« Oceano Nox » : Clara Ysé survole un océan poétique dans la nuit lyrique.
Crédits photo @oliviertheyskens
Clara Ysé laisse entrer la lumière dans la pénombre tel un chiaroscuro. La beauté du contraste et la richesse des nuances dépeignent un album précieux et pénétrant : « Océano Nox » (2023). L’artiste à la voix cristalline, aussi puissante que précise, nous brode un univers qui déroute les genres et surplombe la poésie sous l’œil ému de la lune. Les perles lyriques magnifièrent la dentelle instrumentale qui se tord sous l’aiguille tantôt méditerranéenne, tantôt épique. Clara Ysé a traversé la tempête, survolé l’océan et nous chantera son épopée le 27 avril 2024 dans le merveilleux Metronum. N’oublie pas ta boussole, tu en sortiras désorienté.e…
« Oceano Nox » (2023), référence à Victor Hugo et à Virgile, annonce le timbre poétique et ombragé de l’album. Femme de lettres, Clara Ysé manie les mots comme les maux l’ont parfois maniée. Elle nous soumet un Graal tranché en onze chapitres teintés d’éclectisme mais s’inscrivant dans l’exercice de la cohérence. La compositrice-interprète nous dévoile une œuvre qui puise son essence dans la puissance de la nature, dans les tréfonds de l’âme, dans les pleurs joyeux et les joies tristes. La musique dansant l’estampille avec le verbe, balaie du sable médiéval, oriental et moderne. Le chœur s’accorde à la ductia de l’archet tandis que la guitare initie une ronde avec les notes célestes de l’artiste. Dans son premier album, Clara évoque différents sujets dont la perte tragique de sa mère, la philosophe et psychanalyste Anne Dufourmantelle. L’Etoile célèbre la vie, elle aborde l’opacité de l’amour qui persiste et nous guide malgré l’absence. Tandis que les doigts pianotent sur le Steinway, Clara Ysé chante l’émouvante Lettre à M dans laquelle cette dernière imagine ce qu’aurait été la vie sans l’absence de sa mère et s’interroge sur « ce temps espéré » où elle cessera de lui manquer. Dans son album co-réalisé avec Ambroise Willaume, l’amitié est mise en lumière comme elle peut mettre en lumière les éclaircies lors des traversées périlleuses qui jonchent l’existence (Le monde s’est dédoublé). L’amour est un élixir qui irrigue le grimoire onirico-musical de l’artiste mais reste tout particulièrement prégnant dans Magicienne qui relate une histoire de fin’amor avec une femme. Clara Ysé ne peut nous évoquer Anne Sylvestre, aussi bien dans son timbre que dans ses textes. Souveraine pourrait d’ailleurs faire écho à la chanson Une sorcière comme les autres d’Anne Sylvestre : toutes deux rendent hommage aux femmes qui côtoient la haine et l’oppression sexiste. Clara Ysé nous transporte dans le Val sans retour et nous offre le spectacle d’un domptage coronal aux allures chevaleresques (Cœurs indomptés). Le clip Douce, co-réalisé avec Lou du Pontavice, est d’une beauté infinie : Clara débride son cœur fougueux comme le cheval immaculé et ténébreux avec lequel elle communie. Les contrastes entre l’intérieur et l’extérieur, le sombre et la clarté, le chaud et le froid, la sagesse et la fougue sont magnifiés. L’orféérie n’a pas de secret pour Clara Ysé, elle a avalé la clé du livre et se livre.
Clara Ysé nous offrira un breuvage poético-émotionnel aux notes lyriques, à la voix de cristal fleurtant avec l’androgynie, le samedi 27 avril au Metronum (Toulouse).
Haut les Cœurs indomptés !