Roméo Elvis : “Envie de remplir des stades”

C’était l’un des artistes les plus attendus de cette édition 2017 du Weekend des Curiosités. On a rencontré Roméo Elvis pour échanger sur son ascension, son deuxième album “Morale 2” et ses projets à venir. Une interview réalisée en partenariat avec Radio Néo Toulouse !

Si vous êtes intéressés par la scène rap francophone vous connaissez forcément Roméo Elvis.  A 24 ans, ce rappeur belge compte déjà 4 enregistrements, du premier “Bruxelles c’est devenu la jungle” au dernier “Morale 2”, sorti en mars 2016. Bonjour Roméo !

Salut !

T’es en pleine tournée depuis la sortie de “Morale 2”, comment ça se passe et comment les gens recoivent ce nouveau live ?

Ça se passe très très bien, de mieux en mieux à chaque fois, les gens connaissent de mieux en mieux les morceaux et ont fait chaque fois de plus en plus le tour de l’album. On est super bien reçu, on découvre des scènes de plus en plus grandes, on joue de plus en plus tard, donc c’est que des points positifs…

C’est une première Toulouse ?

Ouais, ouais Toulouse c’est une première, enfin !  Il s’est passé beaucoup de choses avant qu’on réussisse à arriver à Toulouse.

Roméo Elvis à Toulouse pour le Weekend des Curiosités (Le Bikini) crédit Thomas Biarneix

On parle beaucoup de toi, mais cet album comme le précédent est une collaboration avec Le Motel qui signe des productions d’une très très grande qualité. Comment se passe votre processus de création à tous les deux ?

C’est assez simple, je vais chez lui, je l’enferme, je lui donne des coups de fouet (rires)… Non on échange, ça paraît un peu évident quand je le dis comme ça, mais lui il travaille sur des instrumentaux, il me les envoie, moi en général je trouve une mélodie de base. A partir de ce moment-là il a un squelette et il recompose, c’est vraiment un travail de l’un à l’autre… C’est un peu un ping pong !

Dans “Morale 2”, au niveau des textes, tu te livres de façon presque autobiographique, tu parles de ta copine, de la drogue, de ta famille, et même de tes acouphènes, c’est toujours ta propre vie le terreau de tes textes ?

Bah c’est l’inspiration après c’est pas spécialement des trucs qui me sont arrivés, ou vraiment des histoires sur ma copine ou vraiment des histoires sur mes acouphènes… Enfin pour le coup les acouphènes, c’est juste, mais je me sers toujours d’éléments, de sujets qui me concernent, pour dévier après sur quelque chose de plus ironique qui peut amener justement sur une histoire et une moralité, d’où Morale. L’idée c’est de dévier, de prendre à la base quelque chose qui est quand même palpable et vrai, et ensuite de le romancer…

Dans ton univers il y a beaucoup de référence animalières, autour du crocodile pour tes visuels, dans tes paroles Drôle de question tu parles de dauphin, de tortue… Ce sont des références à ton premier EP “Bruxelles c’est devenu la jungle” ?

Oui c’est toujours un clin d’œil et ça va revenir dans le prochain projet aussi, il y a un clin d’œil véritable à cet univers-là avec lequel j’ai commencé dans le rap justement, et c’est quelque chose qui me tient à cœur de mettre des animaux dans mes textes…

Et “quand on s’embrasse c’est comme une sorte de dauphin sophistiqué” ça veut dire quoi ???

Ca veut dire qu’il fallait remplir le trou du morceau et qu’il fallait dire un peu n’importe quoi (rires). Il fallait que ca soit un peu romantique et un peu évasif… Voilà ce qui est sorti !

Un peu comme les Beatles qui disaient n’importe quoi sur certains morceaux parce que les gens s’amusaient a tout traduire ?

Genre I am the Walrust  ! Bah ouais c’est un peu ça, jouer sur le sens des mots, le poids du sens et l’ironie derrière, enfin c’est un jeu quoi tu vois, et je le fais souvent ! Dans Drôle de question aussi, on se doute bien que c’est pas une vraie déclaration d’amour à proprement parler, on comprend que le mec il dit des conneries derrière, Il y a toujours une distance avec la réalité quand même !

Justement tu parles de Drôle de question, tu chantes des mots quelque part pour rassurer ta copine. Est-ce que c’est un parallèle à un morceau un peu plus ancien, Drôle de décision, où tu chantais le fait de ne pas être capable de rester avec quelqu’un ?

En tous cas c’est sur qu’il y a un lien entre les deux morceaux et le lien s’est fait assez naturellement en plus. Après ce morceau Drôle de question je l’ai écrit il y a déjà un an et j’étais pas en couple à ce moment-là donc c’est pour dire à quel point il est vraiment basé sur peu de choses, mais c’est très ironisé en fin de compte quoi. Le vrai morceau sur ma copine c’est Lenita où c’est vraiment une déclaration. Pour Drôle de question c’est pas vraiment une tentative de rassurer, c’est un jeu, où tu vas tellement loin dans les compliments et le jetage de fleurs qu’on se rend compte que c’est n’importe quoi tu vois.

Et c’est quoi cette drôle de question alors ?

Est ce que tu m’aimes !

Tu nous a parlé d’un projet à venir… tu peux nous en dire un peu plus ?

Pas vraiment parce que ce serait un peu gâcher des surprises, mais forcément quand on est dans une dynamique de travail comme nous, on a envie de continuer… Donc on est poussé par l’envie de continuer et moi je suis quelqu’un de très productif, je vis seul, je travaille en solo, dans la conception lyricale. J’écris tout le temps, donc j’ai déjà beaucoup beaucoup de trucs qui sont prêts.

Ce que je peux te dire c’est qu’on va enregistrer, on va profiter de la proposition de Red Bull de venir essayer leur studio à Amsterdam, ça me fera un peu des vacances pendant 5 jours, aller enregistrer en intensif, de 10H du mat’ a 19H…

Sur le projet j’ai pas tellement envie de m’élancer… Le Motel sera dessus aussi, mais c’est pas un “Morale 3” tu vois. Ça je peux le dire parce que j’ai pas envie de créer une fausse attente, on va faire une pause au niveau des Morales, après “Morale “2 on va se démoraliser, en tous cas on va pousser le truc jusqu’au bout quoi.

Je t’ai découvert comme beaucoup de monde avec Bruxelles arrive : est-ce que ce morceau tu le considères comme l’élément déclencheur dans ta carrière grandissante ?

Ouais ce serait mentir de le nier, c’est clair que ça m’a fait connaître au yeux de beaucoup, beaucoup de monde, très fort et très vite. Depuis ça monte, les chiffres des réseaux, c’est ça qui donne un peu un aperçu de la fidélité du public ça monte constamment. Ça c’est l’effet Bruxelles arrive et le côté un peu hype de Bruxelles pour l’instant. Après j’aurais pas tenu le coup si j’avais pas des trucs derrière tu vois c’est pas un hit… C’est pas un truc à la Plastic Bertrand, désolé pour lui, où il a fait un truc et il est connu uniquement pour ça. Fort heureusement j’ai tout un truc autour, mais Bruxelles arrive a été un gros déclencheur.

Tu fais partie des portes drapeaux de la scène rap belge, avec tes potes Caballero et JeanJass. Ils viennent nous voir bientôt à Toulouse : tu aurais quelque chose a nous apprendre sur eux que personne ne connaît ?

Ouais, un truc drôle, vous pouvez leur demander si Jass a prévu de se solidifier à Toulouse. Là ils vont péter de rire. Est-ce qu’il va faire une “SOLIDIFICATION” (en anglais) il vous racontera s’il veut (rires).

Comment toi tu qualifies ton évolution depuis tes premiers pas avec l’Or du commun, jusqu’à aujourd’hui ?

J’ai beaucoup de chance, je pense qu’il y a ça qui joue aussi. J’ai été mis en lumière par un groupe très rapidement. Avant j’étais aidé par un groupe, j’étais un peu admiratif du mouvement de l’esprit d’équipe, j’étais l’outsider, et j’avais envie de prouver au gens qui venait voir l’Or du commun que j’étais aussi bon qu’eux, et que je valais autant.

Et puis ensuite j’ai commencé a faire de la scène solo, et il y en a un qui m’a suivi en back, Primero, moi j’ai commencé un petit peu a monter à monter et àun moment, ce que j’aurais jamais cru, j’étais à la même hauteur que l’Or du commun alors que pendant toute une époque c’était vraiment mes grands frères… Et à un moment je les ai carrément dépassé, et maintenant en termes de visibilité, en termes de public, j’ai vraiment pris le dessus, mais je veux dire c’est pas du tout en termes de compétition, c’est en termes de comparaison tu vois. Et on est dans un esprit super famille en plus avec ça…

Maintenant c’est Swing de l’Or du commun qui fait les back, les gars ont sorti un album cette année, il y a un esprit de cohésion, il y a jamais eu cette rupture dans le groupe, on a tous envie de monter. Donc c’est motivant pour l’Or du commun, le buzz que j’ai eu cette année, ils ont envie de rattraper le coup. On se fait des challenges mais pour rire, c’est dans un esprit bon enfant et qui nous fait tous avancer en fin de compte. Genre un mur d’escalade, on est là à le grimper tous ensemble.

Roméo Elvis à Toulouse pour le Weekend des Curiosités (Le Bikini) crédit Thomas Biarneix

Et au sommet de cette escalade du coup il y a quoi pour toi ? Qu’est ce que tu vois au plus haut possible ?

Moi je rêve très grand tu vois. Il y a un an je rêvais de remplir un salle, comme la Maroquinerie, l’année prochaine je rêve de remplir un Zénith ! Et si un jour je remplis un Zénith inch’allah, j’aurais envie de remplir des stades ! Ces disques d’or ça me tient pas vraiment à cœur. Je serais très content de l’avoir, mais c’est pas un truc qui compte énormément. Faire des featuring avec des resta de ouf, c’est pas non plus un but que j’ai envie d’atteindre. C’est vraiment remplir des salles, la performance scénique. Et surtout qu’on soit tous ensemble dans ce truc. Pas passer d’une grosse équipe à une autre, d’une équipe de technicien à une autre… Le truc c’est que depuis le début on monte tous ensemble. Tout en haut de la pyramide je nous vois, nous, avec notre boîte montée… Mais c’est vraiment quand tu me parles de rêve quoi. En concret, on va essayer de continuer comme ça de manière croissante. Si on arrive à rendre un bon travail, on remplira plus et on verra ce soir si on remplit bien et si on peut faire mieux l’année prochaine !

Et ben nous aussi on va voir ce soir, on va te découvrir en live ! Merci Roméo !

Merci à toi !

Roméo Elvis à Toulouse pour le Weekend des Curiosités (Le Bikini) crédit Thomas Biarneix

Interview by Rémy
Crédit photos Thomas Biarneix

 

 

 

 

 

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