un peu folklorique, comment vous l’avez vécu ?

ZM : Parfois les univers folkloriques nous rebutent un peu quand ils sont fermés, on n’est pas hyper fans. Je pense que dans nos cultures, on est un peu plus modernes que ça et on aime se connecter aux traditions sans être enfermés dedans. Heureusement, je crois que le directeur du festival était dans cette optique-là quand il nous a invités, il sait qu’on a des origines lointaines irlandaises et que cette musique traditionnelle est rattachée à cette musique celtique quelque part. C’est comme l’anecdote avec Kerouac, Jack Kerouac d’où on tire notre nom de groupe par rapport à l’un de ses livres (Sur la route ndlr). Kerouac c’est breton, sa famille était immigrée au Québec et ensuite lui est devenu Américain. Donc il y a des liens, si on veut les chercher ils existent. D’un continent à l’autre, il y a des fils rouges cachés qui se révèlent comme ça.

Vous avez des projets en préparation?

ZM: On a beaucoup trop de projets (rires). Le projet central c’est Epitaphe, ce quatrième album qui vient d’être fini et qu’on commence à jouer, à faire voyager, comme ce soir d’ailleurs. Là-dessus, il y a beaucoup de projets qui se greffent. Il y a une composante filmique qu’on développe en ce moment avec des clips ou projets filmés en caméra Super 8 pour certaines chansons. On collabore avec un réalisateur photographe, Clément Deuve avec qui on co-écrit les films et les concepts des clips, puis lui les réalise sur des pellicules à la main. Il travaille dans un univers proche du notre, avec les images et le son. Nous ça nous intéresse de connecter ces deux choses. Et c’est notre label Air Rythmo qui produit ces films par la suite. Il y a aussi des projets musicaux qui se développent, comme le projet avec le théâtre ; c’est une bande-son pour un projet théâtral et filmique qui va se jouer au théâtre de Chaillot à Paris et à Lorient aussi en mars et avril prochain. C’est un road movie dans le grand nord du Canada, joué sur scène avec des acteurs québécois, notamment Pierre-Yves Cardinal qui a joué dans Tom à la ferme. On est 4 musiciens de Moriarty à travailler la faire la bande son de ce film théâtrale, où il y aura d’ailleurs une mise en scène et un écran de driving derrière. C ‘est un projet qui encore une fois, unifie le théâtre, l’image et la musique. Parallèlement, Rosemary entreprend aussi des projets de son côté, comme « Birds on a Wire » qui sont des reprises de ses chansons préférées. Elle joue aussi au théâtre avec un pianiste et commence un projet avec de la musique baroque. Entre notre album et ces projets-là, ça nous prend déjà toute l’année jusqu’en 2016. Et après, je crois qu’on a besoin de prendre du recul. Inconsciemment, on a appelé notre album Epitaphe pour montrer qu’on devait achever quelque chose de ce groupe, sans savoir exactement ce qu’il va se passer. Ça fera 20 ans l’année prochaine, que Moriarty existe et on a besoin je pense, d’un changement, peut-être qu’on va se donner la mort symboliquement. Mais on ne sait pas, en tout cas il y a des choses qui se préparent.

Dans un festival idéal, avec qui voudriez-vous partager l’affiche ?

ZM : En fait, on a déjà fait notre festival idéal, quand on nous a donné carte blanche. Par exemple, au Festival du Bout du Monde ou à La Cigale l’année dernière. À ce moment-là, on a fait notre plateau avec les gens avec qui on voulait jouer, comme Moriba Koita ou Mama Rosin. Après il y a plein d’autres artistes avec qui on voudrait partager une scène, mais en même temps comme on n’est pas tout le temps d’accord, je ne sais pas si on arriverait à s’entendre (rires). Par exemple, moi j’aimerais bien inviter Nick Cave qui se rapproche de ma sensibilité. Après on va jouer prochainement, à Paris, un concert d’annonce du quatrième album à la Cité de la Musique et là on va essayer d’inviter d’autres personnes encore, par exemple un chanteur de Cavalli (musique du subcontinent Indien) et peut-être un orchestre malgache aussi.

Si vous aviez 2/3 groupes à nous faire découvrir…

ZM : Il faudrait presque moissonner ça chez les autres, sinon je ne représente pas le groupe dans sa pluralité (rires). Dirty Three, faudrait écouter c’est vraiment très chouette. Sinon, quelqu’un à qui on revient toujours, c’est Daniel Waro. Ça fait des années qu’on l’a découvert et qu’on recommande d’aller découvrir en concert. Pour les gens qui aiment ce qu’on fait ou qui sont proches de notre sensibilité, Mama Rosin avec qui on a fait des disques, etc. eux ils ont un label de musique qui s’appelle Moi j’connais. C’est un label qui a pour vocation de publier uniquement des vinyles de disques « oubliés ». Ils republient des perles disparues, des vieux disques de blues trouvés dans une brocante en Louisiane, mais qu’eux écoutent et décident de remettre au goût du jour ; ils remasterisent, refont les pochettes de disques. C’est passionnant pour les gens qui cherchent des choses obsolètes. Il faut passer dans leur magasin à Genève, c’est Bango Joe Records. C’est très précieux dans leur rapport à la musique, ils ont un vrai rôle de mélomane, connaisseur et découvreur de musique. Pour moi c’est la caverne d’Ali baba. Mais il ne faut pas y aller trop souvent parce qu’on repart avec tout plein de vinyles (rires). Une de mes découvertes de ces derniers mois, c’est « Dr John », un chanteur bluesman du Sud des Etats-Unis et c’est miraculeux !

Caroline

Amatrice de world, de jazz, mais aussi de pop ou de rock, Lisa est aussi la créatrice de La Tisseuse, structure avec laquelle elle organise des concerts et scènes ouvertes.