Interview Mélys : “L’acoustique est vraiment la base de mon projet, je ne souhaite pas l’oublier”
La folk florale de Mélys vient de sortir son deuxième bourgeon : un EP nommé “For Once” sur lequel la chanteuse, guitariste et compositrice, accompagnée par le Focus d’Opus 2023, revient en détail le temps d’un jeu de questions-réponses…
Bonjour Mélys ! Tu viens tout juste de sortir ton 2e EP : « For Once ». Si tu voulais résumer le propos musical de cet enregistrement, comment le présenterais-tu ?
For Once parle de relations. Relations familiales, amicales, amoureuses et de relation avec soi-même. Cet EP parle aussi du fait de grandir, de quitter le nid, devenir femme, tracer sa propre route et affronter le “monde des grands”, que cela nous plaise ou non, que l’on s’y sente à sa place ou non…
Ton premier EP, « Agua » portait un nom espagnol. Ce 2e, « For Once », un nom anglais. Un peu comme pour nous dire toutes les langues de tes compositions florales ?
Peut-être que, inconsciemment, oui mais je pense que je ne me pose pas vraiment la question des langues. Quand j’écris des chansons la langue (que ce soit de l’anglais, de l’espagnol ou du français) vient toujours spontanément, naturellement. Ca dépend peut-être du message, du texte, de la phonétique, des images que je visualise dans ma tête ou même de la musique en elle même (choix des accords, de la mélodie…).
Je pense que le choix du titre de mes EP se fait en fonction du morceau qui représente au mieux l’histoire globale de l’album dans son ensemble et celui qui représente le mieux ce que je cherche à défendre musicalement.
“J’aime cette sorte de stress que le studio m’amène, de remise en question de dernière minute. C’est ce qui fait que mes chansons restent vivantes. J’adore ça !”
On compte 5 titres dans cet enregistrement. Est-ce que tu as hésité à en ajouter certaines ?
Cet EP a été financé par Les Fonds Regnier pour la Création (merci encore!), et le deal était d’enregistrer 5 titres maximum. Ça s’est donc fait comme ça même si l’idée de base en 2023 était d’enregistrer un album après Agua. Mais je garde ça pour la suite… 🙂
Pour cet enregistrement, tu as travaillé seule ou avec des structures à tes côtés ?
Nous nous sommes donc fait financé cet EP et nous avons eu la chance d’enregistrer au Red House Studio à La Forestière et de travailler avec Hugo Zeitoun à l’enregistrement et au mix, qui nous a fait un super travail !
Les musiciens du projet ont également fait partie de l’arrangement de mes chansons, ils proposent une ligne, une couleur, une texture pour enrichir ce que j’amène à la guitare et à la voix et généralement leurs propositions fonctionnent de suite, c’est pour ça que l’on continue de travailler ensemble.
L’EP s’est enregistré avec Mathieu Lengagne à la guitare, Jules Chappert à la basse et aux synthés, Geoffrey Barbot à la batterie et aux percussions (qui a appris tous les titres deux semaines avant l’enregistrement!) et nous avons eu la chance d’avoir le piano de Pascal Lengagne sur notre dernier morceau: 24.
Beaucoup de choses se sont décidées durant la semaine d’enregistrement car nos morceaux n’étaient pas forcément prêts, les maquettes se sont faites une semaine avant l’enregistrement, manière de décider du BPM, de la tonalité des morceaux et du “gros” de l’arrangement. Et encore ! On a tout de même fait des changements de BPM au studio, à la dernière minute. Mais pour Agua c’était pareil, je crois que j’aime cette sorte de stress que le studio m’amène, de remise en question de dernière minute. C’est ce qui fait que mes chansons restent vivantes. J’adore ça !
J’ai l’impression que tu es TOUJOURS en concert ! Tu t’apprêtes à jouer en Belgique, en Hollande, en Allemagne. Il y a aussi de nombreuses dates en Occitanie dont une au OFF du festival Ecaussysteme. Comment travailles-tu ce booking ?
Ahah, je ne sais pas si je suis TOUJOURS en concert, mais c’est vrai que j’essaie de trouver beaucoup de dates. Je n’aime pas être en pause pendant plus de quelques semaines, c’est de là qu’est née ma tournée dans le Nord. Je n’avais rien de booké pendant un mois et demi donc j’ai décidé de trouver des dates à l’étranger. Et comme je suis Belge, Hollandaise et Allemande d’origine, j’ai décidé de d’abord faire tourner For Once, dans ces pays-là, comme un petit clin d’oeil à mes origines !
Le booking c’est beaucoup de travail et c’est ce qui me prends le plus de temps dans mon activité, donc si tu/vous connaissez quelqu’un qui voudrait s’en charger pour moi, je suis preneuse !
La magie de Mélys opère aussi en live, où tu peux jouer en formule duo, trio ou quatuor. Est-ce que pour toi ce sont des lives différents selon la formule ou tu les considère tous avec la même énergie ?
Nous ne jouons plus dans la formule trio, au contraire je préfère retrouver de plus en plus la formule en solo. J’adore aussi jouer en duo avec Mathieu et en quartet avec notre nouveau batteur, Pablo Echarri. Cette dernière formule pêche beaucoup plus, il y a vraiment cette sensation de “band”, des fois j’ai même l’impression de faire du rock ahah et le quartet me permet de plus lâcher prise. On a pas mal de parties instrumentales dans lesquelles Mathieu peut prendre le lead et ça me laisse donc la place à côté pour me lâcher, sauter sur scène et danser, j’adore ça, me sentir libre sur le plateau !
Mais les formules solo et duo sont toute aussi intéressantes, j’aime ce côté intimiste, proche du public. Même parfois rejouer en acoustique totale, comme si chaque note était un petit secret… c’est tout doux et j’aime beaucoup.
crédit photos @remysirieix
Je reviens sur ton EP. Si tu voulais nous parler plus en détails d’un seul morceau, lequel choisirais-tu ?
C’est dur ! Contrairement à mon premier EP Agua dans lequel je ne m’identifiais pas vraiment à certaines chansons, peut-être car elles ont mis plus de temps avant d’être enregistré, j’en étais moins fière, elles ne me touchaient pas toutes personnellement mais j’ai quand même voulu les enregistrer comme pour m’en débarrasser. Dans For Once, toutes les chansons me touchent, je les aime vraiment toutes, elles ont toutes une histoire très fortes et racontent toutes une période de ma vie, en quelque sorte.
Je crois que le premier morceau qui me vient en tête là tout de suite c’est 24, peut-être parce que c’est le seul qui n’a pas été composé en 2023 mais qui date de 2021. C’est un morceau que j’avais besoin de sortir pour passer à autre chose dans ma vie personnelle, c’est un morceau super acoustique, tout doux et cette esthétique représente le socle du projet. Même si j’ai de plus en plus tendance à vouloir additionner des nappes, des distorsions et des synthés, l’acoustique est vraiment la base de mon projet, et je ne souhaite pas l’oublier.
Ce que j’apprécie aussi de ce morceau est que durant l’enregistrement au studio on a appelé Pascal Lengagne, le père de Mathieu, pour lui demander s’il voulait bien rajouter du piano. Il l’a donc enregistré à distance et nous l’avons additionné sur place. Comme je disais plus haut, j’aime ces décisions de dernière minute !
« For Once » a été présenté avec le magnifique clip de November. Tu peux nous raconter le tournage ?
Le thème de November est assez simple. Il parle juste d’une personne qui voudrait fuir la ville pour se retrouver seule face à la mer, quitter le bitume, les foules et les rues blindées pour se retrouver en tête à tête avec la lune.
On a tourné ce clip en Bretagne avec une superbe équipe et le soutien de Mauvaises Herbes Production. Nous avons imaginé l’histoire avec Safran Lecuivre, le chef opérateur et directeur du projet. On a tourné presque tous les jours sous la pluie, et il fallait fair face aux imprévus météorologiques sans cesse. Ce qui était complexe car nous avions beaucoup de machinerie et d’accroches à faire sur la voiture, notamment à l’aide d’énormes ventouses, je n’avais jamais vu ça personnellement.
Mais je me dis souvent que tout arrive pour une raison, et finalement la météo nous a très bien servis pour l’histoire !
L’idée de l’orchidée était aussi une idée de dernière minute trouvée dans le supermarché à côté de là où nous logions. De base je voulais que la coffre de la voiture se remplisse de fleurs au fur et à mesure du clip, comme pour représenter la vie qui prenait place plus le personnage s’éloignait de la ville. Mais comme nous n’avions pas beaucoup de budget, il fallait inventer quelque chose de plus économique et finalement, j’adore ce que cette fleur représente ! A chacun chacune son interprétation…
J’ai vu que tu tournais aussi un clip pour présenter « Josephine », qui est mon titre coup de cœur de l’enregistrement. La vidéo est prévue pour quand ? Comment se passe le tournage ? On veut tout savoir !
Oui j’avais envie de sortir un autre clip pour cet EP. J’adore mêler le cinéma à la musique, si je pouvais, je sortirais un clip par chanson !
Le clip devrait sortir fin mai, je ne vais pas spoiler l’histoire mais tout ce que je peux dire c’est que le clip sera en noir et blanc, que nous sommes deux comédiennes, dont Laura Tinel (je ne suis donc pas la seule à l’image pour une fois) et que je me suis vraiment amusée sur les costumes, le maquillage et l’histoire ! Les costumes ont été faits par deux couturières qui ont vraiment fait un super boulot : Alicia Mineaud et Dominique Bloink.
Le clip a été tourné au Pays-Basque dans une vieille maison où j’allais parfois petite. Nous étions une toute petite équipe sur le terrain et c’était la première fois que j’ai pu diriger un projet, co-écrire l’histoire avec Safran Lecuivre et faire de la direction d’actrice. J’ai adoré l’expérience. J’adore inventer des histoires qui donneront des images pour illustrer ma musique.
“Dans le milieu des musiques actuelles chaque rencontre, chaque opportunité sert à quelque chose. Ce n’est pas parce qu’il ne se passe rien tout de suite que, par ricochets, il ne se passera pas quelque chose plus tard !”
Est-ce qu’on peut rêver d’un vinyle de Mélys, avec tes 2 EP sur chacune des faces A & B ?
Si tu arrives à me trouver vingt-quatre personnes intéressées, je lance un vinyle avec quelques chansons des deux EP ! 😉
Tu étais lauréate du Focus d’Opus 2023. Si tu regardes dans le rétro, que t’as apporté ce dispositif ? Et que conseillerais-tu aux projets de cette année qui commencent l’accompagnement ?
Ce dispositif m’a premièrement amené un bel entourage pro et des rendez-vous conseils. Je remarque que dans le milieu des musiques actuelles chaque rencontre, chaque opportunité sert à quelque chose. Ce n’est pas parce qu’il ne se passe rien tout de suite que, par ricochets, il ne se passera pas quelque chose plus tard !
Ce dispositif m’a aussi amené de la visibilité et contenu communication qualitatif, notamment une chouette live session filmée par Les Incultés et de belles photos que j’utilise très fréquemment ! Nous avons aussi eu plusieurs passages et interview radio, c’était un peu la première fois pour moi.
Je conseillerais aux projets de poser toutes les questions possibles et de saisir chaque opportunité, rencontres au mieux. Je conseillerais aussi de demander un plan sur l’année avec Opus pour bien gérer ses sorties perso avec les dates proposées/imposées par Opus.
Merci Mélys. Merci pour cet enregistrement surtout, et bonne route avec toutes les belles dates qui t’attendent !