Las Aves : “Il n’y a rien qu’on n’envisage pas”

Juste avant leur concert au Connexion Live, on est allé poser quelques questions à Las Aves. Rencontre avec Géraldine (chant) et Jules (claviers, basse et percus) pour en savoir plus sur cette nouvelle aventure musicale pour les anciens Dodoz. Une interview réalisée en partenariat avec Radio Néo que vous pouvez écouter ici.

Bonjour à tous les deux. Anciennement réunis sous la formation The Dodoz, pourquoi être passé du rock à l’électro pop ?

Géraldine : En fait, ça s’est fait assez naturellement. Après une grosse tournée avec les Dodoz on s’est un peu posés à Toulouse et puis on a recommencé à faire de la musique, un peu différemment. Déjà on n’avait pas les mêmes moyens à notre disposition, on était dans un petit home studio et on a aussi voulu aller chercher dans des instruments qu’on n’avait pas l’habitude d’utiliser, un peu désapprendre ce qu’on avait déjà appris et repartir de 0.Du coup ça nous a permis de faire une musique qui était un petit peu différente et de là on a eu envie de faire tout un projet différent et de repartir sur des bases neuves.

Jules: Quand on composait ces trucs qui sont devenus plus tard Las Aves, on ne savait pas… Il n’y avait aucun but que ça soit plus électro par exemple, ou moins rock ou plus pop ou quoi que ce soit. C’était, je pense, c’était les instruments qu’on utilisait, que ça soit des boîtes à rythmes, des synthé, un ordinateur, ou même les contraintes qu’on avait. Moi par exemple, je faisais de la batterie alors que je ne suis pas batteur à la base…Tout ça, ça nous a poussé à composer différemment et naturellement la musique était différente. Donc on a vraiment rien prévu, prémédité, en fait ça sonnait comme ça…

Comment les fans des Dodoz ont réagi à ce changement de nom et d’identité ?

Géraldine : Il y a quand même pas mal du public des Dodoz qui continue de nous suivre aujourd’hui et il y a une autre partie qui était plus attachée au coté rock and roll qui sont moins… moins restés.

Jules : « Ils sont où les riffs putain ! »

Géraldine : Voilà, mais après c’était aussi le risque de ce tournant-là et c’est quelque chose qu’on ne regrette pas…

C’était déjà le cas avec les Dodoz justement, mais pourquoi avoir choisi de vous orienter vers un chant anglophone ?

Géraldine : Ça a toujours été naturel pour nous en fait, quand on a commencé la musique, on a toujours écouté de la musique en anglais, du coup pour nous ce qui a toujours été naturel c’est de faire des chansons en anglais. Donc on a jamais voulu se projeter dans le français, pour nous c’était pas naturel.

Jules: C’est difficile à expliquer mais comme tout ce qu’on écoute, ce qu’on a toujours écouté, était en anglais, notre langage musical était vachement anglais en fait. Parce qu’on s’est direct intéressés a chanter, à composer des morceaux, c’était pas juste les jouer à la guitare, donc on avait un langage musical qui était plutôt anglais et je pense que c’est comme n’importe qui, comme un enfant quand tu lui parles d’une certaine façon, après ça reste, et pour nous c’était vraiment ça. Je pense qu’on aurait vraiment beaucoup de mal à chanter en français là pour l’instant parce que dans notre ADN y’a ce truc-là, culturellement on a envie de s’exprimer en anglais sur de la musique en fait…. Alors qu’on est français… Bon ça peut paraitre bizarre mais en plus on adore plein de trucs en français aussi mais on arriverait pas à chanter en français je pense.

Vous ne l’envisagez donc absolument pas ?

Jules: En fait il n’y a rien qu’on n’envisage pas, parce que si on nous avait dit il y a 10 ans qu’on ferait un groupe comme Las Aves, on y aurait pas cru, enfin c’est même pas qu’on l’aurait pas cru c’est qu’on aurait pas pu imaginer ce qu’on fait maintenant. Et c’est ça qui nous excite vachement avec Las Aves et qui nous excite pour le futur c’est que l’on sait très bien qu’on fera un truc dont on a absolument pas idée à l’heure actuelle. C’est pour ça que l’on a choisi la musique aussi, c’est pour avoir cette liberté, pas pour avoir un métier du matin au soir peu surprenant.

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Pour accompagner le changement d’identité musicale, d’où vient ce nouveau nom : Las Aves ?

Jules : En fait on voulait un nom qui n’aiguille pas du tout vers la musique que l’on fait. D’ailleurs quand on a choisi le nom, la musique était pas encore vraiment formée, c’était encore un peu au stade embryonnaire et il y avait pas mal de morceaux très électro, des morceaux qui étaient hyper RNB hip hop, et d’autres qui étaient hyper rock 90’s. Du coup on voulait vraiment un nom qui nous enferme dans aucune de ces cases, qui ne soit pas connoté, par exemple un nom en « the » pour du rock ou un nom pour un groupe qui chante en français qui s’appellerait « table » par exemple, c’est très à la mode en ce moment…
On voulait vraiment quelque chose qui soit à part, où les gens ne comprennent pas à la base pourquoi on s’appelle comme ça et on voulait créer ce petit truc de « qu’est-ce que c’est que ce nom quoi »… et donc Las Aves on aimait bien ! Parce que c’était beau, ça nous évoquait un truc un peu Tex Mex, un peu Las Vegas, un peut tout ça. Et c’est le nom d’un archipel à l’ouest du Venezuela, qui va bientôt être englouti par la mer parce que c’est un trop petit archipel, donc on trouvait ça poétique aussi d’avoir cette notion d’éphémère parce qu’on ne sait pas combien de temps le groupe durera et qu’on ne sait pas si on continuera à faire cette musique dans 2 ans. Donc on aimait bien ça, cette liberté de se dire que ça sera pas pour toujours !

Le talentueux Dan Levy (The Dø) est votre producteur. Comment s’est passée la rencontre avec lui ?

Géraldine : En fait, on s’était déjà croisés quelques fois sur des festivals, enfin surtout une fois sur un festival avec The Dodoz. On n’avait pas eu un premier feeling très positif, dans un sens comme dans l’autre, mais ensuite on se sentait quand même assez proches de sa musique, pas forcément parce qu’on fait la même, mais dans l’idée en fait : de ne pas se répéter, d’être toujours dans la recherche et d’aller plus loin. Du coup quand on a commencé à avoir un son qui se formait un petit peu, on était contents de ce qu’on avait, et on lui a envoyé les morceaux par mail tout simplement. De son côté, il a ressenti ce même truc, il s’est senti proche de ce qu’on faisait à ce moment-là, donc il est descendu nous voir à Toulouse parce qu’à cette époque on vivait encore ici. Et puis ça s’est de suite fait naturellement, on a commencé à bosser ensemble. A la fois en studio, purement le son, mais aussi beaucoup de discussions durant des heures et des heures pour nous enlever les quelques barrières qui nous restaient encore et ça nous a vraiment aidé à pousser plus loin notre façon de composer, à assumer encore plus ce vers quoi on tendait.

Comment se passe la phase de création dans le groupe ?

Géraldine : En général il y a plusieurs possibilités, soit il y en a un de nous qui fait un morceau, l’envoie aux autres, et si ça plait on passe au « filtre Las Aves », on le réarrange tous ensemble, on le déconstruit un peu. Soit ça commence sur un truc qu’on a fait plus ou moins à deux ou à trois, et ensuite on reconstruit un truc de là. C’est assez variable mais dans tous les cas on a un peu tous les mains dans le cambouis pour faire ça.

Dans le titre Die in Shanghai, il est question d’émancipation de liberté, vis à vis de quoi? Quels sont les thèmes qui vous tiennent à cœur ?

Géraldine: Les principaux thèmes de l’album c’était effectivement une sorte d’évasion, parce qu’à ce moment-là on vivait à Toulouse, on n’était jamais allés vivre ailleurs. On sortait de ce cycle où on était dans les Dodoz, où on était un peu, pas refermés sur nous mais presque, et on était à un moment où on avait vraiment envie de rêver d’autres villes, de rêver d’une autre vie… Partir un peu n’importe où, n’importe quand. Donc c’était l’un des principaux sujets dans Die In Shanghaï ou Los Angeles ou d’autres morceaux… Voilà, et après les autres titres c’était plus des titres de ruptures, qui correspondait à la période…

Géraldine, tu as récemment abordé le sexisme a travers un post Facebook, les filles sont très présentes dans vos clips, c’est un combat pour vous le féminisme ?

Géraldine: Un combat, je ne sais pas si on peut dire ça parce qu’on n’aime pas trop rattacher notre groupe à un combat politique précis… Mais ce qu’on a voulu faire dans cette série de clips c’était surtout montrer une autre image de la féminité que l’on avait envie de voir plus souvent. C’était plus dans cette dynamique-là, aller vers un truc plus positif, et tout simplement aussi parce qu’on avait envie de voir des filles normales, des filles différentes, des filles qui détonnent de ce qu’on voit d’habitude dans les papiers glacés qui peuvent parfois, en tout cas moi, me faire sentir un petit peu étriquée. Donc c’était plus dans cette dynamique en fait, mais ensuite oui, on est tous féministes au sens propre.

Los Angeles, Londres, Shangaï… l’urbain c’est une source d’inspiration pour vous ?

Géraldine : Oui c’est vrai, on est assez inspirés par la ville au final. On parle souvent des villes et les idées viennent souvent en marchant dans la rue…

Jules : C’est vrai, que l’on a une musique ou une façon de composer qui est très urbaine, c’est assez chargé, il y a pas mal de bruit, comme des sirènes qui s’en vont et reviennent, il y a cette sorte de truc qui te berce un peu, c’est très rythmé, c’est pas trop une musique contemplative effectivement, de campagne. Je pense aussi qu’ayant tous habité en ville depuis toujours, à mon avis ça a influencé ce truc-là… Peut être que ça va bouger si on va s’installer en Ardèche dans un an… !

Géraldine: On fera de la bière artisanale… et on fera de la folk ! (rires)

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Vous jouez ce soir à Toulouse votre ville d’origine, quelques jours avant le concert à la Maroquinerie, on suppose qu’elle est importante cette date ?

Géraldine : Ouais en fait c’est tombé comme ça, par hasard, c’est mon anniversaire… donc c’est cool ! Ce qui est étrange en plus c’est que ça fait plusieurs années qu’on joue à Toulouse le soir de mon anniversaire ! C’est assez bizarre… Mais on est très contents parce qu’en plus ça fait assez longtemps qu’on a pas joué à Toulouse, avec une date pour nous tous seuls. En plus au Connexion… Ouais je crois que ça faisait vraiment un moment… Donc on est assez excités, de voir qui va venir et aussi que nos familles et nos amis nous voient… Simplement de jouer dans la ville rose, on est contents !

Ce soir en première partie, c’est un invité un peu particulier : Ryder The Eagle, votre ancien batteur : quel regard vous portez sur son départ et sur son projet ?

Jules: On a un regard hyper bienveillant, si j’ose dire, parce que forcément lui il commence un truc donc c’est pour ça que je me permets de dire « bienveillant » sinon je ne me permettrais pas de mettre une aile protectrice dessus. Mais en gros on est hyper fiers de ce qu’il a fait, je pense qu’il y a eu un moment où lui avait un truc très rock à exprimer, il pouvait pas trop dans Las Aves alors que l’on on partait dans des délires électroniques, un peu expérimentaux par moment et lui je pense avait ce besoin d’aller vers des morceaux rock, guitare-voix. Donc voila ça s’est hyper bien passé, c’était assez naturel en fait, que lui arrête la batterie avec nous et commence ce projet. Depuis on a trouvé un super nouveau batteur et on est à fond avec Adrien dans son nouveau truc, c’est pour ça que ça nous tenait à cœur qu’il joue avec nous à Toulouse, parce que c’est assez symbolique. On soutient a 100%, on est assez persuadés qu’il va devenir énorme dans pas longtemps mais c’est normal parce qu’on sait ce qu’il vaut mais les gens savent peut être pas encore… C’est pour ça on va essayer au maximum de jouer ensemble ou de le faire jouer.

Et vos familles, quels regards portent-elles sur vos parcours ?

Jules: Je pense qu’ils sont à peu près tous contents. De mon côté, ils sont très fiers et moi je leur suis surtout très reconnaissant parce qu’ils m’ont toujours poussé vers ce truc, ils ne m’ont jamais engueulé quand je séchais les cours à la fac pour faire de la musique. Ils ont toujours compris qu’au fond la musique c’était vraiment ma passion et ils m’ont fait confiance à ce niveau-là, ce qui n’est pas le cas de tout le monde… Enfin du moins je connais plein de gens qui ont eu beaucoup de mal avec ça. Voilà, moi, je suis très reconnaissant de ça et eux sont très fiers et contents de voir qu’ils ont eu raison de me faire confiance parce que c’était un truc sérieux et que c’était pas un caprice d’adolescent attardé quoi…

Géraldine : Pourtant t’avais un petit côté adolescent attardé à ce moment au lycée… Non ouais ils sont assez fiers et du coup nous ça nous rempli de fierté aussi… On est très contents de ça.

Hier le rock, aujourd’hui la musique pop électro : vous nous réservez quelle surprise pour demain ?

Géraldine : On ne le sait pas nous même, c’est ça qui est bien… (rires) Là pour le moment, on a pas mal de dates, donc on termine l’année à La Maroquinerie et ensuite on aura des dates en 2017. Actuellement notre but c’est de faire évoluer le live et de rencontrer le max de personnes sur la route… Jouer cet album en live c’est vraiment important pour nous, on a fait évoluer les morceaux, c’est vraiment pas comme sur l’album, c’est une belle tournée.

Jules : Sortir un peu de France aussi, on va aller en Asie…

Géraldine : Ça on a pas trop le droit d’en parler je crois…

Jules: Ah bon. Mais ouais, en gros on va essayer de bouger le plus possible de France; parce qu’à chaque fois qu’on a joué en Angleterre, ou ailleurs en Europe, on a vraiment eu un retour assez spécial des gens, et donc on sent vraiment qu’il y a un truc à faire, du coup, on va essayer au maximum de prendre l’avion même si j’ai très peur…

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On vous donne une baguette magique pour réaliser votre festival idéal, sans aucune contrainte de lieu et de budget : ce festival se passe où et vous faites jouer qui ?

Géraldine : Alors c’est assez drôle parce que justement notre ingénieur son Nico, m’a offert une baguette magique d’Harry Potter pour mon anniversaire, c’est assez chelou que tu dises ça… (rires) Donc avec cette baguette-là qu’est ce qu’on fait comme festival… C’est hyper dur comme question ! Commençons par les têtes d’aff, moi je mettrais un live de Portishead.

Jules: Moi je mettrais Las Aves quand même ! Si enfin on a le pouvoir de maitriser ça…

Géraldine : Si y’a moyen qu’on se mette sur la grosse scène avec les grosses ligth, on le fera !

Jules : Après on mettrait Portishead, nos amis : Ryder the Eagles, Le Vasco, The Pirouette, Bagarre… Il y aurait une scène spéciale amis… et une scène inaccessible avec Portishead !

Géraldine : On mettrait peut-être Kendrick Lamar.

Jules : Avec les Strokes, Tame Impala, Ratatat. Moi je ferais bien jouer Flavien Berger aussi.

Géraldine : On peut faire jouer Buvette aussi s’il veut.. On pourrait faire jouer The Dø… En plus le tourneur, c’est le même que le nôtre, alors il nous ferait peut être une ristourne…

Jules : Ce serait un festival de deux semaines.

Géraldine : Ah si moi je rajouterai Rihanna pour un kiff !

Jules : Et pour le lieu ce serait dans l’archipel de Las Aves au Venezuela !

Et pour terminer, quel projet musical auriez-vous envie de nous faire découvrir ?

Géraldine : en ce moment il y a The Lemon Twiggs et Buvette aussi qu’on aime beaucoup.

Merci à vous et bon concert !

Vanessa

C'est en lisant sa bio Insta, que vous comprendrez les centres d’intérêt de notre rockeuse dans l’âme : "We need Art | Music | Books | Travels | & Good Food ». Très impliquée dans la scène locale, Vanessa est l’un des piliers (pas que de comptoir) de notre équipe !