Interview L’Iddé : “On a pris le temps pour sortir ce premier EP, on voulait être dans la capacité de le défendre sur scène”

L’Iddé s’apprête à dévoiler son tout premier EP : Noir sur Blanc. Un groupe qu’Opus a vu naître et qui fait partie des 3 projets accompagnés avec notre dispositif le Focus d’Opus. Rencontre avec Idris, l’homme derrière l’idée de l’Iddé, qui nous explique la création de ce projet rap éminemment musical ! 

Bonjour Idris ! On t’a découvert il y a quelques années avec Fils de Plume. Comment s’est dessiné ton projet L’Iddé ?Salut Opus !Le projet s’est dessiné par le biais des Parenthèses Acoustiques qu’Opus organisait à la Sainte Dynamo. Vous m’aviez contacté à la base pour que je vienne jouer avec Fils de Plume mais déjà à l’époque il était difficile pour nous d’êtres tous disponibles. Sur les 6 membres du groupe nous ne sommes plus que deux à vivre sur Toulouse.

Du coup, comme l’idée de continuer à faire du son et de la scène me démangeait depuis un moment et que j’avais des textes écrits en solo, je vous avais demandé de me laisser juste le temps de rassembler des musiciens pour l’occasion : il se trouve que le concert s’est plus que bien passé et j’ai donc proposé aux gars de monter un nouveau projet et l’Iddé a vu le jour.

Tu portes le projet mais tu es accompagné de musiciens. Tu peux nous les présenter et nous raconter votre rencontre ?Je vais commencer par Tim, Timothée Palminteri, le tromboniste du groupe.Si je commence par lui c’est parce qu’on se connait depuis des années, depuis 2007 précisément, on a partagé les mêmes salles de classe avant de partager les mêmes scènes, il est comme un frère pour moi. Il est un membre à part entière de Fils de Plume et il m’a paru logique de lui proposer de faire partie de L’Iddé, il était disponible et sa musique et sa présence scénique collaient parfaitement au projet.Je vais ensuite vous présenter Azra, Alexandre Pellan, le beatmaker du groupe.A vrai dire, c’est la personne avec qui j’ai le plus travaillé et échangé depuis que j’ai commencé à faire du rap, on a évolué ensemble, toujours à l’écoute et bourré de talent il m’est d’une aide précieuse et d’une grande inspiration. Il est, lui aussi, un membre à part entière du groupe Fils de plume et comme il habite Toulouse et que nous n’avons jamais cessé de faire du son ensemble, c’était, là aussi, logique qu’il fasse partie de l’Iddé. C’est un peu l’homme de l’ombre, car il n’est pas sur scène avec nous, mais c’est une pièce maîtresse du projet. Une grande partie des morceaux que vous trouverez sur l’EP et sur scène ont été créés d’abord en version instrumentale/beatmaking puis réadaptés et retravaillés en version hybride entre instruments acoustiques et beatmaking.Je vais poursuivre avec Tom le Clou, Tom Bailleux, le batteur du groupe.C’est le premier à qui j’ai fait appel lorsque je souhaitais rassembler des zicos pour les parenthèses acoustiques. Je suivais depuis un moment ses projets, notamment la WEC Family et Sailors at Sea, je savais déjà que je m’adressais à un batteur d’une grande qualité et il a tout de suite répondu présent avec beaucoup d’enthousiasme et de sérieux.A ce moment là je cherchais aussi un guitariste et c’est Tom qui m’a rappelé que quelques années avant nous avions partagés une scène (Fils de Plume / Sailors at Sea) pour l’anniversaire d’un ami en commun et qu’en fin de concert, lors d’un boeuf improvisé, j’avais rencontré le Dam’s de Pique, Damien Mélich, le guitariste du groupe.Ma mémoire me faisant rarement défaut, j’avais le souvenir d’avoir été scotché par son son et sa capacité à improviser des riffs sur lesquels je pouvais aisément rapper.J’ai validé sans hésitation le fait de lui proposer de se joindre à nous et il a accepté à son tour, bouillant comme à son habitude.Enfin, que serait un groupe de rap sans une bonne grosse basse ? C’est là que Tom et Dam’s m’ont présenté Babou, Baptiste Desmidt, le contrebassite du groupe.Il ne m’a fallu qu’une répétition pour me décider et comprendre à quel musicien j’avais à faire, une capacité d’adaptation folle et un gros son à l’échelle de son instrument.Un grand Monsieur loin d’avoir la langue dans sa poche, parfois brut de décoffrage il est en fait une vraie pâte, un ours mélomane d’une grande qualité artistique.Je crois que j’ai fait le tour des musiciens, mais j’aimerais aussi vous parler de notre ingé son, le Robocop comme on l’appelle entre nous, Jérémy Dunne (Nuance Records).Je l’ai rencontré il y a plusieurs années maintenant, lorsqu’il travaillait à l’époque au studio RIMSHOT. Ayant des connaissances en commun, notamment l’Association Sozinho, nos routes se sont re-croisées à plusieurs reprises et je n’ai pas hésité à faire appel à lui pour le projet. C’est lui qui a entièrement enregistré et mixé notre EP et qui connait le mieux notre son et nos besoins sur scène. C’était important pour moi de saluer le travail de qualité qu’il a effectué depuis le début.D’ailleurs c’est un groupe L’Iddé ou un rappeur et ses musiciens ?Ahah, la question piège ?Je dirais que c’est un groupe avec un rappeur et ses musiciens. Mon “nom de scène” c’est Iddé, mais je ne voulais pas de nom de groupe trop personnel, d’où L’Iddé, une idée commune et partagée en quelque sorte. J’ai effectivement initié le projet autour de mes écrits et sans mes textes, tout ça ne serait pas faisable. Mais je crois et j’affirme que chaque membre à sa place et son mot à dire dans l’avancement du projet, je ne prends jamais de décision seul, il peut m’arriver de trancher mais c’est rare, nos choix sont collégiaux et je trouve que ça a du sens.

Le premier EP de L’Iddé sortira le 11 juin, disponible en version physique après la release party en septembre !

Comment tu décrirais L’Iddé à quelqu’un n’ayant pas encore écouté le projet ? Et quelles références musicales tu donnerais à votre musique ?Je crois que notre bio est une bonne réponse à tes questions !

Va falloir te faire à « L’Iddé. Comme un germe qui sortirait de sa graine, L’Iddé a vu le jour en 2018 autour du rappeur Idris. L’Iddé bât les rythmes, l’Iddé mêle les samples, l’Iddé rap. Habitué à travailler avec son équipe de beat-makers, Idris décide de briser la routine et s’entoure de quatre musiciens (Guitare/Trombone/Batterie/Contrebasse/Basse). L’Iddé trône donc sur l’énergie incisive, à la fois électrique et acoustique de ces instrumentistes. Les mots et le texte sont toujours au centre du débat. Avec un rap se situant entre Ausgang, et Gael Faye, l’Iddé livre une sincérité débordante et une réelle recherche musicale. L’idée c’est de lier une parole éloquente à une énergie qui ne manquera pas de vous surprendre sur scène !
“On ne se connait pas, et c’est ça l’Idée, vous en faire c’est la solution”

Le tout premier EP de L’Iddé sort en juin. Comment tu te sens à quelques jours de dévoiler ces créations ?Exactement, le 11 juin 2022 précisément, sur toutes les plateformes d’écoute et il sera disponible en physique à partir de la date de notre relase party en septembre 2022.Je me sens vraiment bien et j’ai hâte d’avoir des retours, qu’ils soient bons ou mauvais d’ailleurs, ça sera toujours constructif pour moi/nous. Je ressens comme une forme de soulagement qu’il soit là, enfin. On a vraiment pris le temps pour le sortir, par contrainte d’abord avec le Covid et les confinements qu’on a subit. On ne voulait surtout pas le sortir si nous n’étions pas dans la capacité de le défendre sur scène. Puis par choix, nous souhaitions le peaufiner jusqu’aux moindres détails pour être vraiment fier du rendu et proposer à celles et ceux qui nous écouterons un EP de qualité.


On a eu la chance d’écouter ce très bel enregistrement, et il en ressort, comme dans ton précédent projet, ce goût du texte et du choix des mots…
D’ailleurs le nom “Noir sur Blanc” évoque cette écriture. Tu as toujours écrit ? Et comment se passe ton process d’écriture ? Dis nous tout !
Oui tu as raison, le choix du titre ” Noir sur blanc ” avait du sens pour moi car il évoque l’écriture et le fait de laisser un trace indélébile ou presque, le commencement de quelque chose et finalement la fin d’un chapitre aussi. Certains des textes de l’EP sont des morceaux que j’ai écrit il y a un moment et de les mettre en musique et de les publier me permet aussi d’aller de l’avant et d’évoluer.Je n’ai pas toujours écrit, ça doit faire une quinzaine d’années que je gratte, mais j’ai toujours eu dans mon entourage proche des personnes qui avaient ce goût pour l’écriture et cette aisance à jouer avec les mots. J’ai toujours été fasciné par les personnes capables de mettre des mots sur des ressentis ou des émotions, ou encore cette capacité à rendre un mot, à première vue banal, puissant selon comment il est utilisé et placé dans une phrase. Alors c’est venu plutôt naturellement je crois, j’ai toujours aimé chanter et j’ai eu la chance de faire un peu de musique plus jeune et le rap m’a séduit comme beaucoup de personnes de ma génération.Je ne crois pas avoir vraiment de process d’écriture. Comme beaucoup j’écris sur ce qui m’entoure ou sur ce que j’ai vécu, sur ce qui m’interpelle et/ou me révolte. Ça peut venir d’un évènement lié à la vie de tous les jours, d’un film, d’un livre, d’une défaite ou d’une victoire, tout est bon à prendre je crois.

Parenthèses Acoustiques – crédit @alexandol

Et avec les gars comment ça se passe : tu travailles les textes et eux le son de leur côté, c’est un ping pong créatif ? C’est fait ensemble ?Je travaille beaucoup avec Azra en amont pour avoir une base du morceau. Création de l’instrumentale avec des samples, structure et écriture pour ensuite proposer aux zicos une maquette du morceau et une ambiance bien définie avant de se lancer dans la création finale tous ensemble. Mais parfois il nous arrive de travailler à l’inverse, j’ai le texte mais pas la musique et avec les zicos on construit l’instrumentale ensemble et le morceau prend forme comme ça. On se laisse vraiment toutes les possibilités pour la création.

L’Iddé en concerts à Toulouse :
11 juin – Café Ginette
09 septembre – Connexion Live (Release Party)
03 décembre – Le Metronum (Focus d’Opus)

Il y a un titre que je trouve très fort, c’est Flou. Plein de nostalgie et de vérité. Dans quel contexte tu as écrit ce morceau ?D’abord merci pour ce retour car c’est un morceau qui me tient à coeur. C’est un des premiers morceaux où j’ai écrit à la première personne, dans lequel je parle de moi et de mes ressentis. C’est jamais facile de se livrer, de parler de ses défauts et de ses défaites, de ses doutes vis à vis de l’amour et de l’avenir, tout en essayant de garder un message positif. Comme c’est un morceau que j’ai déjà pas mal joué sur scène, tu n’es pas la première personne qui me dit que ce morceau est touchant et sincère. C’est pour moi une petite victoire car je me rends compte que finalement beaucoup de gens s’y retrouvent ou sont sensibles aux propos alors qu’il est à la base très personnel.

Quel est l’agenda à venir pour L’Iddé ? Des dates à nous annoncer ? On a envie de vous revoir vite sur scène !La prochaine date clé c’est le 11 juin 2022 au Café Ginette aux Minimes, le jour de la sortie de notre EP, on espère qu’il y aura du monde car on va retourner le bordel.Cet été on va faire une petite tournée en France du 9 au 15 juillet avec comme date finale un concert au Hangar Festival qui se situe à Montagny les Lanches, près du lac d’Annecy. Le 9 Septembre nous jouerons au Connexion Live pour notre Relase Party et là encore nous espérons que du monde sera présent car il y aura des invités et des surprises le jour j ! Et le 3 décembre pour le Focus d’Opus au Metronum avec FÜLÜ et Mélanie Lesage.

On en vient aux questions rituelles chez Opus : si tu pouvais créer ton festival idéal, sans contrainte de budget… Ce festival se déroule où et tu fais jouer qui ?Sans hésitation je dirais que si je pouvais créer un festival ça serait ici à Toulouse, dans le centre un peu comme RIO LOCO et éparpillé dans différents lieux de la ville. A chaque fois avec des scènes de moyennes et grandes envergures selon les lieux, pour donner la possibilité aux artistes de s’exprimer et de jouer dans de très bonnes conditions. Pour ce qui est de la programmation, elle serait clairement éclectique, avec toutes les formes d’arts, pas seulement des musiciens. Je donnerais la possibilité aux artistes locaux de se produire, il y a tellement d’artistes et de groupes sur Toulouse que ça me semble logique. Le but étant de les faire jouer ou de s’exprimer dans des conditions optimales, que ce soit des artistes/groupes pro ou non et qu’ils soient tous payés à hauteur de leur travail peu importe leur parcours/carrière.
Pour ce qui est de faire venir des grosses têtes d’affiches pourquoi pas, mais j’en choisirais une poignée et ça ne serait pas une priorité pour moi, Toulouse est une ville de culture alors laissons nos talents s’exprimer.

Et pour finir, tu sais qu’Opus est un média de découverte musicale. Quels sont les 3 projets que t’aimerais faire écouter à nos lecteurs ? 

D’abord, j’aimerais vous faire découvrir un duo de rappeur nancéien, Lobo EL & Cotchei qui sont les membres fondateurs du collectif LGDC (Les Gars du Coin). Ce sont des amis et des rappeurs hors pair et ils se distinguent depuis des années par leur complémentarité et leur originalité. Concerts, ateliers d’écriture, performances improvisées, organisation d’événements hip-hop : autant de domaines que maîtrisent Lobo EL & Cotchei. Ils ont sorti récemment leur dernier EP “Citron Gingembre” que je vous recommande fortement, il représente bien l’état d’esprit de ces deux acharnés du hip-hop local.Entre le reflet d’une société acide et l’insouciance d’enfants de 5 ans, Lobo EL & Cotchei  cuisinent une sauce débordant de vitamines, de sincérité et de triste réalité. Sans doute le jus le plus frais de l’époque.

J’aimerais ensuite vous faire découvrir Elise Mathé, une amie que je suis depuis quelques années maintenant, mais aussi et surtout une chanteuse à la voix bluffante. Elise chante accompagnée de sa guitare une « world music » colorée. Depuis 6 ans, elle livre ses compositions et reprises dans des salles de renom sur la scène toulousaine et ses environs (Metronum, le Bijou..). A l’affiche de la comédie musicale TALENT, au Théâtre des Grands Enfants de Cugnaux, elle multiplie les projets et les collaborations musicales (beatmaker, rappeur, percussionniste, guitariste, duo de chant, groupe de jazz, etc.). Nous avons d’ailleurs déjà collaboré sur une intrumentale réalisée par Azra et nous sommes très fiers du rendu et impatients de vous faire découvrir ce morceau. En attendant, un EP de ses compositions sortira à l’été 2022. Elle fera la première partie du groupe Cuarteto Tafi le 8 octobre à la salle l’Odyssée de Balma (31).

Pour finir, j’aimerais vous faire découvrir le groupe Galim Atias, composé du MC Dax Santos et de quatre musiciens de talent (batterie, basse, saxophone, clavier) qui offrent une musique tintée de jazz, de soul et de hip-hop en espagnol avec une réelle recherche musicale avant-gardiste et un besoin d’improvisation. Leurs compositions sont une véritable balade, à la fois douce et énergique dans laquelle on se laisse facilement porter. Un voyage entre du Kendrick Lamar et August Green qui m’a tout de suite séduit. En attendant de découvrir leur premier EP ” Tigre Azul ” qui devrait arriver en 2022, je vous invite à aller voir et écouter leur morceau clipé ” Tal Vez ” que je trouve excellent.

Merci Idris pour ces échanges ! On se donne rdv le 11 juin pour faire écouter ce très bel EP… Et donc au Café Ginette pour le concert dès 21h ! 

Concert aux Augustins – crédit @remysirieix
Créateur d’Opus, Rémy est à la fois rédacteur et photographe dans notre media. Un mélomane qui écoute aussi bien du rock que du rap ou de la pop, et qui aime fouiller la scène locale.
C’est également lui qui gère le projet Focus d'Opus