Prudence : “J’avais besoin de créer mon propre univers, avoir un alter-ego, comme une armure et un costume”

On attendait cette date avec impatience, Olivia Merilahti venait pour la première fois à Toulouse le 15 octobre sous le nom de Prudence, pour nous livrer les titres de son album Beginnings. On a eu la chance de pouvoir la rencontrer pour en savoir un peu plus sur ce nom, ce projet et ses jolies créations…

Bonjour Olivia. Tu joues ce soir au Metronum. Comment se passe ce début de tournée ?

Comme un début de tournée (rires), il y a beaucoup d’ajustements à faire mais on est hyper heureuses d’y être enfin. Ça a vraiment commencé hier (14 octobre à Istres), on a toutes les dates qui déroulent à partir de la semaine prochaine. On l’a attendue et on est contente d’être là.

Est-ce que tu as des souvenirs particuliers de tes précédentes dates à Toulouse ?

Je me souviens de notre tout premier concert avec The Dø, c’était en 2007 ou quelque chose comme ça, au Cri de la Mouette, ils faisaient encore des concerts. Un excellent souvenir, assez festif et fou !

Comment as-tu choisi ce nom, Prudence, et pourquoi pas Olivia Merilahti ?

J’avais besoin de créer mon propre univers, avoir un alter-ego pour un artiste je pense que c’est très utile, comme une armure et un costume, une protection aussi. C’était nécessaire pour moi qui venais d’avoir un bébé. J’avais besoin d’une nouvelle histoire et avec Prudence je pouvais mieux l’imaginer.

Avant cet album, tu as sorti un tout premier titre Never with you, en plein confinement. Tu l’as vécu comment cette première sortie ?

Evidemment c’était compliqué de se rendre compte de ce qui allait nous arriver. Ça faisait trop longtemps que j’attendais de pouvoir sortir, j’avais besoin de cette libération pour amorcer des choses. C’était le pire moment, mais c’est comme ça. On a fait comme on a pu par la suite, après l’été quand ça c’est plus ou moins arrangé j’ai pu faire pas mal de promo adaptée au Covid… On s’est adaptée, beaucoup.

Tu es accompagnée d’une équipe féminine, musiciennes et techniciennes. On va revoir sur scène avec toi Zoé, qui jouait à la batterie de Laura Cahen ici il y a deux semaines pour la Women Metronum Academy. Ce staff féminin, c’est un hasard ou une volonté ?

Un peu des deux, une volonté à la base de m’entourer d’une équipe technique féminine. Sachant que ça ne m’était jamais arrivé, je trouvais étrange qu’en 10 ans je n’ai rencontré que trop peu d’ingé son femmes, lumières un peu plus. De fil en aiguille la première a appelé la suivante, mon tourneur aussi nous a aidé à chercher, même eux, n’avaient que peu de prénoms féminins dans leurs contacts. Ça a permis d’équilibrer et amener un peu de parité là-dedans. Pour les musiciennes c’était plus un profil, Zoé je l’ai vu jouer et je voulais jouer avec elle alors que je n’étais pas sûre de vouloir de batterie sur scène (rires), je voulais la rencontrer artistiquement. Et aujourd’hui il y a aussi Maude qui nous accompagne aux synthés.

Dans ce projet on t’entend chanter en français, anglais : as-tu hésité à chanter en finnois comme on a eu la chance de l’entendre quelque fois ?

Oui, mais c’est particulier… Je parle finnois avec ma mère, français dans la vie de tous les jours, j’écris en anglais, j’ai une espèce de catégorisation des langues que je maîtrise qui n’est pas toujours facile à mettre en musique. Pour le coup le français a pris le dessus, mais j’ai quelques morceaux en finnois quelque part dans un tiroir secret qui sortiront un jour ou l’autre.

Quand tu es sur scène, est-ce qu’il y a une chanson que tu aimes particulièrement jouer ? Un moment que tu attends un peu plus que les autres ?

Oui… Ouais c’est vrai ! J’aime bien chanter Pretty, c’est un des morceaux que j’aime le plus chanter et que je défends d’une façon un peu différente, il a une intensité et une colère particulière. Il y a beaucoup de choses dans ce morceau. Et après il y a le dernier morceau qui est toujours plus cathartique, il faut avoir les deux (NDLR : le dernier morceau joué était Good Friends).

“Un EP de versions acoustiques de l’album sort d’ici un mois”

Je suis aussi très touché par Offenses, il offre toutes tes capacités vocales, de la douceur à la force. Est-ce que c’est un morceau dont on te parle souvent ?

Il a une espèce de longévité étonnante. Je pense qu’il n’a pas encore dit son dernier mot, on continue de me parler beaucoup de ce titre alors qu’il est sorti il y a plus d’un an. Il a peut-être une magie particulière.

Cet album s’appelle Beginnings, est-ce que c’est pour nous dire que des choses arrivent ensuite ?

Oh oui je ne vais pas m’arrêter en si bon chemin, j’ai fait le plus dur (rires). Evidemment beaucoup de choses arrivent, même si je ne suis pas quelqu’un qui écrit super vite. Là il y a un EP de versions acoustiques de l’album qui sort d’ici un mois et une petite reprise dans une semaine.


Tu as travaillé pour cet enregistrement avec Surkin et Xavier de Rosnay, la moitié de Justice. Tu nous parles de votre collaboration ?

Xavier je le connais depuis longtemps, je voulais travailler avec lui, il ne collabore pas beaucoup donc j’ai dû lancer une opération séduction. C’était une belle expérience ! Surkin c’est lui qui était venu vers moi pour faire des toplines sur ses morceaux, et au final on a beaucoup échangé de morceaux.

On arrive aux questions rituelles de chaque interview. Opus est un webzine de découvertes musicales, est-ce qu’il y a des projets que tu aimerais faire écouter à nos lecteurs ?

Je ne sais pas si je suis de très bon conseil, j’ai découvert la musique binaurale, en ce moment je n’écoute que des fréquences (rires), de la musique de méditation en fait. J’écoute ce morceau qui s’appelle Mystical Alpha Sinus 54,8hz -57,3 hz on est sur ce genre de trucs (rires). J’ai découvert sinon Oneotrhix Point Never c’et trop trop beau, de la musique ambiante. Et Julianna Barwick qui est aussi très céleste, organique !

Et pour finir, si tu imagines ton festival idéal : il se passe où et tu fais jouer qui ?

Woaw… Elle est dure celle-là (rires). Je ne me suis bizarrement jamais imaginé faire un festival ! Je pense que ça se passera en pleine nature, en Finlande, si possible l’été c’est mieux (rires). Vu que c’est mon obsession en ce moment j’inviterais que des artistes qui font des synthés modulaires, des musiques méditatives, le moins énergivores possible, en respectant le cadre de la nature. Pas forcément tout acoustique non plus ! Mais quelque chose d’assez mystique. Après je ne sais pas qui j’inviterais, très certainement les gens que je viens de te citer (rires).

Merci Olivia, et à tout à l’heure pour le concert et d’avance bonne tournée

Merci à toi !

crédit @remysirieix

 

Créateur d’Opus, Rémy est à la fois rédacteur et photographe dans notre media. Un mélomane qui écoute aussi bien du rock que du rap ou de la pop, et qui aime fouiller la scène locale.
C’est également lui qui gère le projet Focus d'Opus