Rencontre avec le KKC Orchestra et son Electro Swing Hip Hop

Avant leur concert à la fête de l’Humanité à Toulouse le 6 juin, Opus a échangé avec le KKC Orchestra ! Une interview dans les loges des artistes, pleine de bonne humeur. Rencontre avec Julien, chanteur de ce quatuor où chacun joue de ses influences pour créer un son électro swing hip hop unique…

L’actu du KKC Orchestra c’est Géométrie Variable, un CD autoproduit après plusieurs EP… Le CD de la maturité ?

Oui, le CD de la maturité comme tu dis, on voulait s’exprimer sur un format plus long pour avoir plus de choses à raconter. Puis un CD permet de marquer un moment… C’est cool deux EP mais c’était le moment de faire un album, d’avoir notre album après quatre ans de tournées. On va prendre le parti de faire plus d’enregistrements maintenant, parce que c’est génial en fait, tu travailles le moindre petit détail, le studio c’est un travail de fourmi ! Tu laisses une trace, c’est une marque et t’as envie que ce soit parfait !

En écoutant le KKC, on a envie de ranger ce son entre Caravan Palace et Hocus Pocus, ça te va ou tu te ranges entre d’autres artistes ?

Y’a pleins d’autres artistes mais ça me va ! On a appelé notre disque Géométrie Variable parce qu’on a trois influences principales : swing electro, hip hop et rock. Du coup ouais, mets-moi entre Caravan Palace et Hocus Pocus, Java, Aurél te dirait Skrylex… Mets nous juste dans ta discothèque et appuie sur play quoi (rires) !

Ce qui est agréable sur cet opus, c’est sa double écoute : une pour le son et une autre pour les textes…

Y’a forcement deux écoutes, le CD permet ça par le fait que ce soit rapé ! Un jour j’écoutais Orelsan et Oxmo Puccino en interview et ils disaient qu’il faut se rendre compte que dans le rap y’a quand même deux fois plus de mots, les couplets durent deux fois plus longtemps donc forcément t’écris deux fois plus déjà et en terme d’écoute tu peux moins te concentrer sur le son. Là où t’as trois mots en chanson française les rappeurs vont t’en placer seize. On est content d’avoir fait un CD à voix car y’a les paroles. Moi j’ai grandi en lisant les paroles des rappeurs, j’avais envie que les gens puissent comprendre tous les petits jeux de mots, les seconds degrés en ce disant « Ha ouais ils voulaient dire ça en fait. » Ca c’est un plaisir par rapport aux EP qu’on a fait où y’a beaucoup plus d’instrumental.

En parlant des textes, y’a beaucoup de références à ta terre natale, on a même un Marly Gomont de Montcuq avec 1994 !

Ouais c’est un peu ça (rires) ! Tous les gars qui viennent de la campagne ils se reconnaissent dans ce morceau … Aujourd’hui on a 30 ans, beaucoup de gens croient que ce morceau est nostalgique mais on n’a pas écrit 1994 en se disant que c’était mieux avant… Mais à un moment tu fais le point, tu te dis « Ouais je fais du rap, ouais je viens de Montcuq, pourquoi je ne raconterai pas cette époque où ça a commencé et ça faisait tellement rire quoi !!! »… Marly Gomont de Montcuq ? On prend (rires) !!!

Comment se passe le processus de création du KKC ?

Très souvent c’est la musique d’abord. Ils sont beaucoup plus créatifs que moi, ils sont deux à créer : Mika et Aurél. Après tout se mélange, moi je mets beaucoup plus de temps à écrire, quoiqu’un peu moins maintenant ! C’est très souvent la musique d’abord, mais il arrive que ce soit les textes, Kulture Pub par exemple, l’envie de faire un truc sur la pub…

Il vient d’où d’ailleurs ce délire Kulture Pub ?


En fait on arrivait à Paris… Tu rentres sur le périph’ et tu as toutes ces marques affichées partout, y’a que de ça tout le temps ! Tu te ballades la nuit y’a que ça qui brille ! On voulait dire un truc là-dessus mais sans dire « la pub c’est nul, tatata… » J’ai dit aux gars « Donnez-moi des slogans qui vous passent par la tête » et on avait 5 pages, juste de slogans !!! Des slogans politiques aussi… Ils sont bons en com’ on les connait tous ces slogans, on est tous des fils de pub Culture pub ils ont trop raison (rires) !

Ce qu’on aime aussi chez le KKC, c’est des paroles fortes et engagées sur cette musique enjouée qui permet de dire des choses dures tout en gardant le sourire… Que ce soit sur Clap de fin, Swing It, Parfait, ou comme c’était déjà le cas avec Tout à L’Ego sur l’EP précédent…

Oui c’est important ! Le hip hop c’est un moyen pour nous de raconter des choses, mais on ne veut pas être moralisateurs… Ca ne nous empêche pas de donner un point de vue parfois négatif mais on le fait en souriant parce que le message il est plus fort quoi ! Puis si je voulais faire que du véner en vérité je ne saurais pas le faire, y’a des mecs qui le font très bien : Casey j’adore comment elle écrit ça rentre dedans, La Rumeur ils défoncent tout… Ca fait du bien ! Mais moi je ne sais pas le faire. Nous on veut dire aux gens « T’as le droit de dire qu’un truc te saoule, mais dis-le avec le smile ! »

Ce qui justifie votre programmation à la fête de l’huma ce soir !

Ouais on est invité à la fête de l’huma et y’a tout ce qui faut, sans parler parti politique, y’a tout ce qui nous plait : des vieux, des jeunes… Ça me rappelle les festoches anglais où t’as pas que des jeunes de notre âge qui sont là pour danser et se la coller, t’as des mômes de 4 ans et des vieux, c’est mortel !

Le KKC voyage aussi pas mal c’est vrai ! Une tournée européenne, beaucoup de dates en Angleterre et en Allemagne… Vous vous attendiez à ça dans votre coloc’ à Empalot ?

T’es fou mon pote (rires) ! Et encore moins quand on était dans le Lot (rires) ! Non on ne s’est jamais attendu à ça. Notre musique est dansante, nous on veut simplement partager un moment avec les gens, et la langue n’est pas une frontière. Les mecs nous disent « On s’en fout on comprend rien mais c’est top » un peu comme nous quand on écoute les anglais. On s’est retrouvé à se balader de droite à gauche : Colombie, Finlande, Danemark, Turquie… Ouais on a bien vadrouillé, on ne s’y attendait pas, on est bien chanceux et on en profite !

Et un souvenir particulier ressort de ces tournées ?

Dans toutes les tournées ? La Colombie forcément, on sortait du continent… Tous les autres trucs européens c’était mortel mais là on arrivait dans un autre monde, pas du tout la même culture. En plus on ne faisait pas que des concerts on est allé faire des ateliers où on était en rapport direct avec des gens, des gamins hip-hopeurs : on avait 18 MC, on leur a fait une instru… A la fin de l’atelier y’a un mec qui nous a expliqué qu’il avait créé une école de hip hop où ils récupèrent les gamins après les cours au lieu qu’ils trainent dans la rue. Ils leurs apprennent le break dance, le rap, le DJing, le graff… Ça c’est un super souvenir !

On revient sur la scène… Dans un festival idéal, avec qui le KKC partagerait l’affiche ?

Je dirais Django Reinhardt, qu’il revienne (rires)… Après pour le côté old school, je mettrais Andy C, c’est un des pionniers du jungle pour Aurél ! Et côté hip hop, Oxmo Puccino parce qu’il est trop bon on l’adore ! Mais y’en aurait tellement d’autres…

T’as Thomas Kretzschmar qui fait du manouche sur Toulouse, ça pourrait t’intéresser… Faudrait qu’on organise une rencontre via Opus !

Tu sais quoi on me là déjà dit ! Mais je l’ai jamais vu, ça serait top ouais ! Mika le guitariste il kifferait ça ! Si on ne joue pas cet été on ira surement le voir en concert avec toi alors…

Opus est un blog de découvertes musicales : quels seraient les deux trois groupes que vous aimeriez nous faire découvrir ?

Mika (au loin dans la loge) : Fonfon et Lady Little (rires) !

Julien : Fonfon et Lady Little, tu vas galérer à trouver les records mais bientôt ça va sortir gros et sévère ça (rires) ! C’est le projet des deux là (Mika et Carole, allongés dans les loges) ils vont lancer ça dans pas longtemps ! Tu as Hugo Kant aussi, on a joué avec eux ! Après ça sera pas faire découvrir mais on a joué plein de fois avec eux et ils sont juste trop bons, c’est Bigflo et Oli, ils défoncent ! Y’a Fakear mais tu l’as déjà fait sur Opus sinon je l’aurai mis. Et un dernier… KKC Orchestra pour l’égo trip (rires) !

 

Rémy

Amatrice de world, de jazz, mais aussi de pop ou de rock, Lisa est aussi la créatrice de La Tisseuse, structure avec laquelle elle organise des concerts et scènes ouvertes.