Ciel Ether : “Si on déconstruit un peu nos manières d’être et de penser on peut arriver à des versions plus justes, matures et plus pures de nous-mêmes”

Ciel Ether est l’un des 3 projets accompagnés par le Focus d’Opus 2024, avec Words of Sara et terestesa. On a posé quelques questions à Mist et Last, tous deux membres du collectif, respectivement rappeur et beatmaker-musicien. La création du groupe, la nouvelle mixtape qu’ils sortent le 18 octobre, la date au Metronum et l’accompagnement Focus d’Opus : ils répondent à toutes nos questions !

CIEL ETHER crédit @remysirieix

Bonjour MIST et LAST. Vous faites partie du collectif Ciel Ether. Est-ce que vous pouvez nous raconter comment s’est créé le projet ?

Last : On s’est rencontré un peu par hasard. À la base, c’était parce que Sarah, la présidente de Voisins des Rues cherchait des artistes pour organiser son premier concert caritatif. Le soir où on s’est rencontré, le feeling est passé direct. C’est un peu cliché à dire mais on avait déjà l’impression de se connaître depuis plusieurs années.

Le projet de créer Ciel Ether est né dans un second temps, une fois qu’on avait capté qu’amicalement ça matchait vraiment bien. Ciel Ether est donc l’association d’une bande de potes alimentés par la même passion pour la musique, la création et l’expérimentation.

Vous me présentez l’ensemble des membres du collectif ? Avec leurs points forts selon vous ! 

Mist : À l’heure actuelle, on est six artistes au sein du collectif. On va essayer de présenter les autres comme il se doit !

Pour commencer, Romsec. Fin lyriciste :on est tous d’accord entre nous pour dire que c’est lui qui a la plus belle plume, et bête de scène, il tend vers un personnage hyper androgyne, ce qui fait du bien à l’imaginaire qu’on se fait du rap, et développe un univers artistique expérimental et touchant.

On a ensuite Araem. Il est capable de rapper/chanter en anglais et en français. Pour nous, c’est lui qui a l’univers le plus accessible au sein du collectif : il est capable de découper des prods avec des flows maxi tranchants et de te sortir une topline magnifique 20 secondes après. Il est vraiment hyper polyvalent. D’ailleurs, il est aussi ingé son chez Silk Studio et c’est lui qui a mixé plusieurs des morceaux de la prochaine mixtape.

Asterie ! Vous n’êtes pas prêts de son évolution sur le prochain projet. Chanteuse, elle a commencé à faire du son il n’y a vraiment pas si longtemps que ça et pourtant elle a déjà une superbe voix et surtout une magnifique plume, qui lui ressemble énormément. On pense qu’elle n’a pas fini de se et de nous surprendre, y a un vrai potentiel.

Last, qui se cachait dans l’ombre depuis le début de Ciel Ether, sort enfin de son rôle de beatmaker sur le prochain projet. Pour moi (Mist), c’est l’oreille musicale la plus fine du collectif, ce qui s’explique notamment par sa maîtrise de plusieurs instruments : batterie, piano, guitare, basse… C’est clairement son point fort, et on va essayer d’intégrer ça comme il se doit lors du concert au Métronum le 21 novembre !

Abshalom, le père de la paix, propose une musique hyper personnelle qui colle parfaitement avec sa voix éraillée. C’est un bête de rappeur, qui est aussi capable d’amener de la mélodie dans ses morceaux. L’interprétation, tant en studio que sur scène, est un de ses plus gros points forts. Il est capable, à travers celle-ci, de parfaitement faire passer les émotions.

Last : Enfin pour finir, l’homme masqué du collectif, Mist. Pour nous tous, c’est le meilleur topliner du groupe. Il arrive à chaque fois à capter le mood de la prod, peu importe son style, pour construire un ensemble hyper cohérent. Ses textes sont aussi hyper poétiques et, que ce soit en rappant ou en chantant avec sa voix puissante, il est capable de les interpréter en y mettant toutes les nuances nécessaires.

Je vous ai découvert personnellement via Abshalom. J’ai rapidement été intrigué par le nom de votre collectif ! Plein d’intrigues. Qui a trouvé ce nom et que regroupe-t-il ? 

Mist : Le nom a été trouvé après un beau brainstorming et c’est Romsec qui a proposé celui de « Ciel Ether ».  L’idée était de lier le côté brut de la Terre et de nos racines et l’aspect impalpable et incommensurable du Ciel et de nos imaginaires. Le petit jeu de mot permet d’intégrer la notion de l’Ether avec plus de légereté. L’Ether est une matière qui, au sein de l’univers, permet de combler le vide et de lier les éléments entre eux malgré leurs différences. Un peu comme le fait la musique et l’art au sein du collectif finalement.

Après le nom, j’ai été séduit par votre première tape. Vous proposez une musique qui raconte une histoire, celle d’Heliopolis, une ville imaginaire. Vous nous racontez comment est né ce projet et comment il vous offre la possibilité d’écrire sur les humains et leurs relations ? 

Last : Héliopolis, la ville soleil, c’est un peu le regroupement de tous nos idéals et de toutes nos envies profondes. On a compris que si on déconstruit un peu nos manières d’être et de penser on peut arriver à des versions plus justes, matures et plus pures de nous-mêmes. Le projet est né relativement naturellement, on avait l’envie de faire quelque chose de plus gros que nos propres individualités et c’est de là qu’a découlé l’idée du triptyque Héliopolis. Le but étant du coup de remettre en question tout ce qu’on ne questionne et pas de changer, au sein de nous-mêmes, ce que l’on n’aime pas changer.

Dans l’écriture, je vous trouve tous très poétiques, très imagés. Vos textes nécessitent plusieurs écoutes pour saisir le fonds. C’est quelque chose qu’on retrouve aussi dans vos projes solo, je pense à toi MIST justement. C’est dans votre ADN cette façon d’écrire ? 

Mist : Ouais, on met tous, je crois, un point d’honneur à donner une complexité et une profondeur à nos textes, qui ne se mesurent pas à la première écoute. En tant qu’auditeur, j’aime bien me prendre la tête pour comprendre les subtilités et sens cachés des paroles et je pense que, de par mes influences, c’est venu assez naturellement d’écrire comme ça. On aime tous tourner nos phrases de sorte à trouver du beau là où c’est moche. 

Le nom, la première sortie de mixtape… et puis le live ! Je vous ai vu au Connexion Live, au Rex de Toulouse. Ciel Ether c’est plutôt un collectif de studio ou de scène ?

Last : Mmmmh, c’est une bonne question. On prend autant de plaisir à créer qu’à être sur scène, mais c’est vraiment deux choses différentes, et ça dépend aussi de la sensibilité de chacun des membres. Si on parle de nous deux, la scène c’est vraiment quelque chose qu’on adore, c’est le moment où on se rend vraiment compte de l’impact qu’à notre musique et c’est aussi un bon moyen de réaliser les étapes accomplies.

Mist : Pour répondre à ta question, je pense que ça dépend aussi des périodes. À l’heure actuelle, on a vraiment à cœur de construire un set Ciel Ether en bonne et due forme, qui intègre plus de musique live. On aimerait vraiment défendre le projet sur plusieurs scènes et à plus long terme.

Après la première mixtape « Heliopolis : Chaos » vous sortez le 18 octobre la seconde, « Heliopolis Expansion ». Racontez-nous le propos ! 

Mist : Du néant né le chaos et du chaos né l’ordre. Avec « Expansion », le but est de mettre fin à ce chaos, qui représente en quelques sortes les différents problèmes et poids provoquées par la vie. L’Expansion représente donc la quête d’un meilleur soi. Pour nous, atteindre un meilleur soi c’est apprendre des autres et tout faire pour mieux se comprendre. C’est aussi se replonger dans son enfance et dans son éducation, qui sont mine de rien des facteurs très influents sur les adultes que nous sommes en train de devenir. On essaye de faire comprendre ce rapport à l’enfance à travers l’introduction du projet et les différents visuels qui vont sortir.

ASTERIE @lives_and_records

J’ai été très marqué par l’évolution d’Asterie dans cette 2nde tape, vous confirmez ?

Last : Nous bof. Elle est bien guez en vrai la team non (rires) ? Non plus sérieusement, on a la chance de suivre son évolution depuis ses débuts et même si on voyait le potentiel, elle nous surprend tous les jours un peu plus. J’ai l’impression qu’elle s’affirme vraiment plus artistiquement dans ce deuxième volet et ça fait trop plaisir à voir. On a tous hâte de la sortie d’un projet solo d’Asterie ! 

Le morceau Expansion mélange nos six voix dans trois univers différents : on a eu un gros taff de réal pour rendre tout ça homogène et fluide !

J’ai 2 coups de coeur dans cette mixtape : Mal à la Fête et Expansion. L’un très entrainant qui est le tube de l’écoute pour moi, et l’autre qui est un titre très évolutif qui valorise tout le crew… Parlez-moi de ces titres-là !

Mist : C’est intéressant que ce soit ces deux morceaux-là qui t’aient marqué parce que, dans la forme, ce sont presque deux opposés ! Mal à la Fête c’est un morceau simple, qui parle juste du sentiment d’être en décalage avec les gens et le monde qui nous entoure sans pour autant tomber dans un morceau triste, loin de là. À nos yeux, il représente plus une touche d’espoir. Ce morceau est, il nous semble, celui qui a été produit le plus vite. La prod (composé par Crow du studio Silk) et l’enregistrement ont été fait hyper rapidement. En moins d’une journée on avait le son fini !

Ça contraste donc avec le morceau Expansion, qui a été pour nous le plus compliqué à finaliser. Il mélange nos six voix dans trois univers différents et on a eu un gros taff de réal pour rendre tout ça homogène et fluide. C’est l’outro du projet et c’est pour nous un bon condensé des différents propos et des multiples ambiances comprises dans le projet.

Imaginez que je parle de Ciel Ether à une personne qui vous découvre. Quelle chanson vous me conseillez de lui faire écouter ? 

Mist : Eh bah du coup, je pense qu’on choisirait tous le morceau à 6, Expansion. Comme on le disait juste avant, c’est un bon cumul des univers de chaque artiste. En plus, il a été intégralement composé par Last et Crow, qui ont une pâte à eux, donc il permet également de présenter le travail des beatmakers. C’est une œuvre à part entière qui, on pense, présente bien les différentes palettes de notre musique.

Vous avez l’habitude de partir en résidence créative : comprendre un weekend où vous vous enfermez dans une maison pour créer. Est-ce que les destinations de ces résidences influencent votre créativité ? Et comment vous créez entre la prod et le son. Racontez-nous ! 

Last : La destination n’influence pas directement notre musique. C’est surtout le fait de sortir de notre vie quotidienne qui nous met dans une bulle hyper favorable à la création. Après, la météo, le lieu, l’heure de la journée sont évidemment aussi des paramètres qui jouent sur la composition de notre musique mais c’est vraiment le fait d’être ensemble qui va amener de l’inspiration. Être à côté nous permet justement de créer un lien hyper étroit entre l’instru et les paroles, puisque tout se fait au même moment. Généralement, je trouve une loop qui marche bien et en parallèle les copains qui sont inspirés commencent à écrire. Au bout d’une heure, je sors une première structure de la prod et ceux qui ont écrit vont enregistrer. Être sur place tous ensemble en même temps permet de faire beaucoup d’aller-retour entre voix et instru et donc de créer le morceau progressivement et de manière cohérente, c’est super pratique.

Le Focus d’Opus ? On savait que ça allait être utile mais nous n’avions pas réalisé à quel point !

Comment est-ce que vous gérez vos envies de carrière solo en parallèle de ce collectif. Où est placée la priorité pour chacun d’entre vous ?  

Mist : Je pense que ça dépend de chacun mais surtout des périodes. Quand on a de grosses échéances comme la sortie d’un projet et un Metronum, la priorité va naturellement vers Ciel Ether. C’est super agréable de construire des projets comme ça, entre potes, c’est une belle aventure à partager !

Après, on accorde tous de l’importance à composer nos morceaux solo. C’est important d’avoir son petit jardin pour exprimer son art à 1000% et continuer à se trouver artistiquement. C’est aussi ça qui permet de créer un univers singulier et propre au collectif !

Vous faites partie des lauréats du Focus d’Opus. Il représente quoi cet accompagnement pour vous ?

Last : On savait que ça allait être utile mais nous n’avions pas réalisé à quel point ! C’est déjà un grand honneur d’avoir été retenu aux côtés de deux projets aussi talentueux que Words Of Sara et terestesa mais cet accompagnement nous a surtout permis de nous professionnaliser, et c’est vraiment ce qu’il nous manquait l’année dernière. En plus, on a l’occasion de défendre notre projet au Metronum… que demander de plus ?

Vous avez enregistré un titre avec Les Incultés, vidéo qui sera diffusé via le Focus d’Opus. Quel morceau a été choisi et pourquoi ?

Mist : Encore une fois, il s’agit du morceau Expansion ! Celui qui permet de présenter au mieux les six artistes du collectif. En plus de ça, on trouve qu’il a un vrai potentiel live (on peut parler de la chorale avant le dernier couplet ?) et on avait à cœur de vivre tous les six l’expérience de la live session. Hâte que ça sorte et merci encore aux Incultés qui ont fait un taff de fou !

Le live au Metronum du 21 novembre, vous le préparez comment et que représente-t-il dans votre évolution ? 

Last : Pour nous, avoir la chance de jouer sur une des plus belles scènes de Toulouse est une nouvelle case de cochée !  Dans la lignée de nos concerts au Connexion et au Rex en mai dernier, on a envie de proposer quelque chose de nouveau et de faire honneur à cette opportunité : merci Opus en vrai.

Pour ça, on essaye de se préparer au mieux ! Ayant comme volonté d’intégrer des instruments au set, on a trouvé un plan pour partir deux week-ends en résidence scénique. Ça va nous permettre d’arriver, on espère, prêts et de pas stresser. Enfin, on croit… non ? Si en vrai on va flipper en vrai, normal.

Opus est un media de découvertes musicales : quels sont les 3 artistes que vous voulez nous faire écouter ?

Mist : Oh waw, c’est peut-être la question la plus compliquée depuis le début ! Y a trop d’artistes qu’on kiffe ! En plus il faudrait concerter les autres. Mais si faut faire un choix, je pense que tout le monde au sein du groupe est ok pour qu’on parle de Zalbecino, Étane et ZGMA, trois artistes dont on aime autant la musique que la personne. Deux d’entre eux étaient déjà présents lors de notre premier concert au Connexion en mai 2023 ! On leur souhaite vraiment les plus belles réussites.

Et pour finir, si Ciel Ether pouvait organiser son festival idéal, il se passe où et vous invitez qui ?

Last : On fait ça chez la maman de Rémy et on invite la daronne de Rémy (rires). Non en vrai, franchement joker mais je crois que Silk est déjà sur le coup !

Merci à vous ! Et on se retrouve le 21 novembre ! 

Rémy

Le Focus d’Opus est le dispositif d’accompagnement imaginé par Opus Musiques et organisé en 2024 avec l’aide des partenaires : Le Metronum, La Sacem, Mathpromo, Les Incultés, Nuance Records et Sozinho.

Créateur d’Opus, Rémy est à la fois rédacteur et photographe dans notre media. Un mélomane qui écoute aussi bien du rock que du rap ou de la pop, et qui aime fouiller la scène locale.
C’est également lui qui gère le projet Focus d'Opus