Jazz sur son 31 : les artistes attendus

En plein cœur de l’automne, le festival Jazz sur son 31 est un événement marquant de la saison culturelle en Haute-Garonne. Pour sa 33e édition, le festival mettra à l’honneur des artistes venus du monde entier, au cours de 78 manifestations réparties sur 17 communes allant de Toulouse aux salles de spectacles et salles des fêtes du département, transformées chaque année en clubs de jazz. Petit tour d’horizon des coups de coeur de cette édition : 

NES : la douceur orientale 

NES est un trio de jazz aux couleurs orientales et au parfum méditerranéen. Les trois membres de la formation, Nesrine Belmokh (chanteuse et violoncelliste franco-algérienne), Matthieu Saglio (violoncelliste français) et David Gadea (percussionniste valencien), font de leurs univers et de leurs origines respectives une fusion, délicieusement juste.

Que se soit en français, en anglais ou en arabe, nous plongeons dans une atmosphère où règnent pureté et élégance. Un charme qui a été remarqué à l’étranger au travers d’une foule de concerts à guichets fermés, notamment sur la péninsule ibérique, et un premier album Ahlam (le “rêve” en français) sorti en août 2018, salué par la critique internationale. A l’écoute de l’opus, la maîtrise instrumentale qui se dégage de chaque morceau, de chaque musicien, nous fait tendre attentivement l’oreille, et puis au fur et mesure, nous nous lovons avec eux dans une bulle de douceur. Le rêve, justement, se poursuit pour le trio qui fera l’ouverture du festival le mercredi 9 octobre 2019 au Pavillon République.

Lisa

Bachar Mar-Khalifé : à la frontière de tous les styles 

Jazz sur son 31 met cette année en lumière des artistes de jazz venus du Proche et Moyen-Orient. On y retrouve l’incroyable Bachar Mar-Khalifé qui se produira le jeudi 10 octobre à 18h30 au Pavillon République.

Mélange entre les traditions arabes, la technique du Conservatoire de Paris et son goût pour l’électro, ce franco-libanais transcende les genres pour proposer une musique des plus envoûtantes. On croirait entendre de prime abord une musique traditionnelle à travers ses chants lyriques arabes, et puis plus on écoute, plus les harmonies du piano nous intriguent, plus les rythmes entêtants et répétitifs des percussions (parfois mêmes rythmes tapés directement sur les cordes du pianos) nous rappellent la genèse de la musique électronique. Un virtuose du piano que joue avec les codes pour créer une musique identitaire, à mi-chemin entre traditions libanaises, classicisme et musique expérimentale. C’est un long chemin qui l’amène en 2018 à sortir son quatrième album The Water Wheel A Tribute To Hamza El Din dans lequel il rend hommage à Hamza El Din, considéré comme le père de la musique nubienne contemporaine.

Ce chanteur et oudiste en a d’ailleurs inspiré plus d’un : de la folk, en passant par la musique psychédélique ou la musique minimaliste, Hamza El Din inspire aujourd’hui Bachar Mar-Khalifé. Un album à la frontière de tous les styles.

Julian

Jowee Omicil : du street jazz musclé

Rendre accessible une musique technique et complexe, être libre, faire rêver, c’est ce que nous inspire et souhaite transmettre cet hybride du jazz. Multi-instrumentiste, saxophoniste canado-haïtien, Jowee Omicil délivre une oeuvre dynamique chargée de bonnes ondes.

Déjà deux excellents albums à son actif, Let’s Bash! et Love Matters produit par Jazz Village / PIAS. Il explore des sillons métissés ; tantôt africains, orientaux ou caribéens. L’émulsion donne une recette pleine de couleurs et de rythmes ; sa musique est lumineuse et virevoltante. D’ailleurs sa session live filmée par La Blogothèque, reprenant Twa Groove et Love and Honesty, en est l’illustration parfaite. Cassant les codes dans un lieu alternatif et familial, proche de son public admiratif au beau milieu de fresques street art. Le virtuose s’amuse, improvise et fait s’animer les notes avec une aisance déconcertante. Ne manquez pas ce jazz bouillonnant le vendredi 11 octobre sur la scène du Théâtre des Mazades.

Lisa

Hugh Coltman et Ben L’Oncle Soul : la promesse d’un moment suspendu 

Quelle joie d’apprendre la réunion sur scène de ces deux crooners des temps modernes. Hugh Coltman qui a déjà reçu un prix des Victoires du Jazz en 2017 et a sorti son dernier opus Who’s Happy en 2018. Un album qui vient enrichir la palette des répertoires dans lequel l’artiste excelle. Une voix éraillée et chargée en émotions et sentiments ; un groove teinté de folk lorsqu’il attrape son harmonica ou son ukulélé : sur cet album, il nous enchante avec son jazz façon New Orleans et ses textes poignants.

Quant à Ben L’Oncle Soul, éternel groover et soulman, il s’inscrit depuis le début de sa carrière comme l’une des plus belles voix de l’hexagone. Un artiste épatant dont chaque reprise ou composition originale reçoit une interprétation habitée. Au sillon des mélodies, qu’elles soient lancinantes ou embarquées, sa voix puissante résonne avec justesse, à chaque fois.

S’il a déjà collaboré avec des grands noms : Beat Assaillant, Akhenaton ou encore Hocus Pocus, sa rencontre avec Hugh promet un voyage musical intense. Retrouvez-les à Odyssud les vendredi 11 et samedi 12 octobre dès 20h30.

Lisa

Mowgli : la musique animale

Dans cette programmation bien fournie il y aussi des petites pépites locales. Cette année le festival s’associe au Collectif Culture Bar-Bars pour accentuer la visibilité de la création locale dans des lieux de proximité.

Sauvage. Voilà peut-être le mot le plus adapté ce trio Toulousain : sauvage… et libre. Ils naviguent entre le jazz, l’héritage rock et une touche d’électro pour nous offrir une expérience instrumentale désinvolte. Emprunt en filigrane d’une couleur math rock, Mowlgi joue sur les rythmes, les contretemps et les mélodies spontanées des saxophones. Animal. Dans leur album Ivre de la Jungle on retourne aux instincts primitifs et imprévisibles. La Cave est peut-être le titre sur l’album le plus mordant. Les rythmes sont débridés, secs et tranchants, les claviers saturés explosifs, les improvisations puissantes sont portées par une verve effrénée… Comme un tigre qui court après sa proie ! Rendez-vous au bar Le Breughel le samedi 12 octobre dès 22h, l’événement est gratuit sans réservation.

Julian

Avishai Cohen Trio : Un grand nom du Jazz

Avishai Cohen est tout simplement un des grands noms du jazz. Bassiste de renom, chanteur, compositeur, il est né à Jérusalem avant d’aller faire ses armes dans les clubs de Jazz de New-York. Remarqué par Chick Corea, il finira rapidement par jouer avec les plus grands.

C’est avec Elchin Shirinov au piano et Noam David, batterie qu’il viens nous délivrer son jazz libre et puissant sur la scène de la Halle aux Grains le dimanche 13 octobre à 17h. Sa musique est teintée de classique, de rythmes afro-caribéens, de bebop, de hard bop, de swing et de hip-hop… Mais dans son nouvel album Arvoles, sorti le 7 juin dernier, le dix-septième de sa discographie, on redécouvre un Avishai Cohen plus intime. Une sorte de retour aux sources maturé avec ses années d’expériences. On vous promet un moment à vous donner les frissons tellement son jeu de contrebasse est subtil et fascinant. Une des têtes d’affiche du festival ne pas manquer.

Julian

Lorenzo Naccarato Trio : jazz cinématique

Lorenzo Naccarato Trio est un projet toulousain né en 2012 de l’initiative du pianiste franco-italien Lorenzo Naccarato. Un univers qui oscille autour d’un répertoire impressionniste et minimaliste (Debussy), allié à du jazz actuel (Christian Scott) et des musiques répétitives. Une fusion singulière et bouleversante : du trio de jazz “classique”, dont on  connaît bien la formation (piano, contrebasse et batterie), ils en cassent les codes pour nous emmener dans une histoire musicale résolument novatrice dans le domaine.

Après une tournée internationale, le groupe sort en septembre 2018 son deuxième opus, Nova Rupta. Le pianiste et ses acolytes s’engagent dans une musique libre, dotée d’une grande technique instrumentale et rythmique. À l’écoute, on ne sait jamais où chaque morceau va nous emmener. Le tout crée une impression de mouvement constant, de quoi nous donner le palpitant et l’envie de s’abandonner avec eux. Une musique belle et audacieuse que l’on vous invite à découvrir le mercredi 16 octobre de 12h30 à 13h30 dans un lieu insolite : l’Hôpital Purpan, ou en soirée le samedi 19 octobre au Centre Culturel de la commune de Belberaud.

Lisa

Paamath : le Sénégal s’invite à Jazz sur son 31

Pape Amath N’diaye alias Paamaat est un auteur compositeur interprète né à Dakar au Sénégal. Il fait partie du paysage musical français depuis longtemps. D’abord avec sa formation Exil dans les années 80 puis avec son duo Buru dans les années 90. Partagant la scène avec Claude Nougaro, Thomas Fersen, Youssou N’dour, Salif Keita, Joe Zawinul, Nana Vasconcelos, Tinariwen… voilà près de 30 ans qu’il voyage, arpente le monde et les salles de concerts pour jouer sa musique héritage de sa terre natale. L’Afrique racontée en langue française, comme des poèmes mis en musique qui, lorsque l’on ferme les yeux, nous font vagabonder entre les dunes du Sahara, les plateaux du Sahel et les villes bourdonnantes du Sénégal.

Il jouera en formation trio accompagné par Auguste Harlé au violoncelle, et Sabrina Mauchet au violon, et présentera ses nouvelles créations à Jazz sur son 31. Ça se passera à L’espace Culturel François-Mitterrand le dimanche 20 octobre à 17h en accès gratuit.

Julian

Retrouvez l’intégralité de la programmation et la billetterie sur cultures.haute-garonne.fr
Crédits photo : Renaud Monfourny / Nérea Coll / Andreas Terlaak / Pierre David

Amatrice de world, de jazz, mais aussi de pop ou de rock, Lisa est aussi la créatrice de La Tisseuse, structure avec laquelle elle organise des concerts et scènes ouvertes.