Interview Le Metronum : “On a choisi de célébrer les 10 ans en proposant 10 événements exceptionnels”
Vendredi 1er décembre, les 3 finalistes du Focus d’Opus (Mélys, Galim Atias, Féràmia) fouleront la scène du Metronum. La salle est partenaire du dispositif d’accompagnement. Sa prise de fonction, son regard sur la scène locale et ses ambitions pour la structure qui va fêter ses 10 ans : on a posé quelques questions à Fabien Lhérisson, directeur de la salle de concert toulousaine depuis quelques mois !
Bonjour Fabien : tu es arrivé à la tête du Metronum et de Rio Loco il y a quelques mois…Quelle image avais-tu de Toulouse avant de rejoindre notre ville ?
Bonjour Rémy !
Alors je connaissais en arrivant à Toulouse : le Stade Toulousain, le stade Ernest Vallon et l’équipe de rugby. Big Flo et Oli également, l’Orchestre national du Capitole avec qui il y a très longtemps j’avais développé des projets sur le festival de Saint-Denis et puis bien évidemment le Metronum parce ce que mon ancienne salle que je gérais, le Plan, a été inaugurée la même année que le Metronum en 2014 et il y a eu des discussions entre Hervé Bordier et moi-même sur la maîtrise d’ouvrage, les architectes puisque le Plan était aussi en élaboration.
Voilà, je me souviens de ces échanges-là, donc j’arrive ici avec quand même une connaissance à la fois du Metronum, puis bien évidemment du festival Rio Loco. Je me souviens aussi que j’avais été invité par Hervé Bordier y a quelques années je crois, quelques temps avant qu’il arrive sur sa première édition du festival. Je n’arrive donc pas en terre inconnue mais en terre connue avec une connaissance certes limitée, mais quand même une connaissance de la ville de Toulouse.
Tu arrives ici après avoir piloté la plus grande SMAC d’Île de France : l’ambition du Metronum est d’obtenir ce label ? Et si oui, concrètement il apporte quoi à une salle ?
Alors la labellisation, c’est lié à un projet porté par une Direction en lien avec un cahier des charges. Ça va clarifier ce qu’on attend et ce qu’on voit du Metronum. Également porter et accompagner la filière locale des musiques actuelles, mais pas que locale, ce n’est pas que Toulouse puisqu’une SMAC a aussi un rayonnement régional, national voire international. Donc il y a une attente à la fois des acteurs toulousains, mais aussi d’Occitanie, à plusieurs niveaux, à plusieurs échelles et donc une forte attente de la part de cette salle qui est née en 2014.
Maintenant ça fait 10 ans, l’ambition du Metronum est d’obtenir ce label. Il positionnera le Metronum dans un réseau de salles, qui est le réseau SMAC avec des facilités comme avoir accès à certains artistes, à certaines productions, une véritable montée en puissance !
“Le réseau des lieux et des salles s’est mieux structuré pour développer un maillage territorial afin de faciliter les échanges et la coopération territoriale”
Cela fait 30 ans que tu travailles dans les musiques actuelles : comment tu décrirais l’évolution des musiques ac’ des années 90’ à aujourd’hui ?
La première chose qui me vient à l’esprit, et que j’ai vu arriver très rapidement, c’est la part des producteurs ou des tourneurs qui sont arrivés à la tête des programmations de festivals. En fin de compte, il y a une mise sous pression. C’est ce que j’ai vu notamment du métier de programmateur de salle et de festival qui est aujourd’hui de plus en plus assuré par des producteurs et tourneurs ce qui met en danger ce métier-là. Peut-être que dans 10, 15 ans, le métier de programmateur n’existera plus tel qu’il existe aujourd’hui. En tout cas, je l’ai vu évoluer et après, ce sont toujours les mêmes histoires, la course aux cachets, cachets qui ne cessent d’augmenter.
A contrario, le réseau des lieux et des salles s’est mieux structuré pour développer un maillage territorial afin de faciliter les échanges et la coopération territoriale. Mais en même temps, il a aujourd’hui beaucoup plus d’intermédiaires pour accéder à la fois à des projets, à des artistes, notamment certains artistes internationaux. A une époque, on pouvait prendre son téléphone en gros, j’exagère à peine, et appeler directement les prods anglaises ou les prods américaines. Aujourd’hui c’est plus difficile, on doit passer par les tourneurs sur un territoire, en l’occurrence le territoire français qui sont eux-mêmes en relation avec les agents internationaux. En fin de compte, ça prend beaucoup plus de temps, c’est beaucoup moins direct, et en même temps Il y a une accélération des délais de programmation, une course à l’accélération.
A Toulouse, en région, on n’a pas du tout de la même manière de programmer qu’à Paris, ou en région parisienne, ce ne sont pas du tout les mêmes positionnements de salles. En région, on est plus dans l’accompagnement des acteurs locaux au sens large, à la fois de la pratique amateur jusqu’aux pratiques professionnelles. Alors que dans les salles de musiques actuelles en Île-de-France, il y a un rôle beaucoup plus affirmé de « prescripteur ». Ce que j’ai également vu évoluer, c’est la prescription des lieux qui est devenue de moins en moins évidente. Beaucoup de festivals aujourd’hui se ressemblent.
Il y a 20 ans, il y avait davantage d’identités affirmées, de festivals qui se démarquaient car on avait accès à beaucoup plus d’artistes internationaux. Les têtes d’affiche sont aujourd’hui intouchables du fait de l’inflation, de la montée des cachets et du phénomène de surenchère.
Opus et Le Metronum partagent un point en commun : on fêtera nos 10 ans respectivement en 2024 ! Comment va se célébrer cet anniversaire pour la salle de concert ?
On a choisi de célébrer les 10 ans en proposant 10 événements exceptionnels, et qui dit événements exceptionnels dit artistes rares pour des salles de notre calibre. L’intérêt de venir dans notre salle c’est vraiment de jouer la proximité avec les artistes et le côté intimiste qu’on va retrouver comme fil conducteur sur ces 10 événements, avec des artistes de notoriété internationale ou nationale pour la grande majorité d’entre eux. Et puis y aura aussi un bel objet qu’on est en train de concevoir qui marquera aussi les 10 ans au même titre qu’un visuel… surprise ! Sinon ça ne serait pas une fête d’anniversaire !
L’une des nouveautés de cette saison culturelle, c’est l’organisation des apéros-concerts. Le prochain rdv est prévu le 29 novembre. Tu peux nous en dire plus sur ce format ?
C’est un format qui est très simple, le Metronum est sur un territoire en l’occurrence celui de Borderouge et l’idée est d’ancrer la salle dans le quartier. Donc c’est proposer un rendez-vous régulier chaque trimestre pour que les habitants du quartier puissent venir et découvrir un peu tout ce qu’on y fait : la programmation du trimestre à venir. Le format est un peu particulier, on l’a appelé « apéro-concert », donc il y a un apéro, avec un verre de bienvenue qui est proposé, offert, et on a la possibilité de rencontrer toute l’équipe, de rencontrer les programmateurs, d’assister à un concert gratuitement.
En général, c’est un artiste qui est en résidence au Metronum. Pour ce mercredi, ça sera Julien Gasc qui est l’artiste associé 2023/2024. Et c’est l’occasion de passer un bon moment, un moment convivial. Vous pourrez également profiter du dj set/bindtest de Mamelle Bent qui fera découvrir la programmation du 1er trimestre 24 avec de nombreux goodies à gagner.
“Plus de 250 candidatures pour la 4e édition de la Women Metronum Academy, projet de mentorat unique en France”
On parle souvent de la grande salle, mais le Metronum, c’est aussi la Music Box qui offre une jauge plus réduite. Vous souhaitez optimiser son utilisation dans cette saison ?
Oui, l’avantage de notre équipement, c’est ce qui fait notre force, nous avons 2 salles de diffusion avec 2 jauges différentes. Ça démultiplie donc les possibilités de concerts, de résidences, puis ce qu’il faut savoir aussi c’est que c’est un lieu qui est modulable et qui va devenir notre « couteau Suisse » par sa taille, sa configuration. Il y aura donc une programmation à partir de 2024 de plus en plus étoffée, avec de plus en plus de dates. Et puis aussi, c’est un lieu qu’on va mettre à disposition des organisateurs occasionnels avec des modalités d’accès facilitées.
Est-ce que tu peux nous en dire aussi un peu plus sur le Metro Lab qui va prochainement être lancé ?
Le Metro Lab, c’est le nouveau dispositif d’accompagnement lancé par le Metronum. Le principe est simple, avec l’équipe de programmateurs, Florent aux studios et Michel Cloup (qui est notre parrain), c’est de repérer et d’accompagner 3 groupes sur l’année, des groupes amateurs mais qui ont des velléités ou l’ambition de se professionnaliser. On souhaite les accompagner sur leurs projets scéniques et leur donner accès à une bonne compréhension de l’environnement des musiques actuelles et en particulier de l’écosystème professionnel.
Donc il y aura un certain nombre de rendez-vous, tout le long de l’année, pour découvrir à la fois les métiers de leur entourage professionnel et aussi d’échanger avec des professionnels sur comment s’organise la filière musicale en gros.
Depuis 3 ans le Metronum se fait un nom sur le territoire avec la Women Metronum Academy. Les candidatures viennent de se clôturer pour cette année : tu peux nous annoncer le nombre de dossiers et les échéances à venir pour la WMA ?
Pour cette 4e édition à venir, on dépasse les 250 candidatures donc c’est à la fois un signe très positif et ça valide un peu tout le travail qui a été mené ces 3 dernières années à faire reconnaître ce dispositif de mentorat unique en France, axé sur l’artistique, autour de la création de 2 binômes de musiciennes, et on y tient. Ce n’est pas 3 ou 4 bénéficiaires accompagnées mais 2, car on vise vraiment la qualité du programme dans une démarche personnalisée d’accompagnement.
Nous sommes actuellement dans l’étude des candidatures et les 2 mentorées sélectionnées seront révélées courant janvier. Nous avons également annoncé durant le showcase au MaMA de la WMA à Paris les noms des mentores accompagnatrices que sont Sandra Nkaké et La Chica.
Petite nouveauté cette année, l’agence Bajo El Mar devient partenaire de la WMA sur le volet pédagogique et pour nous accompagner dans la certification de notre programme. Ça c’est une grande nouveauté et une vraie plus-value pour le dispositif.
On imagine que la programmation Rio Loco 2024 avance : on peut avoir des indices sur ce qui se dessine ?
Ah ah, bien tenté Rémy, mais c’est la surprise ! On présentera tout ça en avril lors de la conférence de presse. Simplement vous repréciser la thématique, une édition qui a pour nom ODYSSEA et qui invitera le public à découvrir les musiques du pourtour de la mer Méditerranée avec des nouveautés et plein de surprises du 12 au 16 juin 2024. Aussi, pour les fêtes de fin d’année, on va lancer des blind Pass donc surveillez bien les réseaux sociaux du Rio Loco !
Depuis l’an dernier, Le Metronum ouvre ses portes et met ses équipes à la disposition du FOCUS d’OPUS pour nous permettre de valoriser la scène locale. Un grand merci pour l’investissement de toute l’équipe ! Tu peux en dire plus à nos lecteurs sur ce qui vous motive à nous suivre dans cette aventure ?
Nous sommes très heureux d’être partenaire du Focus d’Opus car c’est très important pour une salle de musiques actuelles de montrer et porter la vitalité de sa scène locale à l’instar d’Opus qui est très important dans le récit de la scène locale. Nous sommes contents de participer à l’accompagnement des 3 groupes en l’occurrence pour le Metronum dans la mise à disposition de créneaux pour les répétitions et la participation à l’organisation du concert de clôture du programme.
On en vient aux questions rituelles chez Opus :
Si tu imagines ton festival idéal, il se passerait comment et tu ferais jouer qui ?
Il se passera en juin prochain sur la Prairie des filtres du 12 au 16 🙂
Et pour finir, Opus étant un média de découvertes musicales, quels sont les 3 projets que tu aimerais porter aux oreilles de nos lecteurs ?
Terrain Vague, super duo pop qui ouvrira pour Isaac Delusion le 15 mars 2024.
Mafalda High, la mentorée toulousaine de la WMA #3 et Morjane Ténéré, folk du monde, mentorée de la WMA #2 que nous avons accueillie dernièrement en co-plateau avec Matt Elliott.
Merci Fabien ! On se retrouve donc le 1er décembre pour le concert du Focus d’Opus, et toute l’année dans cette belle scène qu’est Le Metronum !
Un grand merci Rémy, pour cette interview et pour tout le travail que tu effectues avec ton équipe pour la vitalité de la scène musicale toulousaine.