Yellow : “notre taf, c’est d’être créatif !”
Depuis 2008, Yellow trace sa petite route, une guitare à la main. À l’occasion de la sortie de son EP, on a voulu en savoir un peu plus sur le personnage. Rencontre avec un barbu, sous le soleil toulousain au Jardin Raymond VI.
Salut Yellow, merci d’être venu ! C’est bientôt l’arrivée ton EP : à quoi ça va ressembler ?
Dans ce nouvel EP, c’est le français qui va prendre le dessus. Les choses se sont écrites comme ça, alors je laisse faire. Il y aura 6 titres et une bonus track. On a essayé de se rapprocher de ce qu’on fait sur scène avec Miss Véro, même si je considère que ce sont deux façons différentes de raconter des histoires. J’ai essayé de garder cette chaleur de la musique folk, en essayant ce coup-ci d’être un poil moins nostalgique.
Parle-nous de tes débuts et de ton histoire avec le reggae…
Mon premier groupe était un groupe de reggae. J’étais batteur pendant 10 ans jusqu’à ce que l’on décide de prendre chacun une autre route en 2008. Jeune j’étais pas fan de reggae. Et puis c’est comme le bon café : avec le temps tu deviens accro ! Cette musique fait vraiment partie de moi. Même si aujourd’hui j’en joue très peu, ce style reste très présent dans ma musique, surtout autour du groove et ce balancement que le reggae propose.
Pourquoi ce nom, Yellow ?
Ce nom est intimement lié à mon histoire avec ce groupe de reggae. À l’époque je m’étais laissé pousser les cheveux. J’avais une sacrée tignasse, limite afro. Mes potes m’ont alors appelé l’Albinos, puis c’est devenu Yellowman en référence au chanteur reggae albinos sud-africain. Et avec le temps le ‘man’ a disparu pour ne laisser place qu’à Yellow et mes cheveux se sont transformés en dreadlocks. C’était il y a longtemps maintenant (rires)
C’était important pour moi de garder ce nom. Je ne l’avais pas vraiment choisi et c’est aussi une façon pour moi d’embarquer les frères de cette aventure reggae avec moi. J’ai gardé le nom qu’ils m’ont donné.
Un artiste qui t’a marqué, inspiré, jeune ?
Y’en a quelques un ! Petit, de 6 à 8 ans, j’ai beaucoup écouté Queen et les Beattles. Ce sont les premiers disques que j’écoutais en boucle. Et puis en 1997, Ben Harper sort sont premier album “Welcome to the Cruel World”. Là je kiffe grave ! Je me mets alors à écouter du blues et de la folk, puis du rock. Aujourd’hui, les artistes que j’aime vraiment et que j’écoute en boucle, c’est Patrick Watson en passant par Feist, Bon Iver, The Black Keys. Et là dans mes oreilles c’est le groupe Balthazar qui a pris place. Mais je reviens régulièrement au reggae, celui des années 70.
D’où t’es venue l’idée de t’amuser avec les génériques ?
Je suis tombé sur un reportage qui m’a fait m’y intéresser de plus près. Il y a deux choses qui me plaisent : le format court d’1.30 et le générique en lui-même. Donc là j’ai ré-écris le générique de True Detective, parce que l’atmosphère m’a inspiré un nouveau titre. Ensuite, je me suis amusé à faire 3 génériques où je reprends la musique originale que je détourne. Tu vois sur Game Of Thrones ou Dexter je me mets à chanter et tout dessus ! Et puis après j’ai fini avec La petite maison dans la prairie. Mais là c’était plus un délire, c’était plus le côté un peu drôle où je chante d’un air bourré les prénoms de la famille Hingals, parce que je ne savais pas trop quoi dire. Alors quand j’ai vu qu’ils étaient très nombreux dans la famille je me suis dit « Tiens ça serait marrant de traiter le dessus. »
Et d’où vient la pause strong man ?
L’idée n’est pas de moi, elle est de Renaud Gallet, qui fait toute ma communication. C’est un des piliers centraux du projet Yellow. Il est aussi important qu’une Miss Véro, par exemple. Il disait que ça aurait pu être fun de reprendre le personnage qu’il y a sur la jaquette et aussi de le transformer un peu en troisième lascar du projet. Alors voilà, il y a Miss Véro, Yellow et Mister Strongman qui arrive à la fin ! De là, est née l’idée des sous-bocks. C’est un truc que j’avais en tête parce que c’est un peu une carte de visite et puis les gens ne les jettent pas, ils les gardent.
Et du coup, il y un peu le délire d’Amélie Poulain qui s’est créé : faire balader le sous-bock partout dans le monde entier. Là, il a déjà fait deux fois le tour du monde et je crois qu’on a tous les continents en photos avec le sous-bock. Dernièrement, j’ai reçu Ushuaïa la ville la plus au sud du monde et le Matchu Pitchu ! Cette semaine, je ne sais pas pourquoi, j’ai carrément reçu des gens qui se prennent en photo avec le sous-bock et leur chat, le délire. (rires) Pour moi ils font partie de mon équipe tous ces gens qui viennent nous voir. Ils ont leur place aussi dans le développement du projet. Et c’est avec des petites choses comme ça je trouve où tu peux vraiment rentrer en interaction avec eux, et échanger jusqu’à la rencontre. Donc c’est ça qui est cool.
Explique-nous ton histoire avec Miss Véro. Elle n’a pas toujours été présente avec toi, comment est née la collaboration ?
Je l’ai vu jouer sur scène, elle m’a découvert aussi. Elle m’a proposé des idées qui l’ont fait. Alors, un jour je lui ait dit « Ben voilà, tu m’as tendu une perche, est ce que t’es toujours partante ? ». Et le truc, c’est qu’elle s’est engagée tout de suite à fond. Ces personnes-là finalement, elles sont très rares aujourd’hui. Elle me montre qu’elle est impliquée à 100%.
Elle apporte beaucoup de choses et un regard un peu plus objectif sur le projet parce que moi j’ai parfois la tête dans le guidon. Son expérience m’enrichit beaucoup, ses idées apportent beaucoup. Toutes ses lignes de basses et ses lignes de voix, pour la majorité, c’est elle qui les a proposées et ça le faisait. Elle joue de la basse, elle est multiinstrumentiste. Elle touche un peu à tout, sans être une technicienne partout. Mais ce qu’elle fait, elle le fait bien. Elle a surtout une très bonne oreille, et je pense que c’est hyper important quand tu fais de la musique : avoir une bonne oreille et d’avoir un peu de goût aussi.
Voilà, de fil en aiguille, à force, on a appris à se connaître, on s’est apprivoisé et puis ça le fait ! On est un duo assez atypique sur scène, on arrive à marquer les gens et on prend du plaisir. J’attendais quelqu’un comme elle, mais je ne m’attendais pas à une nana avec son profil qui débarquerait dans mon projet. Donc c’est vrai que depuis qu’elle est arrivée le projet a prit un virage. Depuis qu’on est ensemble, les choses avancent. Il y a deux fois plus d’énergie qu’avant. Artistiquement il y a des choses qui se dessinent un peu plus. Donc là pour l’instant, pourvu qu’elle reste ! Je ne lui mets pas de couteau sous la gorge, elle a pas mal de projets de son côté. En tout cas, sur le long terme, si elle est partante, je suis partant !
Je trouve que tu gères plutôt bien ton image virtuelle, sur les réseaux sociaux…Tu interagis beaucoup avec le public, tu es actif ! C’est vraiment un choix ?
C’est un choix oui et non, dans le sens où moi ça m’amuse de le faire, même si ça représente du travail ! En même temps aujourd’hui les groupes indés comme nous on doit faire parler de nous si on veut perdurer, ne serait-ce que pour en vivre. Le net c’est quand même un outil qui est gratos, les réseaux sociaux c’est gratos. Ça permet de rentrer en interaction et ça permet aussi de créer des actualités. Je trouve que c’est important de montrer aux gens que tu te bouges et ce que c’est ton taf. Ça ne veut pas forcément dire qu’il faut raconter tout le OFF, mais dire « Ben voilà j’ai une nouvelle chanson, je vous fais écouter.» C’est comme les in da maïs, in da placard… Dire : « C’est mon taf, je le prends au sérieux, et j’essaie d’être productif. » De toute façon la règle du jeu c’est qu’aujourd’hui, c’est primordial d’être présent sur les réseaux sociaux et d’avoir une activité avec une direction artistique qui est donnée. Moi, c’est mon pote Renaud de Lille qui m’a vraiment appris comment me servir de ces outils-là, j’étais un boulet au début. Tout est réfléchi et je veux que tout ait un sens.
Là en ce moment j’ai un nouveau projet qui n’a rien à voir et qui m’amuse assez. Je me demande si je ne vais pas monter une autre page facebook, qui n’aura rien à voir, mais sur un délire artistique, sur de la photo. En fait, c’est un délire avec les personnages de Star Wars. Ils s’appellent Earl & Murfy et je veux les faire évoluer dans notre monde. Il y a aussi un délire de street-art que j’aimerais faire. Notre taf, c’est d’être créatif donc que ce soit de la peinture, de l’écriture, de la musique, de la sculpture. J’aime beaucoup les légos, donc je réfléchis à un projet… Après ça nous demande en tant qu’artiste aujourd’hui, de produire et j’ai la chance d’en vivre. Ça serait irrespectueux de me caresser la nouille à la maison par rapport aux autres tu vois. J’arrive à dégager quand même pas mal de temps pour certes développer mon projet Yellow, mais à côté ça me fait du bien de développer d’autres trucs, ne serait-ce que pour écrire des meilleures chansons à la fin. Parfois tu bloques avec la musique, ça ne vient pas, t’as pas d’inspiration, t’as rien à dire. Donc quand t’as rien à dire, tais-toi et essaye de t’exprimer avec autre chose. Ce n’est pas parce que tu es musicien qu’il faut que tu restes dans la musique. T’as du temps pour créer, ben crée ! Bref, il y pas mal de trucs qui me trottent dans la tête.
Est-ce que tu peux revenir sur des dates marquantes…
Mon premier concert solo m’a marqué évidemment ! Je m’en souviendrais toute ma vie, comme si c’était hier. Ça a été très très difficile, c’était au petit London à Toulouse. C’était pour un petit festival super sympa, je faisais la première partie d’un groupe et ça été très dur parce que j’avais l’habitude d’être à 8 avec mon groupe de reggae. Là je me retrouve tout seul. J’avais l’impression que ça ne prenait pas, avec toutes les maladresses du premier concert en plus. Après il y aussi, le jour où j’ai décidé d’arrêter mon boulot pour vivre de la musique. Sinon, il y a eu beaucoup de temps forts : à travers des rencontres, le premier concert en appart chez Carole à Lyon, avec Véro, l’enregistrement du 1er EP avec mon pote Jean…
Puis bien sûr, mon premier Bikini avec Miss Véro, les premières parties à La Dynamo tout seul. En fait, chaque première expérience est une nouvelle aventure, donc logiquement ça marque.
Que retires-tu comme expériences de tes tournées en appart et au lavomatique ? C’est atypique !
Aujourd’hui il y en a de plus en plus, y a un business qui s’est monté là-dessus. Ça se popularise et je trouve que c’est con parce que ça devient payant, il y a moins de libertés qu’avant. C’est mon petit côté rebelle, mais je trouve que c’est con parce que ça devient payant maintenant, il y a moins de libertés que sur les démarches que je faisais avant, même si je continue à les faire. Mais là, le délire c’est juste que, dans la jungle musicale toulousaine où il y a quand même beaucoup de très bonnes choses qui naissent et qui meurent aussi, il y a beaucoup de bons groupes avec des artistes talentueux, comment faire la différence ? Moi je crois en mes chansons, en ce que je propose, aux gens, mais parfois ça ne suffit pas et donc j’ai décidé d’amener la musique dans des lieux où on l’attend pas. Ça a commencé avec mon pote Olivier avec le Lavo Tour. Ça a cartonné et ça m’a permis d’exister dans le milieu musical toulousain. Le public était hyper surpris, puis super content. Mais je me rendais compte qu’ils n’allaient pas forcément m’écouter après. Après j’en ai eu un peu marre parce que j’avais l’impression d’avoir exploité le projet à fond et après je me suis mis aux apparts. Là, c’était encore très différent, parce que tous les soirs c’est une aventure différente, chez des gens différents, avec des potes différents…
Un festival en particulier que tu rêverais de faire ?
Il y en a pleins ! Tous les gros festoch’ français en ce moment et les bons festivals européens. Parce que c’est quand même des scènes où tu as 50 000 personnes, c’est autre chose. Après, il faut aussi avoir l’humilité de rentrer par la petite porte. Donc moi tout festival me fait kiffer !
La chanson du matin, pour réveiller les neurones ?
Stromae – Bâtard, je kiffe le texte. Elle est hyper dansante. Je trouve que Stromae est très très fort dans tout ce qu’il fait.
Pour l’aprem ?
Je mettrais un titre au pif pécho sur « What is It » ; une compil de vieux morceaux funk des 60’s/70’s que mon coiffeur m’a filé. Ce ne sont que des pièces rares. Vraiment de la soul funk. C’est monstrueux !
Et pour faire dodo ?
Chet Faker et Flume – Drop the game. Je la surkiffe. D’ailleurs, on prépare une petite cover, en version folk. C’est un titre que j’aurais aimé écrire tu vois, parce que je le trouve énorme.
Nastasia