Noir Cœur : « Un album qui va osciller entre Electro Pop, Neo R’n’B, Beats Hip Hop et rythmes House »
Le duo toulousain Noir Cœur est devenu trio, vit désormais à Paris. Leur musique, elle, a évolué vers une esthétique plus Hip Hop RnB. A l’occasion de leur retour sur scène pour le Weekend des Curiosités, on a rencontré Philippe, le chanteur guitariste de Noir Cœur… Juste avant un show à l’américaine qui nous a mis une belle claque !
Bonjour Philippe. Noir Cœur est revenu dans l’actu musicale avec le clip de Post Life, qui marque un gros virage dans votre esthétique musicale. Qu’est-ce qui a motivé ce changement ?
Cela vient certainement du fait que certaines influences sont plus assumées qu’avant. On aimait ce qu’on faisait à l’époque mais on trouvait qu’il manquait une voix plus présente dans les tracks. On a décidé de sortir le projet de sa chambre, parce qu’à la base Noir Cœur c’était un projet MAO pur et dur, 2 amis qui faisaient de l’électro. On a donc changé le set up live on est passé à 3 avec Hugo qui est maintenant à la batterie. Du coup ça nous a motivé à faire quelque chose de plus instrumental, plus acoustique. On est parti enregistrer pendant 2 ans avec Pierre Rougean en studio, on a fait de multiples tests avec des batteries, percussions et basse.
Nous avons ensuite travaillé un mix entre les 2 pour en arriver au son que l’on a aujourd’hui. Sur scène ça se retranscrit avec un vrai batteur avec un setup complet + pad, Adrien avec une basse, des synthés et un séquenceur qu’il balance. Et moi au chant et à la guitare. On avait vraiment cette volonté de différencier la prod studio du live, de faire un vrai show, avec des mises en place que pourrait faire par exemple un Kendrick Lamar en ce moment avec beaucoup de breaks jazzy ou mathrock.
Le changement c’est aussi un virage hip hop RnB, ça n’a pas dérouté les fans de la première heure ?
Pour nous ça a été super naturel. On fait de la Pop avant tout, pas du RnB ou du Hip Hop même si on en écoute. Ça ne nous est pas venu à l’esprit de se dire “on va faire du RnB, ou changer d’esthétique“. Ça a été crescendo, on a gardé nos textures qui nous sont propres, on a tiré à un son plus tight avec moins de reverb et de couches successives dans les bandes. On a beaucoup travaillé avec la TR808 (boîte à rythmes), vers des rythmiques plus Abstract Hip Hop et Down Tempo. Pour les fans, c’est vrai qu’on a eu des retours comme quoi c’était un bon changement !
Par contre si on pousse un peu plus l’écoute, on se rend compte qu’il y a une continuité, notamment dans le travail des détails des sonorités, dans le fait d’avoir une musique toujours très aérée.
Tout à fait ouais ! On a vraiment gardé nos textures de son avec nos synthés nos effets de guitare qu’on a réadapté sur des compos plus Pop. On a toujours aimé ce côté dreamy et aérien sur le traitement des voix avec reverb & delay.
Un retour à la maison, pour vous néo parisiens, au Bikini, avec des proches la famille, une belle étape pour présenter la première fois votre nouveau set !
Pour nous on ne pouvait pas rêver mieux que le Bikini. C’est eux qui ont commencé à nous lancer sur la scène toulousaine avec Antoine et toute l’équipe du Bikini et de Bleu Citron. En plus comme tu dis avec toute la famille, ça fait 2 ans qu’ils nous soutiennent donc pour nous c’est un gap qu’on va passer ce soir.
Noir Cœur est passé à 3, mais on imagine que c’est aussi des gens qui bossent dans l’ombre avec vous ?
On a un éditeur-directeur artistique, Pierre Rougean basé à Toulouse, qui bosse avec Cats On Trees, Norma, Le Common Diamond entre autres.
Que des projets qui ne marchent pas !
Voilà (rires). On a également un manager mais aussi en accompagnement avec le centre FGO Barbara dans notre quartier à Barbès sur Paris. Ils nous ont beaucoup aidés avant cette date avec une belle résidence dans leurs locaux. Pour l’instant ça se structure comme ça et actuellement nous sommes en recherche d’un label et d’un tourneur car nous avons vraiment une envie de présenter le show partout en France et dans le monde entier.
Un premier album arrive fin 2016. C’est tard après un EP en 2012 !
C’est vrai. Mais fin 2016 c’est ce qu’on n’annonce pas officiellement car ça peut bouger. On veut aussi réhabituer nos auditeurs à ce “nouveau style”. On va sortir au fur et à mesure quelques singles en travaillant l’aspect visuel et des clips à fond. On réfléchit à d’autres concepts que le clip aussi en ce moment, on cherche un nouveau modèle qui pourrait marcher aussi bien que le clip, on brainstorm… Là on travaille sur un prochain single, peut être un 3e derrière.
L’album fin 2016 je ne pense pas. Il y aura un EP avant. Actuellement on a assez de morceaux pour faire l’album, on a finit l’enregistrement des titres. Mais on est en train de se demander si on ne veut pas revenir en enregistrer des nouveaux, pour pouvoir choisir minutieusement les titres que nous voulons sur l’album.
On restera sur des sons autour de Post Life en termes de couleurs ou d’autres explorations musicales ?
T’as vu juste exactement il y aura d’autres explorations musicales. On a arrêté de se mettre des frontières. On fait la musique qui nous plait, avec les influences que l’on a. L’album va osciller entre Electro pop, Neo R’n’B, Beats hiphop et rythmes House (Chicago pour les connaisseurs). Tout en ayant une cohérence parfaite. Nous faisons vraiment attention à ça.
En parlant de tomber les barrières, on a tourné ensemble une session acoustique. C’est un exercice qui vous plait ? Et est-ce que l’acoustique est une étape de création ou vous faites tout direct sur machines ?
C’est une très bonne question ! Si tu veux, la plupart des vraies pop song que l’on a écrites sur l’album sont faites avec juste une guitare. C’est un exercice que l’on nous a demandé de faire pour vraiment travailler la voix et surtout pour mettre les mélodies en avant. C’est le cas du morceau que l’on a joué tout à l’heure intitulé Sinaï, comme le désert. Donc on aime l’exercice, c’est très intéressant !
Si on fait un flashback sur l’aventure Noir Cœur, quel serait l’élément qui ait fait que vous en êtes là aujourd’hui, une date, une rencontre… L’élément déclencheur pour toi ?
Ce qui a été foudroyant dans Noir Cœur, c’est qu’on s’est retrouvé et on s’est tous dit depuis notre naissance, « on fera de la musique ». Tous les 3, Hugo qui est arrivé après, partage les mêmes idées que nous. Le truc encore plus cool c’est que l’on écoute beaucoup de choses similaires, on se retrouve dans les mêmes influences et le trio marche très très bien. L’arrivée de Hugo a été importante dans le groupe, tu verras sur le live il apporte une belle ampleur au projet. Et sur l’écriture, avoir bossé avec un batteur nous ouvert d’autres horizons.
Pour Adrien qui n’est pas là, lui qui joue dans un groupe de black métal Plebeian Grandstand, tu crois qu’il s’imaginait un jour participer à un projet RnB ?
(rires) C’est marrant que tu dises ça ! Le premier EP c’était vaporeux, sombre, perché. Le début c’était de l’expérimentation pure et dure. On a appris par nous-même, ensemble à bosser en MAO. Quand on a eu un petit niveau, c’était le premier à prendre ce virage plus pop. Après Pierre Rougean nous a ouvert ces portes. Il nous a dit que ça serait bien comme format pour le projet, et ça nous a plu tout de suite ! C’était vraiment important que cela nous plaise. On espère que les gens qui nous suivent pensent la même chose (rires)
On arrive aux questions rituelles. Si t’imagines un festival idéal, ça se passe où et tu fais jouer qui ?
Alors où ? Je pense que ça serait à Séoul. Pour ouvrir les frontières. En tête d’affiche ? Kendrick Lamar. Justin Bieber. Deaf Heaven. DIIV. Youth Lagoon. Wand. Ariel Pink. Jamie XX. Animal Collective. Ravi Shankar, paix à son âme… Tame Impala. Et un nouveau groupe que j’ai découvert et que je trouve vraiment très bien en ce moment : Porches. Et oui ! Il y a aussi Sonic Youth et At The Drive in !
Et pour finir si tu avais des groupes à nous faire découvrir ?
Porches du coup ! Vraiment bien, un groupe de New Wave hybride, très intéressant. Post Malone, un mec qui fait du Neo-RnB, vraiment cool. Et DIIV, un groupe de Noise Pop Lo Fi vraiment hypnotisant, je suis content que le chanteur soit sorti de sa phase sombre. Et j’ai aussi un projet avec Hugo, SEAS, projet de Pop New Wave.
Merci Philippe, on va écouter aussi ce projet SEAS et on a hâte de voir le live.
Merci à toi !