Dimoné sans retenue au Bijou
Crédits photo Marc Ginot
Je déconnecte, je débranche, j’attends que le voyant vert s’allume, je me reconnecte (a quoi déjà?) … ça pixellise ? Et puis une image se forme, une ombre découpée au ganivet. elle a cette élégance désinvolte des funambules qui tanguent sur les marges, entre velours et papier de verre.
Alors que nos sens s’émoussent au contact du monde froid du numérique, qu’il est bon de se réchauffer au coin de cette poésie et de ces mots jetés non pas sur le papier mais sur le public.
Les lettres roulent sur sa langue accentuée comme des pierres polies par le temps, des vers ciselés qui s’imbriquent en de savantes équations : sans retenue, mathématiques amoureuses où les cœurs battent en chiffres impairs, où les inconnues se résolvent dans un frisson de peau. Il chante comme on chuchote des vérités dans l’ombre, piano-voix dépouillé, fragile et tranchant, écho d’un Venise intérieur où les eaux profondes dissimulent des vertiges.
Dimoné porte en lui le feu d’un piment catalan, ce goût brûlant qui reste au fond de la gorge bien après l’extinction des projecteurs. Il avance sur de Grandes allées, hanté par les silhouettes de Narcisses qui se mirent dans des flaques de doute, regard acéré, sourire en coin.
Il n’a pas besoin de fanfare ni d’artifices : Télérama lui a offert ses 4T, mais lui continue son chemin, ailleurs, loin des étiquettes dans cette Humeur du jaune d’oeuf.
Certains n’y verront que des images qui tremblent, morcelées en éclats de lumière un peu comme un puzzle dont les pièces refusent de s’emboîter, un peu comme ces poèmes en morse de Bertrand Blanes où au début on n’aperçoit que des néons mal réglés… et puis le code s’offre à nous, on déchiffre des poèmes et on découvre un artiste à contre-courant, une voix qui ne s’oublie pas.