Peter Kernel: « On n’est pas aveugle, ni sourd, on se nourrit de tout »

En pleine tournée de leur album « The Size Of The Night » sorti en mars dernier, les suisses de Peter Kernel étaient de passage à Toulouse à l’occasion du Discipline Festival qui se tenait du 25 au 27 mai. Après un show remarquable sur la scène du Rex , Opus a pu rencontrer le duo singulier formé par Aris et Barbara qui nous raconte la vie en tournée, leurs inspirations sur ce nouvel album et la génèse de ce groupe d’« art punk » qui ne laisse personne indifférent.

Salut Peter Kernel ! D’où venez vous exactement ?

Barbara: Alors je viens du Canada, d’un très petit pays qui s’appelle Kenora c’est une réserve indienne mais j’habite en Suisse italienne maintenant.

Aris: Moi je viens de Suisse italienne et puis il y a notre batteur qui est d’origine mexicaine, il vit lui aussi en Suisse italienne. Pour le nouvel album on a beaucoup joué avec lui et puis on re-changera sûrement à la fin de l’année; Peter Kernel c’est nous deux au final.

Vous êtes en pleine tournée comment ça se passe ?  

Barbara: Elle a débuté en mars, on a fait plusieurs pays, on fait plus ou moins 3 semaines sur la route, 1 semaine à la maison et ainsi de suite. En avril on a fait la Hollande et l’Allemagne et puis début mai l’Angleterre, et de nouveau l’Allemagne, la Hollande et quelques dates en Belgique puis hier en Suisse et aujourd’hui nous sommes ici. Demain on rentre chez nous pour 2 jours et ensuite c’est reparti pour la France et la Suisse. Il y en a tellement, qu’on ne se souvient plus. (rires)

Ça va, pas trop fatigués ?

Barbara: Non ça va, on aime beaucoup jouer !

Aris: Moi par contre je suis fatigué ! (rires)

Barbara: Oui parce que tu es vieux ! (rires)

Comment vous vous êtes rencontrés tous les deux ?

Aris: On a étudié dans la même école de graphisme, j’étais assistant et Barbara étudiante, on a commencé a se voir ce qui a découlé sur une relation et ensuite on s’est mis à la musique.

Barbara: Ça a duré 12 ans !

Aris: Oui et on a dédié notre vie à ça, peut-être un peu trop ! (rires)

Justement, comment ça se passe quand vous composez la musique, vous vous partagez les rôles ? Et quand vous êtes en froid comment vous faites ?

Aris: Oui, ça c’est très compliqué ! A l’heure actuelle on n’est plus un couple depuis un an.

Barbara: Au bout de 12 ans, on est devenu comme des frères et sœurs. A force de tout faire ensemble, on a fini par se rendre compte qu’on préférait travailler ensemble… on est devenu des partenaires de vie, des collaborateurs. Au niveau de la musique, Aris vient d’une culture italienne alors il écrit les chansons et les mélodies. Beaucoup de nos chansons commencent par de courtes mélodies et puis moi je « destroy » ça, je suis plus noise.

Aris: On cherche un équilibre et à la fin quand on est content tout les deux on dit oui : ça, c’est notre chanson !

Barbara: C’est un équilibre très difficile à trouver ! (rires)

C’est la première fois qu’on ne se limite pas au niveau des instruments !

Comment a été reçu ce nouvel album ?

Aris: On était très anxieux quand on a réalisé l’album, c’était le premier où l’on a tout fait nous même. On a essayé de respecter un peu plus nos goût musicaux, sur l’album précédent on avait pas vraiment mis notre influence jusqu’à la fin dans les chansons et cette fois on s’est dit : « on s’en fout ! ». On devait faire quelques chose qui nous représente à l’heure actuelle. Pour cette raison, mais aussi parce que notre ingé son est décédé avant la réalisation de cet album, et pour nous ç’était le bordel ! Finalement on s’est mis à enregistrer seul, on était très libre. Cet album est différent des autres, on avait un peu peur, mais finalement on a eu de très bons retours. On est très content !

Est ce que vous lavez abordez dune façon différente ?

Barbara: C’est la première fois qu’on ne se limite pas au niveau des instruments ! On était en train d’écrire l’album et puis on s’est rendu compte qu’on était toujours avec des bases guitares et batterie et puis on a commencé à inviter des amis pour improviser et pour chercher de nouveaux sons. Pendant qu’on était en train d’écrire le nouvel album, on a commencé un nouveau projet avec un orchestre : Their Wicked Orchestra ce qui nous a permis de moins nous limiter au niveau des sonorités. On était plus libre dans la composition !

Vous pensez être plus connu en France quen Suisse ? Vous avez fais beaucoup de dates en France pour cet album.

Barbara: Avec cet album c’est la première fois qu’on joue autant en Angleterre, en Allemagne, en Hollande et en Belgique.

Aris: On a fait beaucoup de concerts dans des pays où on était jamais vraiment allé. Avant on était plus connu en France et maintenant je pense qu’on est un peu plus connu en Suisse. On vit de ça surtout parce qu’on joue beaucoup en France. (rires) 

Barbara: Je pense que les deux pays où on a le plus de succès sont la France et la Belgique.

Vous êtes très indépendant : vous avez votre propre label, vous faites vos propres clips… Vous y apporter beaucoup dimportance ?

Barbara: On a tout les deux étudié le design et la communication. Aris s’est spécialisé en graphisme et moi j’ai fait de la vidéo; quand on a commencé le groupe c’était pas seulement pour jouer. Peter Kernel c’est une façon pour nous d’exercer tout ce qu’on aime, si j’ai envie de faire un peu de vidéo, je m’occupe de réaliser un clip, Aris lui crée des tee-shirts et puis à la base on est pas vraiment musicien. (rires)

Aris: Le but de Peter Kernel c’est pas la musique ! (rires) Ceci dit pour c’est un bon moyen d’expression pour moi, c’est très important dans ma vie. Je suis différent quand je ne suis pas sur scène, je suis très timide.

Est ce que cest le visuel qui influence la musique ou est-ce la musique qui influence le visuel ?

Barbara: Je crois que c’est les deux parce que toutes les choses que l’on crée sont influencées par les choses que l’on vit, que l’on voit, que l’on écoute et qui se passe autour de nous. On n’est pas aveugle, ni sourd, on se nourrit de tout. Parfois on écrit une chanson et on se dit: « ok celle là ça doit être une chanson qui s’apparente à un chameau qui marche » (rires). Souvent on pense au visuel pour composer et pour finaliser une chanson.

Est ce que vous avez une musique, un projet que vous voudriez mettre en avant ?

Aris: Moi j’écoute beaucoup depuis longtemps Fabrizio de Andrè un artiste italien, il est mort depuis un moment, les textes sont fabuleux. A chaque fois que je l’écoute j’ai des frissons, au plus grand plaisir de Barbara (rires). C’est assez déprimant !

Barbara: Ah oui ! Dès le matin dans la voiture, mon dieu c’est terrible !

Aris: Il parle tout le temps de la mort, des prostitués, c’est super cool !

Barbara: De mon côté, j’écoute beaucoup de choses différentes. Sinon il y a un artiste Canadien que j’aime beaucoup Moon Face, il y a un album seulement piano et voix, je trouve ça génial ! Lui aussi il a de supers textes !

Aris: C’est vrai que l’on écoute des choses très différentes de ce que l’on fait !

Merci Peter Kernel ! A bientôt !

 

Amatrice de world, de jazz, mais aussi de pop ou de rock, Lisa est aussi la créatrice de La Tisseuse, structure avec laquelle elle organise des concerts et scènes ouvertes.