Interview The Doug – “faire revivre l’émotion que j’ai ressentie”

A l’occasion de son concert prévu à Toulouse le 30 novembre 2024 à la Cabane (Halles de la Cartoucherie), Opus a rencontré The Doug pour parler de sa musique.

Bonjour Jules, on te connait sous le nom de The Doug. Tu viens de sortir ton premier album “réparer” (le 14/06) et tu vas passer à Toulouse en novembre (le 30/11). C’est donc le moment idéal pour venir te poser quelques questions ! Tout d’abord, comment vas-tu? J’imagine que la sortie d’un premier album c’est un moment particulier dans ta vie…

Écoute, ça va. Ce n’était peut-être pas le meilleur moment pour sortir un album (ndlr : référence à la période de trouble politique ayant suivi les élections européennes). Je ne pouvais pas prévoir. Mais après, ça va, je suis très content, libéré. Je fais la fête, je fais des concerts, j’ai de très bons retours. Franchement, je suis content que les gens puissent écouter cet album et petit à petit commencer à se l’approprier, à le faire vivre. Donc, je suis plutôt content en ce moment!

C’est ton premier album, certes, mais ça fait déjà 6 ans que tu distilles EP et singles au compte goutte, tu n’es donc pas nouveau dans le paysage musical.
Dans ton premier EP “Extincteur” on te découvrait sur des textes rappés, ta musique a beaucoup évolué depuis. Comment la décrirais-tu aujourd’hui?

Je pense que je suis un chanteur. Je compose, j’écris des chansons. Maintenant, c’est vrai qu’il y a encore un peu cet héritage d’écriture du rap qui peut peut-être s’entendre dans certains couplets, mais ce que je fais maintenant, s’apparente plus à de la chanson. Je ne sais pas comment dire, c’est à la fois un peu rock, un peu rap. C’est peut-être ça aussi qui est pas mal avec les musiques modernes : ce n’est pas forcément dans une case. Je fais des chansons…tristes, voilà.
Après, c’est clair que peut-être que dans cet album-là, les influences tournent plus sur le rock, la guitare, la folk, tous les trucs comme ça.
J’essaie de créer un truc qui soit un peu cohérent et qui soit nouveau. Pas forcément nouveau parce qu’il n’y a rien de révolutionnaire dans ce que je fais, mais qui se détache un peu de ce qu’on peut trouver.
Au final, je fais qu’écrire des chansons. Il y en a plein de gens qui écrivent des chansons, comme moi. Mais réussir à faire des chansons et un univers musical autour, c’est peut-être un peu différent… C’est un peu compliqué à répondre à cette question.

Si tu devais choisir un titre de ta discographie pour faire découvrir le projet à quelqu’un qui ne te connait pas, lequel choisirais-tu ?

J’en ai parlé avec mon attaché presse, dont le rôle c’est de faire découvrir ma musique à des médias. Selon tel ou tel média, tu ne vas pas écouter la même chose. Il n’y a pas vraiment de musique représentative de tout. Ça ne serait pas possible.

Je dirais peut-être que sur le dernier album, il y a deux morceaux qui sont pas mal, on va dire dans ce que j’aime faire : c’est Tu dis que tu m’aimes et Boomerang. Ce sont deux chansons, avec des refrains chantés, avec aussi un peu de rap, beaucoup de guitare, et des thèmes qui me tiennent à cœur, qui sont assez sombres. C’est peut-être assez représentatif, ces deux morceaux.

Pour ma part, je suis en crush complet sur “Génération” depuis que c’est sorti! Je ne m’en lasse pas… J’aime cette mélancolie dans laquelle tu nous embarques, ta manière “Bashunguienne” de chanter, le texte si bien écrit de cet appel à l’aide!

Tes textes, parlons-en! Tu parles beaucoup de ta vie : l’amour, la famille , tes déboires. Tes chansons sont très intimes et parlent souvent de sujets graves. A l’image de la pochette de l’album, c’est une véritable mise à nue. Comment choisis-tu les thèmes dont tu veux parler?

C’est les thèmes qui me touchent, qui m’entourent, qui sont les miens, qui sont ceux de la vie que j’ai.
Ce sont les thèmes qui viennent à moi, et après, tu brodes avec ce que tu vois, ce que tu vis, ce que tu sens, ce que tu t’aperçois autour de toi. Voilà, c’est des problématiques que je vis. Donc, j’en parle, tout simplement.

Dans la chanson, il y a une limite entre le naturalisme d’une chanson qui décrit trait pour trait ce que tu vis, et le côté esthétique de la chose

Les histoires que tu racontes sont-elles le fruit de ton imagination?
Ca dépend. Par exemple, dans l’EP précédent, il y avait un morceau qui s’appelait Dégâts. J’imaginais un peu l’histoire de deux personnes. Mais ça, c’est toujours basé sur des expériences que je connais.
Dans la chanson, il y a une limite entre le naturalisme d’une chanson qui décrit trait pour trait ce que tu vis, et le côté esthétique de la chose, parce que t’es là aussi pour faire une belle chanson. C’est sûr que des fois, ce n’est pas mot pour mot exactement ce que j’ai vécu, mais ce n’est pas grave.
Le but de la chanson, c’est de faire revivre l’émotion que j’ai ressentie.

Penses-tu qu’il est plus facile d’écrire sur des sujets tristes?
J’ai l’impression que c’est plus simple pour tout le monde de faire des chansons tristes. Comme si c’était plus facile d’atteindre les gens en faisant des chansons tristes.
J’aimerais bien m’ouvrir à d’autres choses, mais c’est compliqué. Je pense que je suis quelqu’un d’assez mélancolique, de base. Donc c’est venu comme ça.

Il semble assez compliqué de savoir faire à la fois des chansons tristes et des chansons joyeuses.
Je ne sais pas… Quand je regarde mes références, c’est plutôt l’inverse. J’écoute du Gorillaz, il y a des chansons très tristes, des chansons très dansantes ; beaucoup de System of a Down, pareil. Même dans les textes français : Renaud, il y a du triste, du plus léger, même chose pour Stromae ou Orelsan. Si tu veux durer, il faut quand même varier les plaisirs.
Si je ne fais que des mélodrames suicidaires, si j’en fais 15 albums, je vais venir à bout de souffle de ces thèmes-là. Ca va me faire chier, moi et tout le monde. Je pense que dans la vie, on n’est pas toujours tout triste. Donc des fois, on peut s’adonner à d’autres choses.
Ça, c’est une question qui va être cruciale pour mon avenir.

Il y a peut-être une énergie qui peut donner aux gens envie de se battre, de continuer, peut-être d’inspirer

Ton album porte un titre évocateur (“réparer”). Tu te sers probablement de ta musique pour te réparer toi-même , mais as-tu conscience que ta musique répare également les gens qui l’écoutent?
Oui, je pense quand même. Ça, c’est un truc dont je me suis rendu compte avec le temps. Et c’est vrai qu’au début, je n’y pensais pas.
J’ai reçu plein de messages de gens qui m’ont encouragé, qui me félicitaient, qui me disaient à quel point ça leur avait fait du bien dans la vie. Je pense qu’il y a toujours dans la musique de légères notes d’espoir.
J’essaie de faire en sorte que cette musique me répare moi déjà pour qu’ensuite, je puisse être apte à aider les gens.
Je pense qu’il n’y a pas de cynisme dans la musique. Ce n’est pas juste “on va tous crever”, “c’est de la merde la vie”. Non, je pense qu’il y a peut-être une énergie qui peut donner aux gens envie de se battre, de continuer, peut-être d’inspirer.
Mais écoute, moi, c’est pour ça aussi maintenant que je le fais. Ce n’est pas pour ça que j’ai commencé, mais c’est pour ça que je continue.

As-tu déjà été bouleversé par un album ou un artiste?
Oui, oui, je pleure absolument tout le temps. Dans des films, dans des trucs à la noix, des albums. oui, ça m’est arrivé plein de fois.

Y’a-t-il un artiste avec qui tu adorerais faire un feat?
Je dirais Francis Cabrel. Je ne sais pas trop… Travis Scott.
Niska, j’aimerais bien. **rires** Non c’est pas une blague, il est chaud, il a une super voix.

En novembre on te retrouve pour la seconde fois à Toulouse.
J’ai hâte de revenir, de foutre le feu!
J’ai de la famille à Toulouse en plus. Enfin elle est surtout à Castres. Les grands rivaux de rugby… Je suis plus team Castres à la base, mais bon… ils habitent à Toulouse aussi.
Mais Toulouse, c’est vraiment un endroit que j’aime bien. Puis, il y a mon tourneur Bleu Citron, aussi!

A quoi doit-on s’attendre pour ce concert? Un The Doug en solo ou accompagné d’un groupe?
Je serai en groupe, a priori. Attendez-vous à un concert exceptionnel. Le meilleur concert que vous n’aurez jamais vu!
Ça joue bien. Ça joue rock. Préparez-vous à bouger parce qu’en vrai, on ne dirait pas comme ça, mais c’est assez rock mes concerts! Ça bouge pas mal!
Et puis, surtout, plein de blagues! J’adore faire des blagues!

Chez Opus, on parle beaucoup des jeunes artistes locaux. Y’a-t-il un jeune artiste/groupe sur qui tu aimerais mettre un peu de lumière?

En fait, je déteste Toulouse, donc je ne vais pas donner quelqu’un de Toulouse. **rires** Non, c’est pas vrai. En fait, c’est dingue, je n’écoute pas réellement de musique actuelle.
Il faut que je réfléchisse un peu… Il y a une chanteuse que j’aime bien qui s’appelle Hélène Sio et qui vient de Narbonne. Ce n’est pas tout à fait Toulouse…

On te souhaite quoi pour les prochains mois?
De la réussite. Puis un album qui décolle!

C’est quoi le programme des concerts à venir?
Là, je joue en festival cet été. Puis après, dès septembre, octobre, on balance la tournée.

Merci Jules d’avoir répondu à ces questions, on te dit à bientôt !
Avec grand plaisir! Merci encore!

Infos concert par ici.

Si vous doutiez qu’on puisse être féru de rock et amateur de rap, Thomas vous prouvera que c’est possible ! Un habitué des salles de concert que vous retrouverez toujours côté jardin…
Très impliqué dans Opus, Thomas encadre la team rédac.