Oceanic Memory : “Les paroles c’est l’essence même de la musique, si tu n’as rien à dire tu ne fais pas de musique !”

Si vous suivez de près la programmation des salles toulousaines vous aurez peut être remarqué l’apparition récurrente d’un groupe ces derniers temps : Oceanic Memory. Avec quatre concerts en deux mois au Metronum, au Saint des Seins et au Weekend des Curiosités, les quatre montpelliérains s’installent peu à peu dans notre paysage musical. On a rencontré Sébastien (chanteur / guitariste) et Thomas (batteur) pour qu’ils nous racontent leur parcours et leur vision de la musique.

Bonjour Oceanic Memory, le public toulousain vous découvre à peine, quelle est la genèse du projet ?

Thomas : La genèse du projet, on peut dire que c’est une Picoverb trouvée dans un garage qu’on a branché sur des enceintes avec laquelle on a fait Liar. Pour faire simple ça s’est passé comme ça.

On peut en savoir un peu plus sur la symbolique de votre nom ?

Thomas : On avait déjà fait 3 ou 4 chansons sans avoir de nom donc on a essayé de trouver quelque chose qui correspondait à ce qu’on faisait. Il faut savoir qu’on avait déjà une pochette, elle était un peu bleu océan avec des sortes de vagues, partant de là on voulait un nom avec océan dedans. J’avais écouté une chanson de Kentucky Driver qui s’appelait Photographic Memory j’aimais bien la sonorité, on a donc choisi Oceanic Memory, ce qui n’a aucun sens.

Seb : Ce qui est faux ! (rires) En français ça ne veut rien dire mais j’ai fais des recherches sur des forums en anglais où il y avait des débuts d’études sur la « mémoire océanique », c’est le fait de se remémorer des choses en pensant à d’autres choses, quand tu ne trouves pas le nom d’un acteur tu penses aux films dans lesquels il a joué par exemple.

Quelle importance donnez-vous aux paroles dans vos compositions ?

Seb : Je pense que Thomas s’intéresse depuis plus longtemps que moi aux paroles, personnellement ça ne fait pas si longtemps que j’ai compris que les paroles étaient aussi importantes que la chanson en elle-même.

Thomas : Pour qu’un groupe devienne mythique il faut que quand tu creuses dans leurs morceaux tu te dises « ah oui, les mecs sont des tueurs » ils ont la musique mais aussi des putains de textes, c’est le fond et la forme, du 50/50.

Seb : Les paroles sont aussi importantes que le son mais pour des personnes qui on déjà passé la première étape si je peux dire.

Thomas : Il y a l’inconnu qui écoute ton son et qui va l’aimer parce qu’il aime la musique et il y a le mec qui ce dit « ok c’est cool mais qu’est-ce qu’ils disent ? » si tu dis des conneries alors tu passes pour un con.

Peut-on parler de toi Seb, le chanteur, comme d’un leader, ou ce n’est pas dans votre ADN d’avoir un leader ?

Seb : Ce n’est pas dans mon ADN d’être un leader mais au fil des choses tu es obligé plus ou moins de l’être. Même si ça peut paraître équivalent je trouve ça quand même différent. Tu amènes l’idée originelle, la graine.

Thomas : Pendant un concert les gens jettent un coup d’oeil à gauche, à droite mais regardent principalement le chanteur. Tu es obligé d’avoir une forme de leadership dans le chanteur car il dégage l’image du groupe. Le chanteur est un leader qu’il le veuille ou non mais dans notre cas et principalement dans la vie du groupe je ne pense pas que la voix de Seb soit plus importante que les nôtres au niveau des décisions…

Seb : On est un groupe, si des choses ne nous vont pas on se les dit tout simplement.

On a entendu dire que vous alliez bientôt utiliser un sampler sur vos lives, pensez-vous que cela peut avoir un réel impact sur vos morceaux ?

Thomas : C’était pas vraiment une nécessité, on a eu envie de mettre des voix off, des effets pour apporter un peu plus de contenu mais je ne pense pas que le sampler va devenir un élément majeur. On va essayer de l’utiliser intelligemment par petites touches, on voit ça comme un petit plus. Oceanic Memory n’est pas un projet qui a pour but d’être ultra samplé.

Comment vous est venue cette idée ?

Seb : Déjà il y a la sortie du studio où on s’est rendu compte qu’il serait intéressant de jouer certaines choses en live qui n’étaient pas encore intégrées dans notre set. Il y a aussi Ekaterina qui nous a donné l’idée de mettre des voix samplées dans la chanson.

On vous a découvert avec Décroche le Son. Pensez-vous que les tremplins deviennent indispensables pour les groupes émergents comme vous ?

Thomas : Je vois ça comme un raccourci pour jouer dans des bonnes salles avec de bonnes conditions.

Seb : Indispensable c’est un peu fort.

Thomas : C’est un accélérateur qui te permet de rencontrer des personnes, des associations, des programmateurs… mais ce n’est pas ça qui va faire que ton projet décolle. Au final notre plus grosse victoire au tremplin du RU (Tremplin Musiques de RU dont ils ont remporté l’édition 2015 en Languedoc Roussillon) c’était de rencontrer Sylvain (réalisateur de leur EP) qui n’était pas un lot ou un truc comme ça… (rires). Il nous a dit que nos chansons étaient cools et qu’il fallait qu’on les enregistre dans de bonnes conditions, il nous a aidé pour les subventions, il nous a dirigé vers les bons interlocuteurs… C’est grâce à lui qu’on enregistre notre EP au studio du Mirador et pas dans notre garage.
Je pense que c’est un accélérateur dans le sens où tu rencontres des personnes grâce à ces dispositifs mais qu’ils soient indispensables je ne pense pas. Tu peux faire autant de tremplins que tu veux mais si tu n’as pas les sons tu ne vas pas loin.

Il y a un mois vous avez fait le Printemps de Bourges, c’est la plus belle expérience de votre jeune aventure ?

Thomas : Non. On a joué sur la scène du Berry, pour faire simple c’est une scène off qui est dans le in du festival.

Seb : On peut dire que c’est une scène bâtarde, au sens premier du terme. Le niveau était un peu pourri.

Thomas : C’était cool mais c’était pas LE gros concert, on a fait des scènes où on a pris beaucoup plus de plaisir.

Alors quel est votre plus beau souvenir sur scène et en tant que groupe ?

Thomas : En tant que groupe je dirais que c’est pendant l’enregistrement de l’EP qui va sortir sur Second Skin. C’est un piano voix de base et Sylvain nous a dit qu’il fallait mettre une sorte d’atmosphère supplémentaire, on s’est donc tous retrouvé dans la salle, on avait éteint les lumières, chacun avait une guitare et on jouait tous une petite partie. C’était un putain de moment !

Seb : J’en ai frissonné !

Thomas : On est impatient que ça sorte.

Et sur scène ?

Seb : Aussi improbable que ça puisse paraître c’était le bal du lycée Henri IV.

Thomas : Oui c’était à Béziers dans un chapiteau, il y avait à peu près 700 personnes ils avaient dû fermer tant il y avait de monde. Un public chaud bouillant c’était malade !

Seb : Quand on a commencé à jouer tout le monde était assis dans les gradins et au bout de 10 secondes tout le monde est descendu et était déjà dans l’ambiance.

Thomas : Ça c’est pour le côté public mais d’un point de vue musical il y a quelque chose de magique qui s’est créé lors de notre dernier concert sur All your Seas. C’était comme si tout le travail fait avant payait sur l’instant T, un moment totalement déconnecté de tout.

Une autre belle date se profile pour vous avec le Weekend des Curiosités, vous avez hâte d’y être ?

Seb : Oui j’ai bien hâte car on joue sur des créneaux horaires qui sont plutôt sympas, 20h30 et 22h30 je crois, ça nous permet de proposer deux sets de 30 minutes différents à des heures différentes, je trouve le concept vraiment bien.

Thomas : De mon côté j’y pense pas car on a d’autres échéances avant qui sont tout aussi importantes pour nous dans des registres différents, quand tout ça sera passé je penserai au Weekend des Curiosités.

Seb : Chaque choses en son temps.

Vous connaissez un peu Toulouse, surtout toi Thomas, quelles similitudes et quelles différences il y a entre la scène toulousaine et la scène montpelliéraine ?

Thomas : Je pense qu’il y a beaucoup plus de dispositifs d’accompagnement, beaucoup plus de salles pour aider les groupes toulousains mais il y a un cachet d’un point de vue qualité à Montpellier qui est vraiment intéressant et pas du tout exploité. Ce sont deux scènes différentes, la scène toulousaine est beaucoup plus « hype », plus dans l’air du temps, plus actuelle que ce qu’est Montpellier. Montpellier c’est presque une sorte de contre-culture, un peu comme Béziers, tu as des groupes qui sont ultras classiques sur le papier mais dont le contenu me touche plus que ce qui se fait à Toulouse mais ça manque de fer de lance. A Toulouse tu as tellement de groupes qui peuvent occuper ce statut comme Kid Wise par exemple. Chez nous on manque de dispositifs, de salles… mais c’est ce qui fait aussi le charme de cette ville.

Dans un sens pensez-vous qu’il y a plus de « mérite » à percer à Montpellier ?

Thomas : Non, on reste à l’ère d’internet, c’est juste plus dur de faire des belles dates et des belles scènes à Montpellier mais le contenu que ce soit l’enregistrement ou les clips, une fois que c’est sur internet tu n’apportes pas trop d’importance à la ville d’origine. Quand tu commences je pense que c’est plus dur de tourner à Montpellier qu’à Toulouse.

Seb : Tu as plusieurs bars intéressants comme le Black Sheep ou le Black Out, mais tu as assez rapidement fait le tour. Il n’y a pas de salles intermédiaires comme le Connexion par exemple.

Y a-t-il des groupes toulousains que vous appréciez particulièrement ?

Thomas : Kid Wise clairement !

Seb : Et encore que… (rires)

Thomas :  T’en as plein, Ruby Cube, I Me Mine…

Seb : Oui j’aime bien I Me Mine. Jain j’aime pas par contre !

Pour l’instant il n’y a pas de structure qui vous accompagne, vous voulez rester en indé ou travailler avec un label est un de vos prochains objectifs ?

Thomas : Signer sur notre propre label serait notre objectif, le reste on s’en bat les couilles.

Dans le milieu de la musique y a-t-il des choses que vous ne comprenez pas, que vous n’aimez pas ou qui vous énervent ?

Seb : Il y a un vrai désintérêt pour les paroles…

Thomas : Oui, ça c’est le truc qui nous énerve ! On en revient au fait que la forme compte plus que le fond, un groupe qui peut marcher c’est un groupe qui a une bonne image, qui est cohérent. La musique est faite à la base pour dire des choses, c’est pas forcément être engagé politiquement mais dire des choses qui ont un sens. Un bon morceau c’est pas forcément un morceau où tout le monde tape des mains et qui met l’ambiance dans le public, c’est beaucoup plus plaisant si tu arrives à faire ça avec quelque chose qui vient du fond du coeur.
C’est tout con mais un des derniers trucs que j’ai ressenti c’est quand on écoutait Liar sur les enceintes du studio l’autre jour, j’ai repensé à tous ces moments où on a bossé dessus quand on était que deux et maintenant je vois ce qu’elle est devenue, ça fait quelque chose quand même il y a une histoire derrière ça.
Je ne comprend pas comment tu peux être fier d’un morceau où les paroles n’ont pas de sens. Quand See Me Down a marché pour les premières fois en live je me suis dit « ouais putain c’est ton histoire !» (en parlant à Seb)

Seb : Cette chanson va marcher et on ne la lâchera pas parce qu’elle a du sens.

Thomas : Il y a des morceaux qu’on aurait pu lâcher s’ils n’avaient pas de sens, See Me Down en premier.

Seb : On en revient à ta question sur l’importance des paroles, c’est capital ! Si tu prends notre cas, un morceau dénué de sens on ne va pas le soutenir… du coup on n’en fait pas (rires)

Thomas : Par exemple Late Nite de Foals est une bonne chanson mais quand tu sais qu’il écrit ça par rapport à sa mère « Oh mama do you hear me … » et ce qui suit ça te fout les poils, alors que s’il disait « Oh yeah an other beer… » ouais ça ne te fout pas les poils. Les paroles c’est l’essence même de la musique.

Seb : Si tu n’as rien à dire tu ne fais pas de musique.

On vous donne le droit de jouer dans le festival que vous voulez. Lequel et avec qui ?

Thomas : Je pense que ça serait le festival de la Meuh Folle avec Fatals Picards, Caravan Palace et les Couilles de Loup.

Des actus à nous faire part ?

Thomas : Il y a quelques concerts qui se profilent, le 21 mai au Saint des Seins avec Ruby Cube et Fabulous Sheep. Le 26 mai on joue à Montpellier au Black Out avec I Me Mine, c’est nous qui organisons le concert donc on a peu la pression. Tu en a déjà parlé on fait le Weekend des Curiosités samedi 4 juin. A part ça on va sortir un EP 5 titres en novembre, on est assez impatients  d’y être et en septembre on devrait sortir un clip. Donc voilà on a pas mal de choses qui se mettent en place en ce moment c’est cool.

Pour finir, vous avez 2 ou 3 groupes à nous faire écouter ?

Thomas : Je te dirai bien Fatals Picards… non je déconne.

Seb : En ce moment j’écoute Half Moon Run mais si tu veux plutôt des groupes émergents je dirai Fabulous Sheep

Thomas : Midnight Bloom aussi.

Seb : Et Olly Jenkins pourquoi pas.

Merci les gars.

https://youtu.be/YUli6017VEs

Rémy (avec le concours d’Allan)

Concerts à venir :

21/05 : Toulouse – Saint des Seins
26/05 : Montpellier – Black Out w/ I Me Mine
28/05 : Bonnieux – MLEC
04/06 : Toulouse – Weekend des Curiosités
16/06 : Montpellier – Victoire 2
21/06 : Nîmes – Fête de la musique
25/06 : Béziers – Festival Chapibess