MIST : un premier album qui a tout des plus grands !
Crédits photo @remysirieix
Pleure pas ça m’donne envie d’écrire aurait pu donner son titre au premier album du rappeur toulousain Mist, sorti fin 2023 sous l’énigmatique nom “Pense à ma main sur ta joue ». Ce 11 titres pourrait laisser penser que Mist est un énième rappeur de plus à parler amour, séduction et déception si ce n’était pas bien fait. Oui mais voilà : c’est extrêmement bien fait ! Anonyme et MISTérieux sous son masque, le rappeur laisse pleurer une plume aussi thérapeutique que poétique.
“Une larme à l’oeil un lac dans le coeur
Y’a pas plus beau comme réservoir qu’un corps meurtri »
« J’ai l’odeur de tes cheveux dans mon lit
Je vois que ton ombre danser dans les plis de la nuit »
Son phrasé affecté, détaillé et toujours distingué, nous rappelle les premières réussites de Lomepal (la proximité vocale est tout aussi bouleversante que cette capacité partagée à faire parler ses peines : Muse part.2 premier coup de coeur de cet album). Les arrangements et la construction d’un concept-album où les trakcs se succèdent et se complètent sont tout aussi remarquables que “L’Etrange Histoire de Mr. Anderson” de Laylow (les bruits de corbeaux en intro de Pleure pas sont d’ailleurs peut-être un hommage à ce disque ?).
C’est entre ces deux noms-là du rap moderne que l’on rangerait le tout premier écrin de chagrins de Mist. Un album porté par de la tristesse (Muse, part.1 et 2, Surface, Quand j’laurai tué) sans oublier des changements d’humeur pour devenir entrainant (Croc, 900W, et l’apothéose énergétique Klub404 (second coup de coeur). C’est peut-être parce qu’il mélange ces deux états que Pense à ma main sur ta joue donne son nom à l’album, où le membre du collectif Ciel Ether, Mist partage de nombreux morceaux avec sa clique (Romsec, Araem, Abshalom) et a aussi élargi ses invitations en accueillant Last et Heyma sur le disque.