« Hypersensible » : Gringe casse du plomb céphalique sur un flow limbique.
Crédits photo @lou__escobar
Tandis que le monde part à vau-l’eau, que les petites abeilles deviennent précieuses, que la frontière entre réalité et Black Mirror s’estompe dangereusement et que mon optimisme se fait la malle : Gringe débarque avec « Hypersensible » (2024), fruit d’un claroscuro chevauchant vies intrinsèque et extrinsèque. Sous sa plume, l’artiste fait jaillir l’encre coronaire tandis que sa raison guide l’outil scripteur dans un monde où Mary Poppins recherche son parapluie. Gringe jouera sur la Corde sensible et nous confiera ses Feelings dans un flow qualitatif, casseur d’au moins trois pattes canardières, le 15 novembre au Bikini. La nuit sera fauve et étoilée : accrochons-nous à la lune, étreignons Saturne et brûlons de passion pour Mars.
Après quelques deux milliers de dodos, Guillaume Tranchant alias Gringe, est enfin sorti de l’hibernation musicale. Il nous présente un deuxième album parcourant la sinuosité d’un cerveau hypersensible soumis aux péages sociétaux. Rappeur, acteur et écrivain, Gringe arpente le monde de l’art avec plus d’aisance qu’il n’en a pour appréhender le monde réel parfois trivial, violent et déroutant. Ici-bas et depuis la nuit des temps, l’artiste, l’être différent, hypersensible ou neuroatypique est un.e « fêlé.e ». Or, les fêlures ne sont-elles pas nécessaires pour laisser entrer la lumière en nous ? Ne te casse pas la tête. Le Casseur Flowter d’antan nous partage donc un recueil de quinze titres s’inscrivant dans une coarticulation logique et artistiquement intéressante. En effet, Gringe tisse les liens à la manière d’Aragog, crayonne un dytique qui ne manque pas d’aplomb (Du Plomb / Surplomb) et joue précautionneusement avec l’autotune. Fake ID, véritable mazarinade dirigée vers l’industrie musicale, met en exergue les dommages liés à la célébrité, l’égarement de la boussole identitaire et le poison vaniteux. Au fil des paronomases et armé de son vocal tuner, Gringe dénature timidement son timbre, au fur et à mesure qu’il se perd, qu’il performe dans un rôle, y laissant quelques plumes de confiance. « Le prince des Nuées » se livre dans Confessions d’un hypersensible et exhibe ses blessures existentielles en tant que passager clandestin dans un monde parfois inhibiteur de sensibilité. On veut tendre vers l’inclusion or, l’accent est essentiellement mis sur nos différences et non sur nos ressemblances. Gringe a fait le deuil de la famille idéale, a appris à « pousser seul » (Au revoir BB) et essaie de quitter la plus noirâtre des nuances pour embrasser celle au-dessus. Les titres Nuits fauves et Pensées positives illuminent l’album avec d’ocres reflets et nous laissent un goût sensuel de gelato en bouche. Prépare tes papilles, ouvre tes tympans et dévore « Hypersensible » (2024) avec toute la force synesthésique qui sommeille en toi.
Gringe nous offre un album à la Midas composé avec le talentueux Tigri et collabore avec de grands noms tels qu’Orelsan, Georgio, Saan et Sidney. Le rappeur scandera son mélodieux Vice-Versa sur la scène du Bikini, le 15 novembre prochain. Arrête le Xan et viens à la rencontre des djinns de Gringe.
Câlins papillons,