Sabotage : “avant d’être musiciens, on est des fans comme les autres”
Début Février, Sabotage faisait sa release party au Connexion Live. L’occasion pour nous d’aller à la rencontre de ce groupe à la musique et l’esprit rock n roll. Interview avec Félix, Sylvain et Loup (guitare, basse et chant), la moitié de la bande dans les loges du Connexion Live quelques heures avant leur concert…
Bonjour Sabotage ! Avant de parler de vos nouvelles pistes, comment s’est créé Sabotage ?
Félix : J’avais un groupe de funk-rock avec Antoine au clavier et Maximr à la guitariste. J’ai voulu revenir vers le rock’n’roll qui est quand même la musique que j’aime et que je préfère jouer. J’ai monté un plan en trio avec un gars qui s’appelait Nico et Ben à la batterie qui est toujours avec nous. Puis j’ai eu envie d’étoffer un peu le son du groupe, Max est revenu, Antoine est venu avec nous aussi. On est restés comme ça deux ans, à peu près. Et Nico est parti, il nous a laissé tomber. On a dû chercher un autre bassiste donc on a trouvé Sylvain. Et Loup un soir, on est allés voir un concert avec Max, on a vu ce mec chanter sur scène on a dit bon lui on va le piquer, il va chanter avec nous !
Loup tu chantais en solo ou dans un groupe à côté ?
Loup : Non c’était un projet de rock stoner un peu crado, ça s’appelait Noise & Smell. C’était des compositions de moi aussi à la basse, principalement.
Ton arrivée c’est un gros changement pour vous en termes de voix, il y a une grosse présence sur scène ! On vous a déjà vu au Métronum et au Bikini pour la soirée I Love John, t’as une vraie présence et un joli charisme…
Félix : Le monsieur est présent ! C’est plus près de ce qu’on veut faire passer par rapport au groupe qu’on aime et qu’on écoute : Aerosmith, Led Zeppelin, Black Sabbath, les trucs comme ça. Parce qu’avant c’était moi qui chantais et j’ai pas du tout le registre et l’expression de Loup, c’est différent. C’est une formule qui marchait aussi mais j’ai toujours eu une voix comme la sienne dans la tête, quand j’écrivais des morceaux. En fait, on s’est bien trouvés.
Loup : Et pour moi de ne pas avoir d’instrument, un truc dans les mains, ça m’a permis d’acquérir une bonne liberté de mouvements, c’est ce que j’aime faire aussi. Mine de rien, c’est avec Sabotage que j’ai vraiment travaillé ma voix en continu.
On vous a découvert du coup avec cette soirée I Love John, l’occasion de rappeler votre mélange de grosses influences que tu citais: Led Zep, Aerosmith, Sabbath. D’ailleurs c’est Led Zeppelin que j’entends le plus personnellement chez vous !
Félix : C’est un grand compliment parce que, justement, on rentre de tournée là et on a beaucoup écouté dans la bagnole, led zed How the wast was won, tu sais le triple live de 72. Ça m’avait un petit peu quitté comme pensée mais en fait c’est le plus grand groupe de rock de tous les temps.
Sylvain : Après, ce qui est intéressant avec ce groupe-là, c’est qu’un soir on va sonner comme pour toi comme Led Zeppelin pour d’autres on a entendu The Eagles, on a entendu Black Rose, Deep Purple ! On a même entendu Téléphone tiens, y’a deux soirs ! (Rires). Ce qui est bien aussi c’est qu’on fait du rock’n’roll classique et c’est vrai que les gens ont plaisir à nous assimiler à leur groupe préféré ou à ce qu’ils aiment entendre. Ça nous fait toujours plaisir d’être assimilés à de gros groupes qui nous influencent.
D’ailleurs, sur Facebook, à chacun de vos concerts c’est une vieille affiche qui est revisitée !
Félix : Une vieille pochette en fait, une vieille pochette d’album.
Vous faites ça en solo ou vous avez quelqu’un qui vous aide ?
Félix : Les récentes, on les a faites tous seuls, avant on avait quelqu’un qui nous aidait. Maintenant c’est Baptiste qui les fait. C’est toujours la galère de trouver des affiches. On s’est dit, tiens, avant d’être musiciens on est de gros fans de musique, on est des fans comme les autres en fait, donc on a pensé que c’était une manière un peu marrante de rendre hommage à tout ça aussi, en plus d’être une source d’inspiration inépuisable.
Et quand on est un groupe de musique actuel, ce n’est pas usant cette étiquette de groupe qui ressemble au rock des années 60-70 ? Ça vous pèse ou ça vous va ?
Félix : Deux choses. D’un côté, c’est chiant parce que tu renvoies directement une image que tu n’as pas envie de renvoyer spécialement à la base. Ensuite, il y a tellement de groupes de merde maintenant qu’en fait on s’en fout. On fait notre truc, ça vous plait c’est cool, ça ne vous plait pas tant pis. L’offre musicale n’a jamais été aussi vaste que maintenant donc bon. On a foi en ce qu’on fait et c’est le cas de plus en plus de gens donc c’est très bien.
Vous rentrez d’une petite tournée donc… C’est quoi le souvenir principal qui ressort de cette expérience ?
Félix : Le souvenir principal c’est qu’on était persuadés d’être de gros débiles et on a trouvé pire que nous ! Parce que le groupe avec qui on était en tournée nous en a appris quelques-unes. (Rires)
Avec qui étiez-vous ?
Félix : On était en tournée avec Heming Wave. Non, blague à part, on a eu l’occasion de jouer quelques fois pour Progrès Son ici, que tu connais peut-être, une asso’ locale. Ils nous ont filé des coups de main ici, vraiment, merci à eux ! Par contre, ce n’est pas Progrès Son qui l’a organisé, je veux juste préciser ça. C’est Landes Musique Amplihiées qui se sont occupés de ça mais c’est par le biais de Progrès Son qu’on a eu le plan. C’était notre première fois sur la route et on a vraiment adoré ça, c’était vraiment terrible.
Sylvain : C’est suffisamment rare pour le noter : c’est une tournée où tout s’est vraiment bien passé. On a été super bien accueillis, aussi bien par les organisateurs que par le public, que par les autres groupes. Il n’y a que du positif qui en est sorti et on est sorti de la tournée plus soudés que jamais. On est blindés pour faire la Release Party ce soir.
Loup : En plus, je me suis baigné ma gueule. (Rires)
Petit camion, tout ça ?
Félix : Dacia Logan ma couille. (Rires) Non, mais un gros break avec le matos et une autre caisse dont les pneus ont souffert.
C’était où la tournée ?
La première date c’était à Talence, à coté de Bordeaux. La deuxième c’était à Tyrosse, près de la plage, Saint-Vincent-de-Tyrosse. Et la dernière à Mont-de-Marsan. Et c’était tout ce weekend là, le mardi qui suit on est au Connexion Café.
Du coup, des envies de repartir direct quoi !
Félix : Ah bien sûr ! Tu sais, c’est con parce que je n’ai pas arrêté de lire dans les bouquins ces trucs où les mecs rentrent de tournée et sont chez eux en mode « ah, qu’est ce qu’on fait ». J’ai vraiment eu ça alors que je ne suis parti que trois jours. Je n’ose même pas imaginer un mec qui part trois mois.
Loup : Moi je suis allé ramasser de la merde, littéralement, dans le PMU où je bosse c’est génial ! Là il y avait un gars qui avait chié à côté des chiottes. Tu gardes les pieds sur terre quand tu rentres au pays. (Rires)
Félix : Moi j’ai dû aller voir ma mère.
Sylvain : En front line acclamé tous les soirs et après tu ramasses de la merde dès que tu rentres, c’est beau.
Vous êtes six, ce n’est pas trop le bordel pour composer ou il y en a un qui commande tout ça et les autres amènent après leurs petites pièces ?
Félix : Pour composer, ce n’est pas du tout le bordel parce que j’amène la plupart des idées. Mais je ne suis plus chanteur, je ne suis pas bassiste, je ne suis pas claviste et je ne suis pas batteur donc dans 90 % des cas les gars auront de meilleures idées à proposer que moi sur les chansons. Je leur montre des trames un peu globales et après tout le monde trouve sa sauce, tout le monde trouve ses parties et c’est un système de fonctionnement qui nous va assez bien. De temps en temps, Loup amène aussi des choses, Ben peut amener des choses, au niveau des paroles je peux amener des choses.
Loup : On aime bien co-écrire. J’aime bien partir de ses idées et extrapoler ou aller chercher des choses comme ça. Parce que c’est un bon mélodiste, Félix, à la voix, donc c’est ça que j’aime aussi. Mais c’est vrai qu’à six il faut qu’il y ait une direction, un leadership c’est évident quoi.
Félix : C’est au niveau du son que c’est compliqué de gérer. Mais on y tend, on va dire.
Sylvain : Ce qui reste emblématique, c’est le single qu’on sort aujourd’hui dont un des morceaux est composé effectivement par le tandem guitariste-chanteur et l’autre morceau c’est plus comme disait Félix : la basse apporte des idées, la guitare apporte des idées, le clavier apport des idées puis finalement c’est une co-écriture de tout le monde.
Loup : En développant sur cet EP là, justement, on a essayé de montrer l’éventail des possibilités. C’est vrai que c’est à la fois notre travail d’arrangement et de recherche musicale sur Salvation, le titre phare du single, et Man of Million Faces, c’est beaucoup plus léger, c’est plus du rock’n’roll tel qu’on le conçoit, authentique. On balance ça sur scène et c’est là qu’on se fait plaisir. On a essayé de montrer les deux bords de notre palette musicale, qui est très intéressante.
Ça m’étonnait de voir une Release Party pour deux compos, je pensais que c’était un EP qui arrivait !
Félix : On aurait eu plus d’argent, on en aurait fait plus. (Rires)
Donc on se refait une nouvelle Release bientôt ?
Sylvain : Une release live ! On va aussi présenter pleins de nouvelles compositions ce soir, en live. Et c’est aussi l’occasion de promouvoir d’autres titres pour que les gens puissent nous aider.
Loup : C’est de la promotion, essentiellement. C’est vraiment pour se faire connaitre, pour balancer quoi.
Félix : On n’a pas envie de faire un album au rabais en fait. On n’a pas envie de faire enregistrer de la musique aujourd’hui, malgré toutes les possibilités qui existent. Avec les cartes son, les home-studios, ça coûte horriblement cher et j’ai envie de dire même ça coûte horriblement cher pour ce que c’est. Même si Toulouse est une ville qui bouge pas mal, il n’y a pas tant de gens qui font leur métier sérieusement. Il y en a, hein, mais au niveau de l’enregistrement c’est un problème, vu qu’on est maintenant hyper démocratisés dans tout ça, il y a beaucoup d’offre en fait. On est quand même contents du résultat qu’on a eu mais du coup on a vraiment envie, si on part sur un album un jour, de faire quelque chose de bien. Ça implique donc une production, ça implique aussi une expérience derrière qui est supérieure, une direction artistique aussi bien sûr. On préfère faire les choses dans l’ordre quoi.
Nous, on a surkiffé votre session acoustique avec Toulouse Acoustics ! Je trouve que ça amène une nouvelle corde à votre arc. Ça vous donne pas des idées en termes de compo’ de passer à l’acoustique ?
Félix : C’est un peu particulier au niveau de l’acoustique. Moi je fais des concerts en solo, je fais des reprises, je joue dans les pubs. Loup, par contre, écrit beaucoup de chansons country-rock, country-folk, tout seul, et ce sont des chansons qu’on aimerait bien interpréter sur des sets acoustiques. Après comme je te disais tout à l’heure sur le choix des morceaux, l’écriture, c’est très très libre donc il sait ce qu’il fait. S’il pond un truc et qu’il est vraiment sûr que ça peut le faire avec nous, il nous le propose et voilà. Dans tous les groupes qu’on aime, quand on y réfléchit, Led Zeppelin, les Beatles, il y a toujours eu un versant acoustique très très marqué.
Sylvain : Puis c’est vrai que la plupart des groupes qu’on aime sont passés dans les sessions unplugged à l’époque et c’est quelque chose qui fait partie de nos influences.
Félix : Nous, ça nous plait quoi. On a aimé l’exercice puis en plus c’est bien par rapport au hard rock et tout ce que ça peut renvoyer. Dans la tête de pleins de gens, le hard rock c’est Scorpion c’est ACDC tu vois et du coup faire de l’acoustique, proposer quelque chose de plus nuancé, c’est chouette aussi.
Loup : En tout cas, si vous avez aimé la session Toulouse Acoustics, rassurez-vous. C’est une dimension qu’on continue d’explorer. Ce soir, dans la set liste, il va y avoir des choses plus folk, avec de l’harmonica et puis on balance des textes.
A la Release Party, vous avez invité The Strings qu’on entend en balances là…
Félix : Ouais, ils font beaucoup de bruit d’ailleurs. C’est parce qu’on les kiff. Ils ont toujours répondu présent, on les aime beaucoup, on aime ce qu’ils font, on a beaucoup d’affinités. Comme on te disait, par rapport à la demande que ça représente dans cette ville, parce qu’il y a du monde à nos concerts quand même, il n’y a pas tellement de groupes qui font la même chose même s’il y a des groupes, en dehors du truc assez vintage qu’on fait, qui nous plaisent vachement. On adore I Me Mine, Pink Eléphant, Dancers In Red. Moi, j’suis allé voir Red Woods j’ai trouvé que ça tournait très bien. Hemingway aussi, même s’ils ne sont pas de Toulouse. Il y a pas mal de trucs qui nous plaisent mais bon, pour faire des plateaux cohérents, il y a tellement de facteurs qui rentrent en compte. Avec The Strings on sait que ça marche, on les a vu jouer plein de fois et vu qu’ils répondent toujours à l’appel, on fait la fête après avec eux, c’est chouette. Puis vraiment à la base, on est de vrais fans de ce qu’ils font, c’est vraiment très gros. On avait aussi eu l’occasion de jouer avec eux au I Love John de Progrès Son où tu étais, et là aussi on sait que les Beatles c’est une grosse influence pour eux, ils nous ont retournés aussi quoi, c’était chouette.
On en arrive aux deux petites questions rituelles pour finir. Vous avez carte blanche pour organiser le festival idéal, ça se passe où, avec qui, est-ce que vous jouez aussi ?
Loup : Je n’en sais rien attends, qu’est-ce qu’il me casse les couilles lui (Rires). Un festival au soleil, c’est toujours plus gay. Un festival de chez nous quoi, quitte à paraître un peu chauvin.Un gros festival là, dans la région de Toulouse, en descendant vers les montagnes peut-être un peu.
Sylvain : Moi j’en ai un, un peu chauvin là. Je pense que l’idéal pour nous ça serait Glastonbury puisqu’on est tous anglais dans l’âme.
Félix : Glastonbury, avec Led Zeppelin en tête d’affiche. Et bien sûr, on joue avant, mais juste avant eux tu vois, juste après Noel Gallagher.
Est-ce que vous avez chacun un groupe à nous faire découvrir ?
Félix : On est dans un pays où Bruce Springsteen est méconnu et mal compris. Alors de grâce, écoutez Springsteen, Born to run et Darkness on the edge of town et si ça ne vous parle pas, poussez jusqu’au live de 78. Si ça ne vous parle pas vous avez ratez un truc mais ça mérite vraiment d’être réécouter et redécouvert.
Sylvain : Moi en ce moment j’ai un gros kiff avec Kurt Vile qui a une ambiance vraiment magnifique. Je le conseille à tout le monde, il vient de sortir un truc absolument bluffant. Je pense que Loup sera d’accord avec moi.
Loup : Moi, pour ceux qui n’ont pas trop de merde dans les oreilles et qui aiment bien les vieux sons. Vous aimez Sabbath, vous voulez écouter un truc un peu plus contemporain, allez écouter du Orchid, The Mouths of Madness. C’est bien dark et ca groove en même temps.
Merci à vous et bonne release, on a hâte de découvrir ces nouvelles compos !
Rémy