Bertille dissipe les Distances dans les embruns d’une pop romantique.
Crédits photo Cahuate Milk
Bertille Fraisse possède bien plus d’un poil à son archet : “Distances” (2024) en est l’incontestable preuve… Dans son nouvel album, l’artiste sétoise s’amuse aussi bien à faire danser les crins avec lancinance qu’à faire retentir le pizzicato sur le Stradivarius. Elle allie avec délicatesse les cordes aux touches synthétisées, l’effleurement à l’appui, la fragilité à la force. Bertille nous présente un recueil composé d’onze titres appartenant au monde du sensible et s’inscrivant dans une pop hydratée par la fontaine du romantisme. ABBA les “Distances” et laisse-toi convaincre par les mots doux de Bertille !
Les “Distances” entre Bertille et la poésie n’auront jamais été aussi minces. Dans un tableau qu’elle compose progressivement, la musicienne parvient à transcender les arts avec ses mots et sa musicalité. Elle dépose à nos pieds un témoignage d’amour illustré à coups de métaphores et d’oxymores : ami.e.s poètes, faites travailler vos lombaires ! Bertille élabore son album en investiguant avec modernité, les thématiques romantiques du XIXème siècle : la nature, les saisons, le temps, le spleen (coucou Charles !), la rêverie, l’amour, le néant. Dans tes yeux raconte la noyade de Bertille dans un océan où les catacombes et les ruines côtoient les palais, dans une mer où la mélancolie fricote avec le présent et s’apprête à chérir un avenir empreint de douceur. La musicienne dépeint des paysages aux tons opposés sur le nuancier mais convoités par la flèche de Cupidon. Azur à l’Ombre met en exergue l’acceptation de l’oxymore existentiel et signe le traité de l’abolition d’une vision dichotomique parfois prédicatrice. Affronter le froid hivernal ensemble, se réchauffer et le vivre pleinement, au gré des gelées. Evincer la mélancolie et l’appréhension au profit d’un Carpe Diem. Bertille appose sa signature vocale cristalline sur le pacte de la maturité et se baigne Dans l’eau de la claire Fontaine sous l’œil ému de la lune.
Avec “Distances”, Bertille relève légalement et brillamment le défi de faire trinquer synthétiseur et violon à l’absinthe. Tu veux un shot ? Demande à Verlaine. Panpan.
Romantiquement vôtre,